Biarritz : contre la multiplication des meublés touristiques, un ancien élu détruit des boîtes à clefs à la meuleuse

Dans une vidéo publiée sur facebook, l'ancien conseiller municipal de Biarritz Eric Bonnamy détruit des boîtes à clefs à la meuleuse. Ces boîtiers utilisés par les gérants de meublés touristiques symbolisent la spéculation immobilière, qui empêche les locaux de trouver des logements accessibles. 

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"C'est une action mûrement réfléchie, à laquelle j'avais pensé depuis longtemps, une action militante" souligne Eric Bonnamy.

Il y a quelques jours, cet ancien conseiller municipal de Biarritz a posté une vidéo polémique sur sa page facebook. Il s'y présente en train de détruire des boîtes à clefs à la meuleuse. L'objectif : dénoncer la multiplication des meublés touristiques dans la ville, aux dépens des habitants qui ne parviennent plus à se loger.

 

Ce n'est même plus une question de prix, il n'y a plus d'offres

Eric Bonnamy, ancien conseiller municipal à Biarritz

"Cela devient insupportable, il n'y a plus aucune offre locative, dans les différentes agences immobilières ou sur le Bon coin. Ce n'est même plus une affaire de prix, il n'y a plus d'offres", déplore Eric Bonnamy. "C'est un phénomène qui s'amplifie depuis des années, mais qui est devenu exponentiel, et incontrôlable", estime-t-il. 

"Les meublés touristiques contribuent très largement à la spéculation immobilière, et bon nombre d'investisseurs y voient des gains intéressants, de l'argent gagné rapidement et avec peu d'effort. Cela m'est totalement insupportable", poursuit-il. 

Un message aux investisseurs 

Avec cette vidéo, Eric Bonnamy espère décourager les investisseurs :"au Pays basque, à Biarritz, on est là, on est bienveillants, mais on ne va pas se laisser marcher dessus."

Il dénonce aussi le manque d'actions de la mairie. "On a des leviers réglementaires, il faut absolument les utiliser, et il y a urgence absolue à le faire maintenant". Le militant demande notamment l'instauration d'une sur-taxation sur les résidences secondaires à 60%. 

"Ce sont des méthodes de casseur !"

De son côté, la maire de Biarritz Maider Arosteguy (LR), estime que la méthode choisie par Eric Bonnamy n'est pas la bonne. "Je suis scandalisée qu'un ancien élu en soit réduit à ces actions, quasiment terroristes, d'aller casser des boîtes à clefs. Ce sont des actions de voyou, des actions de casseur, et j'ai honte", réagit-il. 

Mais sur le fond du dossier, elle partage la position d'Eric Bonnamy : "la question de la lutte contre la prolifération de l'industrie des meublés touristiques, qui a commencé avant que nous arrivions et qui s'amplifie, est au coeur de notre politique municipale" assure-t-elle. 

Sur les 25.000 logements que compte Biarritz, 10.000 sont des résidences secondaires. Aujourd'hui, la ville compte 1.800 locations saisonnières déclarées. La municipalité estime qu'en réalité, il y a au moins 2.500 meublés touristiques dans la commune. 

Depuis son arrivée en juillet 2020, Maider Arosteguy a signé 734 changements de destination de logements. En un an, cela représente donc près de 40% d'augmentation, mais ce chiffre inclut beaucoup de propriétaires qui ont régularisé leur situation. 

Le fait d'acheter plusieurs logements et de les mettre en location saisonnière assèche complètement le marché de la location et de l'achat à l'année. 

Maider Arosteguy, maire LR de Biarritz

Des leviers insuffisants ? 

"Nous réclamons au Gouvernement les moyens de lutter, parce qu'aujourd'hui, nous ne les avons pas" déplore Maider Arosteguy.

La maire de Biarritz estime que la sur-taxation des résidences secondaires à 60% est insuffisante, car le rendement des meublés touristiques resterait encore trop intéressant malgré cette taxe. 

Elle réclame aujourd'hui de pouvoir instaurer un "quota de meublés touristiques, au-delà duquel on ne pourrait pas aller."

Un quota qui serait établi localement par les élus, et assorti d'un "levier fiscal incitatif, pour que les propriétaires qui louent en location saisonnière basculent vers la location à l'année". 

→ Regardez le reportage de Sabrina Corrieri et Christian Etchegaray :

 

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