Ce mardi, le double meurtrier Romain Dupuy comparaissait devant un juge des libertés et de la détention. Il demande, une nouvelle fois, à être transféré hors de l'Unité pour malades difficiles ou il est interné depuis dix-sept ans. La décision est attendue pour le 7 décembre.
C'est une audience particulière qui s'est tenue ce mardi 6 décembre. Par le profil de l'homme qui comparaissait tout d'abord. Romain Dupuy, 39 ans, est l'auteur d'un double meurtre qui avait marqué l'opinion. Et par son lieu : elle se tenait à l'intérieur même de l'hôpital de Cadillac, dans une annexe du tribunal judiciaire de Bordeaux.
Un arrêté jamais signé
Une nouvelle fois, Romain Dupuy est venu demander à quitter l'unité pour malades difficiles où il est interné depuis 2004. A six reprises déjà, une commission de suivi médical a donné son accord pour son transfert vers une autre unité, plus "classique". À chaque fois, la préfecture, seule habilitée à signer un arrêté autorisant ce transfert, s'y est opposée. Ce mardi encore, un représentant de l'État est venu exposer ses arguments devant la justice, estimant qu'un tel transfert entrainerait d'importants troubles à l'ordre public et que le risque était trop élevé.
"Nous demandons la fin de ce déni de justice et de cette condamnation à la perpétuité psychiatrique qui ne porte pas son nom, a déclaré Me Hélène Lecat, avocate de Romain Dupuy auprès de France 3 Aquitaine. Romain Dupuy ne correspond plus du tout à la définition légale du malade difficile".
On n'enferme pas à vie un patient qui va mieux. Ou alors ça va complètement à l'encontre de la vocation de soi. C'est une sanction punitive, illégale et irrégulière.
Hélène Lecat, avocate de Romain Dupuyà France 3 Aquitaine
"On veut me pousser au fond du trou"
"Ça fait quatre ans que je me bats avec les instances, rappelle Romain Dupuy. J'aimerais avoir une chance. Depuis 2018, les agents de la préfecture et le procureur ne font que de me descendre pour que je reste à vie en UMD".
"Depuis 2018, on me dit 'tu sors", et ensuite 'non, tu ne sors pas'. Le tout dans des conditions qui sont assez inhumaines", poursuit le trentenaire.
Je suis déçu de la république Française. J'ai un parcours d'UMD qui est nickel, je n'ai jamais fait un acte de violence, j'ai toujours participé aux soins. Malgré tous ces efforts, on veut me pousser au fond du trou.
Romain Dupuyà France 3 Aquitaine
La décision du Juge des libertés et de la détention est attendue ce mercredi. Les avocats de Romain Dupuy ont également saisi le tribunal administratif et se sont pourvus en Cassation pour attaquer la décision du 17 juin 2022, par laquelle la cour d'appel de Bordeaux annulait l'autorisation de transfert accordée par un juge des libertés et de la détention quelques jours plus tôt.
Un double meurtre à Pau
En 2004, alors âgé de 21 ans, Romain Dupuy, marginal, était déjà suivi pour des troubles quand il pénètre dans l'enceinte de l'hôpital psychiatrique de Pau et poignarde une aide-soignante de 40 ans et une infirmière de 48 ans. Cette dernière a également été décapitée.
Interpellé quelques semaines après les faits, le jeune homme est hospitalisé d'office et transféré au centre hospitalier de Cadillac, ou il intègre rapidement l'unité réservée aux malades difficiles (UMD). Il sera ensuite déclaré pénalement irresponsable. Dans un courrier rendu public, 18 patients de l'UMD de Cadillac dont Romain Dupuy, avaient dénoncé leurs conditions de soins et de prise en charge.