Le médecin de Biarritz Guillaume Barruq est consterné. Vendredi 6 novembre, des policiers ont empêché Betty âgée de 91 ans et d'autres baigneurs d'aller à l'eau. La ministre des sports persiste, exception faite pour les prescriptions médicales. Alors Betty est retournée à l'eau dimanche.
" Même en temps de guerre, on n'a pas vu ça." Le médecin biarrot Guillaume Barucq n'en revient pas. "Une honte pour Biarritz" ajoute-il. Ne pas pouvoir aller dans l'eau, se baigner dans la cité balnéaire qui a fait son histoire et sa renommée grâce aux bains de mer, c'est pour lui une aberration. Et pas la seule.La colère est montée d'un cran hier vendredi 5 novembre. Alors que comme tous les jours, Betty 91 ans Dominique, 76 ans, et d'autres membres des "Ours Blancs" se mettent à l'eau, la police nationale est intervenue pour leur interdire la baignade. Alors même qu'ils se baignent tous les jours de l'année, certains avec une prescription médicale à l'appui. Toutes et tous les disent, ça leur fait du bien.
" J'ai une neuropathie dégénérative des jambes, des nerfs sensitifs, donc c'est nécessaire, mon médecin me l'ordonne " raconte Betty à un journaliste du Huffingtonpost témoin de la scène. Elle a besoin de nager comme tous ceux pris sur le fait ce vendredi. Dans le cadre des restrictions liées à la crise sanitaire, les activités nautiques ne sont pas autorisées, pas plus que la baignade, même sur avis médical.
Sur terre, sur l'eau, dans les airs, les forces de l'ordre n'ont pas lésiné. Une opération a eu lieu sur le littoral à Biarritz pour sortir les baigneurs et surfeurs de l'eau. "Une débauche de moyens pour sortir trois surfeurs de l'eau", peste le médecin Guillaume Barucq.
Le sport contre la maladie
Guillaume Barucq prône depuis longtemps le sport sur ordonnance. Il a même été pionnier il y a une dizaine d'années pour prescrire l'activité physique et ainsi soigner des patients qui ont des problèmes physiques ou psychiques. Alors en ces temps de confinement, c'est encore plus nécessaire.Dans son cabinet médical, il reçoit des patients de plus en plus déprimés, pour qui cette crise est une épreuve. "Beaucoup en ont besoin en ce moment, la population est dépressive, surtout chez les jeunes, il y l'angoisse des lendemains." Alors interdire l'accès à la mer...
C'est médicalement aberrant et contre-productif d'un point de vue sanitaire.
Alors, il n'hésite pas à prescrire les activités physiques pour les aider à passer ce mauvais cap. Et Guillaume Barucq n'est pas le seul. D'autres médecins de la côte basque prescrivent cette activité sportive et le réseau monte en puissance.
"Tous les médecins de la côte basque ont été sollicités pour prescrire le sport", notamment le surf." Il y a une suspicion de complaisance de la part des autorités" Et là, c'est son avis médical qui est mis en doute. Alors, ça fait beaucoup.
Pour Betty la nonagénaire et ses amis baigneurs des "ours blancs", il ne décolère pas " C'est grave, leur journée est rythmée par le bain, seul moment où ils voient du monde. Autrement, comme Betty, ils sont cloîtrés chez eux. Dans un mois, on n'est pas sûr de le voir, quand on s'arrête, on perd les muscles... Y a que le sport puisqu'il n'y a pas de vaccin".
Guillaume Barucq a son idée pour expliquer ces interdictions faites aux amoureux de la mer durant le confinement.
On représente la liberté de pratiquer, d'être en pleine nature. Ils ne veulent pas voir ces images pendant que les autres sont confinés ailleurs. On sort d'une période estivale où les plages étaient bondées.
"Je prône un changement de stratégie et j'encourage les gens à sortir dans des espaces naturels". Il interpelle la ministre des Sports, Roxana Marcineanu, elle-même championne de natation, pour qu'elle se positionne et fasse revenir les autorités sur cette décision. Présente à Pau ce samedi 7 novembre, elle s'aligne sur la position de son gouvernement. "Il y a des personnes qui sont autorisées à pratiquer, parmi elles des personnes fragiles qui font de l'activité physique adaptée sur ordonnace car elles en ont. " La ministre des sports cite notamment les malades du cancer.
Les sports et les espaces nautiques sont aujourd'hui fermés. Il faut respecter cette interdiction là. Dès qu'il sera possible de retourner sur les plages et danss l'eau sachez que nous le ferons.
La ministre est formelle "Ce n'est pas le cas ajourd'hui."
Notre équipe a interviewé Roxan Marcineanu ce samedi 7 novembre à Pau >
Finalement, ce dimanche 8 novembre, Betty a pu retourner à l'eau, en compagnie de son médecin Guillaume Barucq. Et pour cause, elle s'appuie sur le certificat médical qu'il lui a fourni avec à l'appui les déclarations de la ministre des sports.
> Nous l'avons retrouvée sur la plage de Biarritz ce dimanche matin, heureuse après sa baignade
"On a vaincu les épidémies en faisant revenir les patients vers l'océan, on a créé les sanatoriums pour soigner les infections respiratoires." rappelle Guillaume Barucq.