Un mois après leur arrestation pour viol, les deux rugbymen du XV de France, le Rochelais Oscar Jegou et le Palois Hugo Auradou, ont été auditionnés au pôle judiciaire de Mendoza, jeudi 8 août. Confiant, leur avocat a indiqué avoir fait une demande de remise en liberté.
C'est un nouveau tournant dans l'affaire. Jeudi 8 août, le Rochelais, Oscar Jegou et le Palois, Hugo Auradou, étaient auditionnés toute la journée au pôle judiciaire de Mendoza. À l’issue de cinq heures de déposition, leur avocat argentin s'est dit convaincu que les deux joueurs allaient "retrouver rapidement la liberté", et a déposé une demande en ce sens.
Nous sentons la liberté, nous sommes confiants dans le fait qu'ils vont retrouver rapidement la liberté.
Me Rafael Cuneo LibaronaAvocat des deux joueurs
Pour rappel, les joueurs du XV de France sont tous les deux inculpés pour des faits de viol aggravé, car en réunion, dans la nuit du 6 au 7 juillet, sur une Argentine de 39 ans, dans un hôtel de Mendoza, à 1 000 kilomètres de Buenos Aires, où le XV de France venait de disputer un test-match contre l'Argentine.
Retour en France ?
Ces dépositions, recueillies par le procureur de l'Unité des délits sexuels, Dario Nora, en présence des avocats des deux parties, étaient les premières sur le fond, depuis leur arrestation le 8 juillet, puis leur inculpation. Pendant plus de cinq heures, les deux joueurs ont dû répondre à de nombreuses questions du parquet, de la défense et des avocats de la plaignante.
Pour l'avocat des joueurs, leur mise en liberté demandée signifie "le retour en France". Mardi 6 août, à l'issue de l'audition de la plaignante, il avait évoqué des "contradictions notables" entre ses dépositions, et "différentes versions qui ont été accommodées". Il a par ailleurs regretté, jeudi, que la plaignante à ce jour "se refuse à remettre son téléphone" aux fins d'analyse.
Le juge a jusqu'à lundi pour se prononcer, a souligné Me Cuneo Libarona.
Les faits et l'interprétation
Du côté de la plaignante, son avocate, Me Natacha Romano, a pour sa part commenté les auditions des deux joueurs à l'AFP. Elle regrette que la question du consentement soit éludée. Selon elle, les mis en cause "n'ont jamais pu répondre s'ils avaient demandé à la victime si elle était d'accord ou non". Ils ont invoqué "la difficulté à communiquer avec la victime, mais pour eux, il était clair que la victime consentait", a ajouté Mauricio Cardello, autre avocat de la plaignante.
Pour eux, le schéma "logique et cohérent" serait que les joueurs demeurent inculpés en Argentine. Une expertise psychiatrique de la plaignante reste par ailleurs en attente, mais n'a pu encore être réalisée faute d'expert disponible. "Mais il ne faut pas oublier qu'elle est la victime, pas l'inculpée", a insisté Me Natacha Romano.
Des messages vocaux
L'enquête se poursuit. Selon La Nacion, média argentin, des messages vocaux échangés le soir des faits, entre la plaignante et une amie auraient été ajoutés au dossier. Une phrase inquiéterait alors les enquêteurs. "Tu ne sais pas à quel point ce Français était beau, le plus grand, il était incroyable", rapporte La Nacion. La plaignante aurait également ajouté qu'ils étaient "un peu brutaux", évoquant différentes ecchymoses sur son corps.
C'est ainsi que l'amie de la victime lui aurait conseillé de se rapprocher d'un avocat. Selon le média argentin, qui se réfère à un rapport du Cuerpo Médico Forense (CMF), "il n'y a pas eu de coups de poing ni de blessures au cou liées à une asphyxie, bien qu'il y ait des marques sur les seins et les jambes". Tous ces éléments seront, bien sûr, à vérifier lors de l'enquête qui se poursuit.
De leurs côtés, Oscar Jegou et Hugo Auradou continuent à démentir toute forme de violence.