Réouverture du pont d'Avenida : "le pont de la honte redevient le pont de la liberté !" (K. Ecenerro)

Fermé depuis la crise du Covid, le pont d'Avenida a rouvert. Une pétition ayant récolté 13 000 signatures demandaient que ce lieu, chargé d'histoire, puisse jouer à nouveau son rôle de passerelle entre les nations.

Ce lundi 30 octobre, ils ont foulé le pont Avenida. Ils ont franchi la Bidassoa, certains depuis l'Espagne, d'autres depuis la France. Cela n'était pas arrivé depuis trois ans. "Ce pont a toujours été notre pont", s'émeut Gima, retraitée espagnole. "Pourquoi le fermer ? Je suis née à Irun. Je prenais déjà ce pont quand j'étais petite avec ma famille quand il y avait de la contrebande. Cela n'avait pas de sens qu'il soit fermé."

En août dernier, une pétition avait été lancée. 13 000 signatures ont été recueillies depuis. "C'est un moment très important, qu'on attendait en fait depuis très longtemps", sourit Claire Meekel, membre du Collectif Pont Avenida.

"On l'espérait en fait depuis qu'on s'est regroupé en collectif du pont Avenida (...) de façon solidaire, apolitique, pacifique, aconfessionnelle et humaniste, abonde-t-elle. La plupart des citoyens des deux cotés de la Bidassoa étaient ravis (...). Les autres ponts étaient ouverts, il fallait que celui-là le soit aussi."

"Une honte pour l'Union européenne" (maire d'Irun)

Les maires d'Irun, Fontarrabie et Irun se sont retrouvés au milieu du pont pour une accolade symbolique. La passerelle était fermée depuis 2020. D'abord, dans le cadre du confinement dû à l'épidémie de Covid 19, puis pour lutter contre le terrorisme. 

Une décision de l'État français incompréhensible pour les élus. "C'est une page noire de notre histoire locale qui s'achève", conclut le maire (PSOE) d'Irun, José Antonio Santano.

Au fond c'était une honte pour l'Union européenne et ses principes fondamentaux que sont la libre circulation des personnes, et la liberté des personnes en Europe.

Jose Antonio Santano, maire d'Irun

"Une dizaine de décès de migrants"

Kotte Ecenerro, maire PS d'Hendayais, milite depuis longtemps pour la réouverture du pont. "Cela a été une période noire", dit-il.

"Le fait de ne pas avoir pu l'emprunter a eu pour conséquence une dizaine de décès de migrants, deux par noyade, mais six ou huit autres sur les routes, détaille l'élu. Les ponts ne sont pas faits pour freiner, pour empêcher. Ils sont faits pour traverser (...). On n'a jamais compris pourquoi ce pont a été sacrifié sur l'autel des négociations européennes entre la France et l'Espagne sur fond évidemment migratoire (...)."

Un lieu chargé d'histoire

Il existait pourtant d'autres passages possibles avec Irun en Espagne. Mais le combat ne pouvait symboliquement s'interrompre. Car ce pont était le premier. Les autres ont été construits depuis.

"Il a une histoire qui nous ramène à la guerre de 1914-1918 durant laquelle nos voisins espagnols ont beaucoup aidé les populations d'Hendaye en particulier, mais aussi de Ciboure, d'Urrugne et Saint-Jean-de-Luz sur la partie alimentaire en particulier", raconte la maire d'Endaye.

"Cela nous renvoie à une période sombre des années 40", poursuit l'édile. Ici, l'ancien consul de Bordeaux est devenu celui de Bayonne, puis d'Hendaye, et a signé des visas pour les derniers juifs qui ont pu quitter la France direction Madrid et le Portugal. Sur ce pont, la France de Vichy a remis le président de la généralité de Catalogne Lluis Companys, au gouvernement de Franco. Il fut ensuite exécuté à Barcelone."

Oui, ici, il y a eu beaucoup de drames, d'espoir, de patience et de coopération.

Kotte Ecenerro, maire d'Hendaye

"Comme le disait le maire d'Irun, les ponts ne sont pas faits pour nous séparer, mais pour nous unir. Aujourd'hui, il n'est plus le "pont de la honte", poursuit Kotte Ecenerro, maire d'Hendaye, il redevient le "pont de la liberté"."

Les Aldudes, le col d'Ispéguy, et le port de Larrau, trois autres points frontaliers qui étaient fermés depuis le confinement, ont également été rouverts ce lundi. 

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