En réalité, peu d'entreprises franchissent encore le pas. Car créer au Pays basque, ou tout à côté, coûte bien plus cher que de produire à l'autre bout du monde. Pour le consommateur, ce sont des prix bien plus élevés mais pour l'économie, des dizaines d'emplois à la clé...
Les trois entreprises que nous suivons dans ce magazine relèvent le pari.
Défi réussi, pour Art Of Soule, les espadrilles made in Mauléon que même les asiatiques s'arrachent ! Quand en 2007 Mathieu Labat et Julien Maisonnave visitent l'atelier familial Megam, au cœur de la Soule, ils sont loin de se douter que leurs sandales se vendront par milliers quelques années plus tard. Seule les semelles de gomme sont importées. Tout le reste, du fil, à la toile, en passant par les coutures, et bien sûr le design, est produit entre Biarritz et Mauléon, l'ancienne capitale de l'espadrille qui renoue avec le succés. L'an dernier 80 000 paires de ces sandales ont été vendues dans le monde. Cet été, elles sont même les stars d'un célèbre catalogue de vente par correspondance.
Chloé Salmon-Legagneur, elle, a renoncé au casse tête chinois. Pour sa marque d'imperméables haut de gamme Haute Saison, elle a décidé de relocaliser sa production. Après trois années de création en Asie c'est désormais entre Biarritz, Puyôo et Bordeaux, que la jeune chef d'entreprise confie ses collections à des petits ateliers. Impression numérique pointue pour motifs débridés, confection et découpe manuelles et même achat d'une machine spécialisée pour piquer des coutures de vêtements totalement étanches, la marque Haute Saison se donne tous les moyens pour conquérir une clientèle exigeante. Avec la possibilité de produire plus de collections saisonnières en un temps réduit, grâce à la proximité géographique.
Sylvie Doxaran enfin, est le petit poucet de l'aventure. Il y a tout juste un an qu'elle a lancé sa marque Madame Biouz. Avec un souhait, qu'elle soit 100% française. Pour ses collections de tee-shirts, marinières et écharpes, elle dessine les motifs chez elle à Biarritz, fait tisser le coton à Castres, coudre les vêtements par des couturières indépendantes, et confie l'impression à un atelier de sérigraphie de Bidart. Sa gamme est encore réduite à quelques centaines de pièces, mais Sylvie en est persuadée, la création locale est l'avenir. Et c'est au consommateur de redéfinir ses priorités d'achat.