Témoignage. Disparition de Laure Zacchello. "Elle mettait une chaise derrière la porte", ses parents racontent le quotidien de leur fille avant sa disparition

Publié le Mis à jour le Écrit par Julie Chapman

Depuis le 21 juin, les parents de Laure Zacchello vivent dans l’attente et la douleur. Leur fille, installée à Urrugne, dans les Pyrénées-Atlantiques a disparu depuis quarante jours. Mis en examen, son mari est le principal suspect dans cette affaire. Anne-Marie et Michel, les parents de Laure livrent leur témoignage et leurs espoirs, infimes.

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Depuis quarante jours, la douleur s’est installée. À Bahus-Soubiran, dans les Landes, les parents de Laure Zacchello viennent d’obtenir la garde exclusive de leurs trois petits-enfants, âgés de 5, 7 et 9 ans. Leur mère, Laure Zacchello a disparu dans la soirée du 20 au 21 juin. Une information judiciaire a été ouverte pour meurtre sur conjoint. Son mari, principal suspect, a été mis en examen.

"C'est difficile de parler de maman et papa"

Dans le bureau de leur avocat, Me Dutin, Anne-Marie et Michel contiennent leur émotion. “C’est de la tristesse, de ne pas savoir. C’est pour cela que l’on parle, parce qu’on pense que des gens savent et peuvent nous aider à trouver Laure”, explique Anne-Marie, un silence ponctuant chacune des phrases du couple. Toute en couleur, la sexagénaire reste digne, malgré la douleur qui la transperce quotidiennement.

La journée ça va. Mais le soir, on ressasse avant de se coucher. Quand on arrive à dormir, on dort deux heures,puis on se réveille et tout revient, tout revient.

Anne-Marie

Mère de Laure Zacchello

Aujourd’hui, c’est la lutte qui leur permet de tenir. Un combat, pour leurs petits-enfants, dont ils viennent d’obtenir la garde exclusive. Seule la grand-mère paternelle a été autorisée à rendre visite à ses petits-enfants. “C’est difficile de parler de maman et papa. Ils ne comprennent pas l’abandon de maman, et de ne pas voir leur papa”, souffle Anne-Marie.

Chez leurs grands-parents, les enfants posent beaucoup de questions. “Quand on leur a dit que leur père était en centre de détention, la plus grande a compris “centre de détente”, parce que son père avait été assommé et qu’il se reposait”, illustre Anne-Marie, incapable aujourd’hui de briser cette image. “Tous ces mots qu'on n'arrive pas à leur dire, parce qu'au départ on nous a dit de ne pas les dire, mais il faut qu'ils soient dits.”

Un soir à table, la plus petite nous a lâché, “et puis vous savez, Maman elle est morte”. On a été soufflés, on a nié, mais c’est difficile.

Anne-Marie

Mère de Laure Zacchello

À un mois de la rentrée scolaire, les grands-parents s’inquiètent pour leurs petits-enfants.“S’ils apprennent par un petit copain de classe, même si ce sont des absurdités, ils ne sont pas prêts pour ça, ce sera terrible”, angoisse Anne-Marie.

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À Bahus-Soubiran, dans les Landes, les parents de Laure Zacchello viennent d’obtenir la garde exclusive de leurs trois petits-enfants, âgés de 5, 7 et 9 ans. Anne-Marie et Michel livrent leur témoignage et leurs espoirs, infimes. ©France 3 Aquitaine

"Emprise psychologique"

Ce mari, décrit par le parquet de Bayonne comme affilié à la mouvance survivaliste, ils n’en connaissaient qu’une partie. “On ne savait pas qu’il était survivaliste. Il était psychorigide, il avait des règles comme l’interdiction de regarder les écrans pour les enfants”, explique Michel.

Au domicile, les enquêteurs ont découvert deux armoires où se trouvaient des armes à feu. Certaines, des pistolets-mitrailleurs et automatiques, ont disparu. “On n’en savait rien. Je savais qu’il avait un fusil parce qu’il chassait un peu la palombe. Mais ce qu’on a pris chez lui, c'étaient des armes de guerre”, rappelle, inquiet, Michel.

