Le président du Modem, François Bayrou, critique dans un entretien à paraître vendredi dans L'Opinion la "germanophobie" régnant selon lui dans la vie politique française et regrette le "silence" de François Hollande pendant une large partie de la crise grecque.
Invité à se prononcer sur le terme de diktat employé par l'ancien patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, pour qualifier l'attitude des créanciers dans la crise grecque, M. Bayrou répond que cela "surfe sur une certaine germanophobie assez largement répandue aujourd'hui dans la vie politique française".
"Je suis en radical désaccord avec la politique du ciblage de l'Allemagne (...). En vérité, le destin de l'Allemagne, c'est le nôtre, c'est une part de notre destin de Français. Nos deux peuples sont liés comme les doigts de la main", assure l'ancien candidat à la présidentielle 2012.
"Dans un temps dominé par l'impératif de mondialisation, l'Allemagne a montré qu'un pays avec un projet de société proche du nôtre pouvait s'en sortir et s'affirmer. Alors qu'il y a 15 ans exactement, le pays était à la ramasse. Quand un pays se redresse ainsi, je n'ai pas tendance à le critiquer mais à regarder comment il a fait", salue ce centriste.
"Car contrairement à ce qui est si souvent soutenu, les racines de nos difficultés nationales ne sont pas de l'autre côté du Rhin ! Elles viennent de nous !", insiste le maire de Pau (Pyrénées-Atlantique).
"Ça ne veut pas dire que je suis d'accord avec tout. L'Allemagne se trompe en croyant que ses choix doivent être égoïstes. Les choix doivent au contraire être communautaires", nuance-t-il toutefois.
Concernant le rôle de François Hollande dans les négociations sur la crise grecque, M. Bayrou juge qu'il a "occupé un rôle qu'il affectionne, celui d'entremetteur, de go-between." Mais il lui "reproche de n'avoir pas porté, au nom de la France, publiquement, une position d'influence, une vision de l'avenir."
M. Bayrou juge aussi que le vote du Parlement français sur l'accord européen est "une mise en scène pour sauver à peine les apparences. Le Parlement français n'a pas été associé." A la place de M. Hollande, il aurait "très tôt convoqué le Congrès à Versailles".
L'ancien député se félicite qu'il n'y ait pas eu de "Grexit", porteur de "chaos" pour la Grèce. Sur la proposition du locataire de l'Elysée d'un parlement de la zone euro, M.Bayrou répond qu'"il y en a déjà un, c'est le Parlement européen.