Chaleur précoce et un record historique battu à Biarritz en ce début avril. Ces records qui s'accumulent depuis le 27e mois témoignent des changements climatiques qui se traduisent dans les données décryptées par l'agroclimatologue Serge Zaka.
Une chaleur intense et surtout très précoce. Le record : 32 °C à Pau en Béarn au pied des Pyrénées, 32,2 à Nay, 29 °C à Biarritz ce samedi vers 17 heures.
Dès la nuit dernière, les températures ont atteint des sommets sur les secteurs foehnés du Pays Basque.
Le record historique, c'est celui de Biarritz, 22,5°C ce matin. La matinée la plus chaude jamais observée en avril, mais aussi en mai et en juin.
Serge Zakaagroclimatologue
Nous vivons un début de nuit digne de juin. A minuit, un 6 avril, il fait encore 25°C à Biarritz (foehn) mais également près de 20°C dans le Poitou et en Alsace.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) April 5, 2024
La température minimale de la journée à Biarritz est de 21,5°C. Pour ce paramètre, il s'agit de l'anomalie la plus… pic.twitter.com/dlRVCRS1yp
Ce pic de chaleur remarquable pour un début de mois d'avril est activé par une puissante dépression sur l'océan Atlantique. Ce phénomène favorise les vents du Sud et aspire de l'air très chaud venu d'Afrique du Nord qui rentre dans l'hexagone par le Sud-Ouest : le fameux effet de foehn.
"On a vécu un épisode assez exceptionnel" explique Serge Zaka. Pris séparément, rien d'alarmant. Mais c'est l'accumulation de ces pics de chaleur qui traduit autre chose : les effets des changements climatiques. " Ils se cumulent à 26 mois au-dessus des normales, on entame le 27e" appuie le scientifique.
Donc plus de deux ans où les records tombent. Plusieurs dizaines de records encore battus dans la région rien que pour la période actuelle. Les observations des données sont là.
Les chiffres ne mentent pas, la moyenne des stations montre que 2024 est l'année la plus chaude, c'est un fait indiscutable. Ça montre une tendance haussière des températures.
Serge ZakaAgroclimatologue
Les effets sur la nature
Tout le monde a pu le constater, la nature réagit à ces températures élevées pour la saison. "Premier impact : les végétaux sont très en avance." explique Serge Zaka. "Il y a le risque de gel jusqu'aux Saints de Glace, 12 mai. S'il n'y a pas de gel, la maturité sera plus précoce."
Autre conséquence de cette météo singulière : les maladies. Au fil des mois, il y a eu un cocktail climatique qui peut s'avérer risqué. "Beaucoup d'eau, très peu de gel, les maladies n'ont pas perdu vigueur. Elles attendent chaleur et humidité."
Depuis l'année 2019, la France vit des épisodes incroyables en termes de statistiques. Là, on bat des records : sécheresse, gel....
Serge ZakaAgroclimatologue
Depuis quatre ans, les anticyclones sont plus présents. Il y a davantage de sécheresses, plus importantes. Un phénomène plus fortement observé dans nos territoires européens. "Toute l'Europe de l'ouest se réchauffe 20 % plus vite que le reste du monde." conclut Serge Zaka.