Suite à plusieurs déclarations des "anti-ours" fin août et le 20 septembre dernier guettant "armés" l'arrivée des ourses slovènes, la procureure de la République, Cécile Gensac a ouvert ouvert une enquête préliminaire.
La guerre de l'ours a recommencé avec l'annonce de la venue de deux nouvelles ourses slovènes... qui, d'après les anti-ours, devraient être lâchées sur les pentes béarnaises, samedi 29 septembre, peut-être même via un hélicoptère et des cages s'ouvrant automatiquement... Une situation et des tensions qui interviennent dans un contexte déjà douloureux après les épisodes du "loup-hybride" en Béarn...
Cette décision de réintroduction du ministère a cristallisé les deux camps... notamment lors des manifestations à Etsaut du 29 août où des menaces auraient été proférées et à Asasp-Arros le 20 septembre.
D'un côtés, certains éleveurs et sympathisants anti-ours menaçant de "sortir les fusils" pour accueillir les plantigrades.
De l'autre, les défenseurs des animaux soulignent le climat délétère et demandent, dans une lettre adressée ce mercredi à Mme le procureure, Cécile Gensac, d'intervenir et d'engager des poursuites pénales:
les personnes appelant à la destruction d’ours auront à rendre des comptes devant la justice.
Les associations signataires demandent dans cette lettre"réparation aux personnes concernées des préjudices matériels et moraux provoqués par ces méthodes".
Les pro-ours sous le choc
Dans cette lettre les pro-ours rappellent que même si "l’incitation à destruction d’une espèce protégée n’est malheureusement toujours pas reconnue en France comme un délit, malgré les demandes répétées des associations, notamment lors de l’examen de la loi biodiversité en 2016", " les personnes appelant publiquement à la « chasse à l’ours » ne doivent pour autant pas se sentir à l’abri de toute poursuite : le code pénal précise bien que « le complice est passible des mêmes peines que l'auteur d’une infraction .Les associations signataires* recensent soigneusement les incitations publiques ou médiatiques à abattre des ours. Si un acte irresponsable devait être commis, toute personne l’ayant encouragé serait considérée comme complice et poursuivie devant les tribunaux en même temps que son auteur.
Et rappellent que les espèces protégées bénéficient du statut pénal suivant :
La destruction d’une espèce protégée est un délit puni par l’article L 415-3 du code de l’Environnement, sanctionné d’une peine de 2 ans de prison et/ou de 150 000 euros d’amende.
En cas de destruction "en bande organisée", la sanction peut aller jusqu'à 7 ans d’emprisonnement et 750 000 € d’amende
(...)
Le fait de mutiler une espèce protégée est réprimé comme le fait de la tuer.
* Les associations signataires : Altaïr nature, Animal Cross, Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), Ferus, France Nature Environnement, France Nature Environnement Midi-Pyrénées, France Nature Environnement Hautes-Pyrénées, Humanité & Biodiversité, Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), Nature Comminges, Nature Midi Pyrénées, Pays de l'Ours - Adet, Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM), Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN)
La procureure ouvre une enquête
Cécile Gensac a ouvert une enquête préliminaire pour de "potentielles infractions de la chasse au regard des propos notamment repris dans la presse".
Je n'ai pas de préjugés. L'enquête, qui a été ouverte et confiée à la Compagnie d'Oloron Sainte-Marie, a vocation à établir les véracité ou non des faits.
Elle se base sur les déclarations ou reprises dans la presse de propos d'anti-ours" indiquant l'organisation de ce guet et la préparation éventuelle "d'effarouchement à l'aide d'armes" ou la pratique d'une "chasse prohibée", ce qui est contrevenant à la loi.
Elle a indiqué, elle-même, ne pas être informée personnellement de la date de lâcher des ourses.
Les anti-ours en embuscade
Une information, que pour sa part, la fronde des anti-ours croit connaître et pour laquelle, ils s'organisent. Mardi dernier, la fédération Transpyrénéenne des Eleveurs de Montagne indiquait que :Les ourses de Slovénie (sont) attendues par les guetteurs.
Mais après avoir discuté avec les services de l'Etat, affirmant que 64 % des villages béarnais sont contre le projet de réintroduction, ils semblent vouloir passer à autre chose, plus clandestinement, et c'est sans doute ce qui inquiète.Des sources sûres nous apprennent que les opérations de capture des ourses sont lancées en Slovénie. Les lâchers auraient lieu samedi 29 septembre en vallée d’Aspe, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Depuis la nuit dernière, après que toutes les tentatives pacifiques pour faire reculer l’Etat aient échoué, les opposants aux réintroductions d’ours ont investi la forêt. En Béarn, rive gauche comme rive droite de l’Aspe, d’innombrables anonymes se sont transformés en guetteurs, souvent armés.
Ce jeudi soir, suite à l'information de cette enquête, Olivier Maurin, le porte-parole des opposants, veut mettre les choses au point sur ce qui a été parfois dit :
Nous, on n'a jamais menacé personne à Etsaut ! D'ailleurs les gendarmes étaient témoins...
Et sinon, y-a-t-il une enquête sur les menaces qu'on a reçues ? Ca fait des mois que des maires reçoivent des menaces de mort...
Et d'affirmer concernant les sympathisants éventuellement armés:
Les gens sont mobilisés sur le terrain.
On a aucune intention de les tuer (les ourses, NDLR)...
On va surveiller et si elles arrivent, elles ne resteront pas sur nos terres!
On va les effaroucher.
Les armes c'est aussi une façon de faire du bruit.
Mais sur place la tension monte et les antis se sentent incompris avec une politique de réintroduction qui a déjà échoué, selon eux, en Ariège:
20 ans après, on voit bien que le programme n'est pas maîtrisé. La mortalité des bêtes est exponentielle, elle a doublé et l'Etat n'apporte aucune garantie!
Et quand on demande si, sur place, tous les anti-ours sont sur la même ligne, il ajoute :
Chacun est responsable...
Je ne suis que le porte-parole