Cour d'appel de Pau : l'anesthésiste belge plaide pour sa remise en liberté

C’est ce matin que s’est tenue l’audience à la chambre de l’instruction de la cours d’appel de Pau concernant la remise en liberté de l’anesthésiste Helga Wauters, mise en examen pour homicide involontaire aggravé. 

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Cette audience intervient alors que le juge des libertés et de la détention avait ordonné la libération de la praticienne sous contrôle judiciaire le 3 décembre dernier. Le Parquet avait fait appel de cette décision, empêchant Helga Wauters de sortir de prison. Le ministère public lui reproche son déni de reconnaissance de son état alcoolique et sa non-domiciliation en France.


Le rappel des faits

Dès le début de l’audience, le président rappelle, une nouvelle fois les faits reprochés à Helga Wauters. « Absente, aréactive », c’est en ces termes que le personnel présent dans le bloc opératoire qualifie l’anesthésiste au moment des faits. Cette dernière reconnait qu’elle était dans un état second lors de l’accouchement.

Le 13 octobre dernier, devant le juge d’instruction, Helga Wauters admet un problème de consommation avec l’alcool.


Concernant les faits qui lui sont reprochés, l’anesthésiste a précisé lors de ces dernières auditions qu’elle s’était aperçue d’un défaut sur l’appareil respiratoire d’oxygénation et qu’il n’était pas, selon elle, adapté à la salle d’opération. Un élément important qui sera particulièrement repris et mis en évidence par une de ses avocates à la fin de l’audience.


Les éléments nouveaux

Le président détaille ensuite les éléments nouveaux depuis la mi-octobre 2014. Selon la mère de l’anesthésiste et son compagnon, Helga Wauters aurait suivi 3 ou 4 cures de désintoxication avant les faits. Transportés sur les lieux de l’accouchement, des experts ont constatés que le matériel était en bon état, qu’il n’y avait pas de fuite d’oxygène, ni d’anomalie. Les investigations du juge d’instruction ont permis d’auditionner l’ensemble du personnel présent lors de l’accouchement fin septembre.

Le médecin du SAMU arrivé en urgence pour réanimer la patiente, parle lui d’une équipe désemparée et d’une anesthésiste en état de sidération.


Les investigations menées en Belgique ont permis de montrer qu’Helga Wauters a été licenciée pour faute grave pour consommation d’alcool en février 2013, et qu’un an plus tard, elle a été relevée et renvoyée d’un autre poste qu’elle occupait suite à des difficultés pour poser une péridurale. Elle n’était pas, là non plus, dans son état normal, précise le Président.


La plaidoirie de la Défense

L’avocat général, Dominique Jéol prend alors la parole pour la suite des débats et justifie bien évidemment la raison de l’appel, ne souhaitant pas qu’Helga Wauters soit libérée. Une nouvelle fois, il reprend le déroulé de cet accouchement tragique, insistant particulièrement sur les doses d’alcool avalées le matin de l’intervention, puis entre 20h et 20h30, soit juste avant l’anesthésie pratiquée sur la patiente : «  Un verre de rosé en plus de la vodka mélangée à de l’eau ».

Helga Wauters est  tellement aréactive qu’elle ne voit pas que la victime a vomi lors d’une première tentative d’intubation, puis elle ré-intube avec la même sonde, elle ne voit pas non plus le sang dans la sonde .


La patiente se réveille par deux fois en bougeant, elle crie en anglais « ça fait mal, ça fait mal ».

Le réquisitoire du ministère publique 

L’avocat général rappelle qu’il ne souhaite pas qu’Helga Wauter puisse sortir de prison pour plusieurs raisons ; Eviter toute concertation frauduleuse avec des personnes liées aux faits, le risque de pression indirecte qu’elle pourrait exercer, éviter le renouvellement de l’infraction et éviter surtout qu’elle n’échappe à la justice française en rejoignant la Belgique.


