Ils avaient décidé de ne pas se représenter. Après le 1er tour des municipales, tout a changé. Les voilà repartis pour quelques mois à la tête des communes.
A 74 ans, dont 31 comme maire de Biron, Jacques Cassiau-Haurie avait des envies d'autre chose. Et puis le coronavirus est passé par là. Impossible d'installer normalement le nouveau conseil municipal de la commune. Le maire malgré lui doit poursuivre son action. Il vient donc chaque matin en mairie pour suivre les dossiers principaux. Une situation surprenante, un cas de force majeure. L'élu, également président de la Communauté de Communes de Lacq Orthez (CCLO), reste donc aux affaires.
C'est très étrange, j'avais dèjà vidé mon bureau... Certes, je reste en charge mais il y a quand même un problème de légitimité vis à vis des nouveaux élus du conseil. Je leur ai écrit pour expliquer qu'ils seraient informés, et que s'il y avait une décision importante à prendre ils seraient associés. Mais dans les faits, je gère le quotidien. Pour la commune avec des dossiers les transactions de terrain pour l'échangeur de Biron, ou de gestion des lacs. Mais également pour l'intercommunalité, nous avons environ 10% du personnel qui travaille. Pour le ramassage des ordures, le traitement des surfaces ou la garde d'enfants de soignants. Je dois être là pour les épauler. Jacques Cassiau-Haurie, maire de Biron et président de la CCLO
Une réalité qui pourra durer un temps. Mais l'élu ne s'imagine pas continuer ainsi sans visiblité, et sans que le vote des citoyens ne soit respecté.
Si ça dure encore quelques semaines, ou quelques mois, pourquoi pas. Mais pas plus longtemps. 30.000 communes en France ont élu leur maire au 1er tour. On ne va tout de même pas faire voter à nouveau tous ces citoyens ? Il faut avancer. Jacques Cassiau-Haurie, maire de Biron et président de la CCLO
A Monein, là aussi, une liste a été élue au 1er tour. Pas celle que soutenait le maire sortant, Yves Salanave-Péhé.
Mais ce n'est pas ce qui a le plus agacé l'élu, qui ne se représentait pas. Il ne décolère pas face à la tenue des élections. Et ses conséquences actuelles.
Chistian Laine, maire de Lescar, commune de l'agglomération paloise, de son côté, avait déjà réservé un séjour avec sa femme, juste après les élections, pour couper radicalement avec la politique. Résultat, sa femme, partie quelques jours avant lui, s'est retrouvée confinée loin en vacances, et lui replongé dans l'action municipale à Lescar. Il avait toujous annoncé sa volonté de ne faire que deux mandats. Il en fera un peu plus. Sans se poser de question.Je suis écoeuré et inquiet pour la démocratie locale. On a connu ici une baisse de 20% au moins de la participation. On savait parfaitement que le confinement arrivait. Il était totalement absurde d'organiser les élections dans ces conditions. Et, cerise sur le gâteau, on apprend après le vote qu'on ne pourra pas installer les nouveaux conseils municipaux ! Tout cela est surréaliste.
Je vie actuellement le pire moment de mes trois mandats de maire. Heureusement qu'on a des agents municipaux extraordinaires, pour le portage des repas, pour l'aide aux personnes fragiles, etc. J'ai créé un groupe Whatsapp pour associer les nouveaux élus, pour caler un mode de fonctionnement. On fait au mieux. Je fais le job, je serai evidemment loyal malgré mes états d'âme. Je suis un démocrate. Yves Salanave-Péhé, maire de Monein
Je ne suis ni déçu, ni amer. On prend la réalité comme elle vient, on gère cette période pas facile. En quelques jours, on a monté ce centre médical avancé. Avec l'aide des médecins du canton, de l'hôpital et d'infirmières bénévoles. Je me sens totalement légitime, jusqu'à ce qu'on me dise que c'est fini. J'ai tout de suite senti que ça allait être compliqué au quotidien. Vous savez, dans ces moments-là les personnalités se révèlent. Alors il faut supporter les râleurs qui se plaignent de tout. Heureusement qu'à Lescar, comme partout en France, il y a aussi une immense solidarité et des gestes magnifiques de citoyens tous les jours. Christian Laine, maire de Lescar.
Ils voulaient passer la main, les voilà encore au coeur de l'action municipale. Ces "maires malgré eux" feront face, le temps qu'il faudra.
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