Il se comportait comme un gendre normal. Je l’ai accueilli chez nous comme un fils.

Michel

Père de Laure Zacchello

Dans leur couple, les parents de Laure Zacchello avaient pourtant décelé le malheur de leur fille. “Elle voulait divorcer, lui non. Elle avait subi plusieurs scènes. C’était un guerrier et c’est ce qui l’a poussée à demander la séparation”, indique Michel. Une décision inconcevable pour ce mari qui aurait, selon le père, temporairement volé le livret de famille, pièce obligatoire pour entamer la procédure.

Depuis janvier, un climat de peur s’était même installé, faisant progressivement perdre à Laure Zacchello sa "jovialité", sa "forme". “Lorsqu’elle était à l’appartement, elle mettait une chaise derrière la porte au cas où il rentrerait, pour que ça fasse du bruit et qu’elle ait le temps de se protéger”, explique Anne-Marie. La quadragénaire avait également acheté une “petite caméra portative”.

La peur de Laure Zacchello viendrait d’une emprise psychologique accrue, sans aucune violence physique. “On n’a jamais vu de bleus sur notre fille. C’était une violence psychique, c’était encore pire”, souffle Anne-Marie. Une emprise qui, selon les parents de la quadragénaire disparue, aurait poussé son mari à l’irréparable. “Il n’avait plus notre fille comme il le voulait. Il n’arrivait plus à lui faire faire ce qu’il voulait parce qu’il voyait qu’elle allait de l’avant avec ce divorce”, détaille la mère de Laure Zacchello. L'emprise se traduisait aussi par sa présence. "Il était souvent là, parce qu'il n'avait que 18h de travail par semaine", ajoute la mère de Laure Zacchello.

Selon les parents, son mari aurait confié à un ami vouloir la “récupérer”. “Et comment ? Pourquoi ?”, s’interroge son père, qui assure que tout l’entourage de leur fille savait pour ces violences psychologiques.

Bouteille à la mer

Depuis le 21 juin, des recherches et des battues ont été organisées pour retrouver Laure Zacchello, sans succès. Un appel à témoins a été lancé, en quête du moindre indice sur ces heures qui ont précédé la disparition de Laure et sur un véhicule, rouge et blanc qui aurait été utilisé ce soir-là. “Je sais que tout le monde fait ce qu’il peut, mais ce n'est pas suffisant. Il faut que les enquêteurs soient aidés par ceux qui savent. Nous, on ne sait pas, on ne peut pas les aider”, regrette Anne-Marie.

On a besoin de savoir où est notre fille, vivante ou morte. Même si ce sera difficile pour nous et pour les enfants.

Michel

Père de Laure Zacchello

Épuisés par les trajets entre les Landes et le Pays basque, les deux retraités tentent encore de tenir. “C’est deux heures à chaque fois, c’est usant. On doit gérer toute cette partie administrative qui était inconnue pour nous. On ne pensait jamais qu’un truc comme ça nous arriverait”, lâche Anne-Marie.

S’ils s’adressent aujourd’hui aux potentiels témoins, les parents de Laure Zacchello espèrent aussi une réaction de la part du mari de leur fille. “On espère qu’il reste un fond d’humanité et qu’il va agir en responsable et qu'il va parler ”, soupire le père de Laure Zacchello.

Le jour de son mariage religieux avec Laure, je l’ai vu pleurer des larmes de joie. Je ne sais pas s’il l'a oublié, mais moi je n'ai pas oublié.

Michel

Père de Laure Zacchello

En détention provisoire, le mari de Laure Zacchello maintient qu'il souffre d'une forme "d'amnésie" sur cette journée. Une perte de mémoire qui serait liée au coup, reçu derrière la tête par un parpaing. “Il fait semblant. Pourquoi il ne se rappelle pas là, de cette journée du vendredi. Il se rappelle d'avant, d'après. Pour nous le parpaing, c’est du cinéma”, martèle Michel.

Par leur témoignage, les parents de Laure Zacchello lancent une nouvelle bouteille à la mer. Un ultime espoir de retrouver “notre Laure”, et permettre à leurs trois petits-enfants de comprendre enfin une situation indicible.

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