Plaidoirie des parties civiles

Philippe Courtois, avocat de la famille de la victime se lève à son tour et ne revient pas sur les faits qu’il juge « dramatiquement scandaleux ». Selon lui, rien n’a changé depuis la dernière demande de remise en liberté d’Helga Wauters. Il n’y a donc pas de raison de la libérer. Il s’interroge plutôt sur les conditions dans lesquelles l’anesthésiste pourrait effectuer sa cure de désintoxication si elle était libérée.

« Comment va-t-elle se comporter si son hébergement n’est pas sur son lieu de cure ? Comment va-t-elle faire seule ? ».

Un des centres de soins qui serait susceptible de l’accueillir et qui est situé en Haute-Vienne ne peut l’héberger. Son père lui a trouvé un gite à quelques kilomètres en Dordogne. Avant de laisser la parole à la défense, un des membres de la cours pose une question à Helga Wauters.

- Mais où en êtes-vous avec l’alcool, avec ces tremblements aux mains ?
- Je n’ai pas de soucis.
- C’est un sevrage qui s’est fait ?
- Oui



Plaidoirie de la Défense

Carole Viellenave, l’une des deux avocates de l’anesthésiste, commence sa plaidoirie. « Le contrôle judiciaire reste et doit rester la règle ». La question principale est celle de sa représentation et son maintien à la disposition de la justice française. Il s’agit donc de convaincre la cour des différentes solutions proposées pour encadrer Helga Wauters si elle est libérée.

Des contacts ont été pris avec l’association « La source » de Mont-de-Marsan et si cette structure ne peut l’héberger, une possibilité d’accueil existe au CHRS de la même ville. Et de rappeler l’autre piste avancée,  celle de la structure en Haute-Vienne et du gite en Dordogne dont le bail devait être signé aujourd’hui même.

Helga Wauters ne s’est jamais dérobée, elle n’a jamais nié qu’elle avait un problème avec l’alcoolisme, elle n’est pas dans le déni .

Puis c’est au tour de Florence Hegoburu de terminer les débats qu’elle entame avec une remarque acerbe : « avec cette demande de l’avocat général, j’ai l’impression qu’il s’agit d’un acompte à la peine finale ». Selon elle, il n’y a pas de raison de garder sa cliente en prison parce qu’en l’état actuel des investigations, il n’y aura pas d’acte ou d’élément d’enquête important d’ici le mois de février, or c’est justement la date à laquelle la remise en liberté d’Helga Wauters pourra être prononcée car elle aura effectué sa période de détention initiale de 4 mois.

Dans son ordonnance, le juge des libertés et de la détention estime à 8 ou 9 mois la date d’achèvement du dossier. Avant de conclure, Florence Hegoburu est enfin revenue sur les appareils du bloc opératoire qu’Helga Wauters avait jugée défectueux mais dont les experts avaient conclu a un parfait état de fonctionnement. « Ce n’est pas parce que des appareils fonctionnent plusieurs semaines après les faits, qu’ils fonctionnaient tout aussi normalement au moment précis de ces faits ». Selon l’avocate, une infirmière anesthésiste aurait justement rebranché ce matériel juste avant l’intervention et du personnel de la clinique serait passé ensuite au bloc avant la mise sous scellé par la gendarmerie.

Demandant une nouvelle fois la libération de sa cliente, Florence Hegoburu s’appuie sur une jurisprudence. Celle d’un certain médecin bayonnais, poursuivis pour des faits volontaires, et qui n’a pas fait un seul de jour de détention. A un moment donné, il faut être cohérent.


La conclusion des débats revient à Helga Wauters qui termine l’audience en prononçant ces mots : «  je voudrai montrer toute mon empathie pour la famille. Depuis les faits, j’ai une même image tous les jours devant moi et de la douleur, de la tristesse, de l’impuissance par rapport à ce qui s’est passé ».

La décision sera rendue ce jeudi matin à 9h.
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