Des poissons venus de loin et vendus plus chers : les conséquences de l'interdiction de la pêche dans le golfe de Gascogne

Pour protéger les cétacés de captures accidentelles, la pêche est interdite pour une majorité de bateaux dans le golfe de Gascogne, depuis lundi 22 janvier, pendant un mois. Une mesure qui impacte aussi les mareyeurs et les poissonniers.

C'est un lieu qui grouille de vie habituellement au petit matin à Saint-Jean-de-Luz. Depuis mardi 23 janvier, la criée est presque à l'arrêt. "On a vendu 250 kilos de poisson mardi. Habituellement, c'est plus d'une douzaine de tonnes", déplore Christophe Duguet, directeur de la criée de Saint-Jean-de-Luz Ciboure

Depuis lundi 22 janvier, les bateaux de pêche français de plus de 8 mètres de long ont l'interdiction de sortir en mer dans tout le golfe de Gascogne durant un mois pour éviter de pêcher accidentellement dans leurs filets les cétacés, en particulier les dauphins qui vont se presser aussi dans les mêmes zones de pêche.

Le gouvernement a promis des compensations financières pour les pêcheurs et aussi pour la filière, mais les professionnels s'inquiètent des conséquences d'une telle interdiction. "J'ai peur pour l'après. Les conséquences ne seront pas que financières pour toute une filière mise à mal", indique Christophe Duguet.

Chômage partiel

L'inquiétude est partagée. Mikel Arregui, dirige l'entreprise de mareyage Ladimar, qui fait l'intermédiaire entre les pêcheurs et les acheteurs. "10 % du poisson que nous vendons vient de la criée de Saint-Jean. On complète avec d'autres criées qui seront fermées donc je ne sais pas ce que nous pourrons proposer aux clients. Car nous ne sommes pas adeptes de l'aquaculture, du poisson industriel ou venu de loin", s'alarme le patron d'une entreprise de 14 salariés.

Il devrait prendre des mesures de chômage partiel et espère des compensations de la France et de l'Europe pour la filière. "Un emploi en mer génère quatre emplois à terre", rappelle Mikel Arregui.  

Il y a un sentiment de punition à cause de quelque chose qui est accidentel. On va vers des jours d'incertitude.

Mikel Arregui

Mareyeur

Poisson lointain 

Sur les étals de la poissonnerie du marché couvert de Saint-Jean, les produits proposés étaient nombreux mardi. Mais les poissons locaux vont rapidement réduire comme peau de chagrin. "On essaie de travailler à 80 % local et on est nombreux à le faire", explique Christian Sorhuet, de la poissonnerie Zozaya. À regret, il va devoir proposer du poisson venu de plus loin. "Il y aura du poisson d'Espagne, d'Écosse et le coût sera plus élevé pour les barbues, les soles, le turbot ou le bar".

Même sentiment dans les poissonneries de Bordeaux. "On va devoir acheter sur les criées nordiques, principalement le Danemark et l'Islande", explique Sendil Selva, directeur général d'une poissonnerie bordelaise.

Cela va entrainer une raréfaction des produits, une pression sur la demande et des prix qui vont inévitablement augmenter. 

Sendil Selva

Directeur d'une poissonnerie

De son côté, Frédéric Hoarau, poissonnier aux Capucins à Bordeaux, a déjà pris des mesures. "On va faire l'impasse sur les poissons qui vont devenir hors de prix. On sait très bien que derrière, le consommateur ne pourra pas suivre", prédit-il. 

Seule consolation, au Pays basque, les poissonniers pourront toujours proposer à leurs fidèles clients du merlu de ligne pêché par des artisans pêcheurs autorisés à sortir près des côtes aquitaines. Une dizaine de ligneurs et deux chalutiers pourront pêcher, sur la quarantaine de bateaux immatriculés en tout dans le port de Saint-Jean-de-Luz-Ciboure. 

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