Frédéric de Chérancé sera jugé à partir de ce lundi par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques pour homicide volontaire. Le 25 août 2016, suite à une altercation à un feu rouge, il a poignardé Baptiste Sallefranque avant de prendre la fuite en Espagne. Il risque 30 ans de réclusion criminelle.
C'est une audience attendue par la famille de la victime depuis près de 5 ans. Frédéric de Chérancé comparaît ce lundi et pendant 4 jours devant les assises des Pyrénées-Atlantiques pour meurtre.
Une altercation qui dégénère
Le 25 août 2016 vers 22h15, ce sexagénaire inconnu de la justice poignarde Baptiste Sallefranque, 29 ans, à un feu rouge, au croisement de l’avenue Mermoz et de l’avenue Fouchet, à Pau. Selon des témoignages, Frédéric de Chérancé, au volant d'une Citroën C5, suivait de trop près Baptiste Sallefranque. Arrivé au feu, il se place sur la file de gauche et baisse sa vitre. Des mots et des insultes sont échangés, puis la victime sort de son break, frappe à plusieurs reprises sur la carosserie de la C5 et se dirige vers la portière conducteur. Frédéric de Chérancé sort armé d'un couteau et poignarde sa victime d'un coup donné de bas en haut dans le thorax. Des témoins extérieurs verront Baptiste Sallefranque se tenant le haut du ventre et regarder le sang jaillir. Frédéric de Chérancé remonte alors dans sa voiture et prend la fuite, avant que sa victime ne s'effondre, mortellement touchée.
Une semaine de cavale
S'en suit alors une cavale d'une semaine. Frédéric de Chérancé rentre chez lui, dit à sa femme qu'il a "fait une grosse connerie" après s'être "fait agressé par des gitans", se change, fait sa valise, prend de l'argent liquide, jette le couteau dans un bosquet près de son domicile, éteint son portable et part. Sa fille le rejoindra plus tard à Saragosse pour lui amener des portables pré-payés et 1000 euros en liquide. Sa cavale se terminera au tunnel du Somport le 1er septembre 2016 avec sa rédition aux enquêteurs de la police judiciaire paloise.
Ce que l'on appelle une fuite, c'est plutôt une errance, il est parti sans aucune organisation, précipitamment, c'était un acte irrationnel. Il ne faut pas oublier qu'il s'est rendu, il a toujours eu l'intention de se rendre, il a toujours voulu s'expliquer.
Monsieur Tout-le-Monde
L'enjeu de ce procès est de savoir ce qui a poussé Frédéric de Chérancé à commettre l'irréparable. Durant toute l'instruction, les témoins auditionnés parlent d'un homme plutôt calme, qui est descendu de voiture après Baptiste Sallefranque, et l'a poignardé avant de remonter dans son véhicule et repartir. Tous décrivent une victime énervée, qui tapaient sur la C5 et invectivait son adversaire.
Frédéric de Chérancé a toujours clamé qu'il s'est senti menacé, qu'il a eu peur pour sa vie, et qu'il était descendu de voiture avec le couteau pour se protéger.
Pour Alexandrine Barnaba, son avocate, "le procès sera l'occasion de la contradiction, de l'objectivité et de l'impartialité".
Frédéric de Chérancé a envie que l'on comprenne quelles sont les raisons qui poussent un homme sans histoire, monsieur tout le monde, aussi inoffensif que le coup de klaxon qu'il va donner pour signifier que le feu était vert, à donner un coup létal."
La famille de la victime a toujours contesté le "droit à avoir peur " affirmé par Frédéric de Chérancé. La compagne, ainsi que le fils de Baptiste Sallefranque, étaient présents dans la voiture au moment du meurtre, ils se sont portés partie civile.
Le procès est programmé sur 4 jours, à suivre tous les soirs sur France 3 Pau Sud Aquitaine, et en live tweet sur @F3Aquitaine
Le rappel des faits avec Elise Daycard, Elixabete Gonzalez et Alain Girardi