Apprendre aux écoliers à "faire ensemble" de la musique au sein d'un orchestre symphonique, aux côtés de musiciens professionnels mais sans apprendre le solfège : c'est le pari gagné par l'orchestre El Camino de Pau, inspiré par le modèle El Sistema fondé voici 40 ans dans un bidonville de Caracas.
Ici, "on apprend à faire de la musique pour la jouer en public, on n'attend pas un, deux ou trois ans pour faire une audition minable au fond d'un gymnase, on joue d'emblée aux côtés de l'orchestre", explique le chef d'orchestre, Fayçal Karoui. "Dès le départ, les enfants sont séduits car ils jouent dans un orchestre, avec tout le rituel que ça comporte. Ils se sentent comme des artistes, ils sont fiers", ajoute Didier Touyet, l'un des musiciens de l'orchestre.
Sur la scène du théâtre Saint-Louis, les fillettes tirent sur leurs jupes, les garçons se balancent d'un pied sur l'autre ou croisent les bras. Plus la répétition avance, plus les enfants, accompagnés par une quinzaine de musiciens de l'OPPB, semblent s'ouvrir et être à l'aise avec leurs corps.
Les musiciens et chanteurs en herbe appartiennent l'association El Camino, qui réunit au total 218 enfants issus de neuf écoles de Pau autour d'un projet social et éducatif axé sur une pratique musicale collective et intensive. Créé en 2014, El Camino s'inspire d'"El Sistema", un mouvement à destination de jeunes défavorisés fondé au Venezuela par le compositeur Jose Antonio Abreu. "Il y a près de 40 ans, Abreu est parti d'un postulat: un orchestre symphonique est une micro-société idéale où il y a du partage, de la hiérarchie, de la discipline, de l'entraide, de l'effort individuel, et du bonheur collectif", résume l'élu.