Le groupe séparatiste basque ETA a annoncé qu'il avait démantelé les "structures logistiques et opérationnelles" de ses actions armées, un pas supplémentaire vers le désarmement total, a rapporté un journal proche du mouvement, Gara, dans son édition de dimanche.
Le journal basque Gara cite une déclaration envoyée par l'ETA indiquant que le groupe a achevé le "démantèlement des structures logistiques et opérationnelles liées à la conduite de la lutte armée".
Ce changement vise à transformer "une confrontation armée en une confrontation démocratique", souligne le journal.
L'ETA parle en fait de la trentaine de clandestins toujours en fuite qui aurait cessé d'être "actifs".
Après sa démarche vers un désarmement en début d'année, le groupe séparatiste affiche une volonté de concertation et surtout la fin des affrontements armés.
Pas de réaction du gouvernement espagnol
Le gouvernement espagnol n'avait pas réagi officiellement au communiqué, en fin de matinée dimanche. Depuis l'annonce que le groupe armé basqueabandonnait la violence, en octobre 2011, Madrid n'a eu de cesse de réclamer la dissolution sans conditions de l'organisation.
Dans le communiqué, daté du 15 juillet, l'ETA affirme avoir "mené à terme le démantèlement des structures logistiques et opérationnelles" liées
à la "lutte armée".
En parallèle, il explique être en train de monter "une structure" qui sera chargée de "mener à terme la mise sous scellés de l'armement" du groupe. L'ETA
réaffirme ainsi vouloir "mettre les armes et explosifs hors d'usage opérationnel".
Si l'organisation affirme qu'elle "renforcera la structure" chargée d'oeuvrer sur le front "politique", l'ETA écrit toutefois que la gauche radicale basque, deuxième force politique au Parlement régional basque, et "le mouvement populaire" sont les mieux à mêmes d'agir avec "efficacité" sur ce terrain.
En demandant "le retour à la maison de tous les prisonniers", l'ETA fait de nouveau référence au sort de ses militants - plus de 500 - dispersés dans
les prisons espagnoles et françaises, dont une grande partie de la société basque réclame le rapatriement dans la région.
Cette question des prisonniers est restée, depuis l'annonce historique de l'abandon de la violence, le principal abcès de fixation entre l'ETA
et le gouvernement espagnol.
Un parallèle avec l'IRA
Alors qu'il s'est rendu cette semaine au Pays basque afin de s'entretenir sur la situation avec certains partis politiques et organisations, le vice-Premier ministre d'Irlande du Nord, Martin McGuinness, a affirmé que ce communiqué de l'ETA représentait "un nouveau grand pas en avant dans le processus de paix au Pays basque".Dans un communiqué publié sur le site de son parti, le Sinn Fein, Martin McGuinness évoque cette visite récente, effectuée en compagnie de l'ancien chef de cabinet de l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, Jonathan Powell. Les deux hommes avaient participé au processus de paix qui a mis fin à la lutte armée de l'IRA en 2005.
Pour Martin McGuinness, il est désormais temps de "saisir cette occasion importante de faire avancer le processus de paix". S'adressant apparemment à Madrid mais sans citer le gouvernement de Mariano Rajoy, il évoque plusieurs mesures à prendre, dont la "libération immédiate" du leader basque Arnaldo Otegi, qui purge une peine de six ans de prison pour avoir tenté de reconstituer la direction de Batasuna, parti interdit en Espagne en 2003. "Les prisonniers basques qui ont été dispersés loin de chez eux doivent être rapprocher de leurs familles", poursuit Martin McGuinness.
Un désarmement sans dissolution
ETA est responsable de la mort de 829 personnes durant ces quarante dernières années, procédant par attentats à la bombe et assassinats, militant pour l'indépendance du Pays basque.L'organisation indépendantiste a annoncé le 20 octobre 2011 la fin de son activité armée mais sans se dissoudre.
Depuis, l'organisation s'est engagée, le 1er mars dernier, à mettre "hors d'usage" son arsenal. Elle confirmait ainsi l'annonce faite le 21 février par la Commission internationale de vérification, l'un des groupes, non reconnu par Madrid, travaillant au suivi du cessez-le-feu, qu'elle avait constaté pour la première fois qu'ETA avait "scellé et mis hors d'usage une certaine quantité d'armes".
Pour avancer dans le processus de sa dissolution, l'ETA réclame notamment des négociations avec les gouvernements français et espagnol, qui les refusent, et le regroupement au Pays Basque de ses militants détenus, dispersés actuellement dans des prisons des deux pays.