En plein contexte électoral, la FNSEA tient son 68e congrès à Biarritz avec un Xavier Beulin bien décidé à rempiler pour un deuxième mandat à la tête du syndicat, sur fond de tractations politiques pour pousser Stéphane Le Foll vers la sortie de son ministère.
Sans surprise la "trame" de ce rendez-vous est à nouveau "la compétitivité". Xavier Beulin en fait un sujet prioritaire, une obsession même. "Ça me rend triste de voir qu'on décroche du marché mondial", alors que la France est passée du 2ème au 5ème rang des exportateurs agricoles et agroalimentaires dans le monde.
M. Beulin est céréalier de la Beauce et président du groupe industriel Sofiprotéol (biocarburants, huiles Lesieur ou oeufs Matines). Un mélange des genres qui lui a souvent valu l'image d'un homme d'affaires, plus que d'un syndicaliste. Mais après plus de trois ans à la tête de la FNSEA et quelques
manifestations, il semble avoir trouvé l'équilibre entre les deux, selon le président d'une branche sectorielle du syndicat.
C68ème congrés s'intéresse notamment au statut de l'Agriculteur et sur les dérives de la Politique Agricole Commune qui peut allouer des Aides Européennes à des Collectivités et non à des personnes vivant de leurs productions agricoles.
Regardez le reportage de Sabrina Corrieri et Fabien Cordier.
Un nouveau président ?
A Biarritz, l'assemblée renouvellera les quelque 70 membres du Conseil d'administration. Et dans les dix jours qui suivront, les administrateurs choisiront un nouveau bureau, et donc un nouveau président. Et sans suspens - il n'y a pas d'autre candidat pour l'instant - Xavier Beulin devrait garder la main sur le premier syndicat agricole du pays.Pour les trois ans à venir, "si on (lui) fait à nouveau confiance", il compte mettre le paquet sur la compétitivité et faire de la pédagogie.
"Il y a une suspicion permanente sur le progrès, il faut que nous organisions plus d'ouverture" pour convaincre le public et les pouvoirs publics de l'intérêt
des technologies pour "compenser les quelques points de compétitivité qu'il nous manque", dit-il, faisant référence aux robots ou aux OGM, sans les citer explicitement.
Mais avant ce programme, quelques sujets seront au menu de ce congrès et des prochaines semaines, comme la loi d'avenir de l'agriculture qui doit continuer son parcours parlementaire au Sénat en avril.
Le texte est "très décevant", selon Xavier Beulin qui espère bien des avancées auprès des sénateurs sur deux points.
Le premier : graver dans le marbre que "l'agriculture est quand même une activité économique" et donner plus de moyens à la recherche et l'innovation.
Des frictions avec le ministère
D'ailleurs la FNSEA présentera mercredi (après une journée de travail à huis clos mardi) un rapport d'orientation destiné à "renforcer la professionnalisation des métiers de l'agriculture" avec l'épineuse question de l'actif agricole. Une façon de s'assurer que les aides de la Politique agricole commune (PAC) aillent bien aux agriculteurs. Sur ces différents points, le syndicat semble plutôt optimiste. "Nous avons reçu de Didier Guillaume, en tant que rapporteur de la loi au Sénat, un accueil ouvert et constructif", explique Xavier Beulin. "Il y a eu de l'écoute", s'empresse-t-il d'ajouter.Et ce n'est pas par hasard qu'il cite Didier Guillaume. Ce sénateur PS, président de la Drôme, est le candidat de la FNSEA pour le ministère de l'Agriculture en cas de remaniement, selon des sources concordantes.
Les sujets de frictions avec l'actuel ministre de l'Agriculture ne manquent pas.
- Stéphane Le Foll a érigé l'agroécologie en précepte,
- a fâché les céréaliers en instaurant une surprime aux 50 premiers hectares dans les aides de la PAC pour soutenir les petites exploitations,
- et s'est positionné clairement contre les OGM.
Et un ministre qui applique juste le discours présidentiel sur la "compétitivité", la "baisse des charges" ou la "reconquête des marchés perdus", expliquait récemment Guy Vasseur, président FNSEA des Chambres d'agriculture.
Mais à la base, d'autres redoutent le départ d'un ministre influent, proche du président, ancien député européen, qui dispose d'un réel poids politique à Bruxelles, notamment à quelques mois de la fin des quotas laitiers.