Depuis près d'un an, près de 200 personnes préparent la pastorale Katalina de Erauso, en hommage à cette femme d'exception, aventurière du XVIIème siècle qui pour fuir le couvent où elle devait prononcer ses voeux, se fit passer pour un garçon, et partit à 15 ans, pour l'Amérique du Sud.
Le grand jour approche. Le 5 juin, aura lieu la première représentation de la pastorale Katalina de Erauso. La pièce de théâtre retrace la vie mouvementée de cette femme qui se fit passer pour Frantzisko Loiola, 24 ans durant, guerroya contre les équipages des galions hollandais, pour se partager les richesses du Nouveau monde. Et participa à l'anéantissement des armées de l'empereur Atahualpa. Plusieurs fois emprisonnée, blessée, Katalina vécu entre le Chili et le Pérou, fuyant sans cesse son passé et son présent. Ainsi que des amours impossibles avec de jeunes filles qui ne voyaient que le garçon qu'elles croyaient que Katalina fut. Son identité fut révélée lors d'un séjour dans un hospice où elle fut conduite pour être soignée après un ultime combat. Elle dut plaider sa cause auprès du pape. Urbain VIII accepta de l'absoudre, sa virginité ayant été établie (!). Le roi Felipe IV lui accorda une rente pour services rendus à la couronne d'Espagne. Elle repartit en Amérique latine où elle mourut aux alentours de 1650.
Les acteurs, danseurs et chanteurs amateurs de la pastorale sont presque prêts à interpréter le texte de Maite Berrogain sur scène salle Lauga, à Bayonne, le 5 juin à 15 heures 30. Il leur reste une ultime répétition l'avant veille de la première représentation. La seconde se déroulera dans la capitale du Guipuzcoa, dans le cadre de Saint Sébastien, capitale européenne de la Culture. Les 200 personnes qui ont oeuvré pour monter la pastorale se sont organisées en association Katalina de Erauso.
La pastorale est le vestige d'un genre théâtral répandu dans toute l'Europe au Moyen âge. Il ne subsiste que dans la province de Soule et en Béarn. En Pays basque, ce théâtre est joué en euskara (des livrets trilingues en basque, français et espagnol permettent à quiconque de suivre l'intrigue). Les tirades sont chantées sur des rythmes lancinants par les personnages "bons". Et plus guerriers, pour les "méchants". Un expression chantée, ancêtre du slam. De nombreuses danses basques (et amérindiennes pour Katalina de Erauso) et des choeurs souvent poignants, enrichissent les représentations. C'est la première fois que Bayonne, seule, monte une pastorale. De A à Z. Un challenge hors de la Soule (qui a depuis toujours maintenu cette tradiiton) que les villes de Boucau, Tarnos et Bayonne réunies, avaient aussi relevé en 2014.