Après l'effondrement de la route principale, ces habitants sont obligés de marcher ou de faire un détour de deux heures

Début septembre, des coulées de boues ont provoqué l'effondrement de la RN134, coupant la vallée d'Aspe en deux. Un bouleversement dans le quotidien des habitants, qui doivent s'organiser pour vivre avec ce gouffre en attendant de retrouver une route praticable.

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Depuis deux semaines, ils doivent vivre avec un gouffre. Dans la nuit du 6 au 7 septembre, les fortes intempéries dans les Pyrénées-Atlantiques ont entraîné des coulées de boue dans la vallée d'Aspe, qui ont notamment provoqué l'effondrement de la RN134, au niveau d'Urdos, à une quinzaine de kilomètres de la frontière espagnole.

La liaison entre l'Espagne et la France est donc devenue très compliquée, ce qui chamboule fortement le quotidien des habitants de la vallée, mais aussi celui des frontaliers vivant côté espagnol.

Cécile Desgranges est professeure de français au collège de Bedous, au nord d'Urdos, et habite à Jaca, de l'autre côté de la frontière. Alors qu'elle peut habituellement relier son domicile et son travail en une heure de route, cette enseignante doit maintenant rallonger son trajet. 

Chaque jour, elle emprunte à pied une piste, tracée par la commune d'Urdos, à côté de la route effondrée, avec une voiture l'attendant de chaque côté. "Mon quotidien est très compliqué, résume Cécile Desgranges. Au début, c'était même de la marche en terrain non préparé, mais depuis ce lundi (23 septembre), ça va, on a ces deux pistes. C'est 20 minutes de marche, même un peu moins en marchant bien, mais il faut changer de sac, changer de chaussures, ce n'est pas simple", ajoute cette professeure, un gros sac de randonnée sur le dos.

Le plus tôt serait le mieux pour retrouver une route, mais en attendant, on n'a pas le choix.

Cécile Desgranges

Professeure au collège de Bedous et habitante en Espagne

Depuis l'Espagne, il est possible d'accéder uniquement à la partie isolée de la vallée d'Aspe. Le tunnel du Somport limite également la circulation strictement aux habitants qui doivent se rendre côté français.

De nombreux touristes se retrouvent donc bloqués, chaque jour, à l'image de ce Britannique qui devait rejoindre l'Angleterre par la vallée. "Le tunnel était bien, c'était gratuit et on était directement en France ! Maintenant, il va falloir six mois à un an pour pouvoir réemprunter cet itinéraire, c'est une mauvaise nouvelle."

Solidarité locale

En attendant que la RN134 retrouve du service, pour rejoindre l'Espagne par la route, il faut passer depuis Urdos par la vallée d'Ossau et le col du Pourtalet. Une déviation de plus de 2h, longue et "épuisante, impensable pour le quotidien" selon Cécile Desgranges, un avis partagé par la vingtaine de frontaliers avec qui elle communique régulièrement. En tout, ils seraient 70 à être concernés par ces difficultés de liaison entre la France et l'Espagne.

Au-dessus du gouffre, une dizaine de maisons sont encore habitées, dont un gîte, tenu par un Espagnol depuis 20 ans. Ivan Ferreras commence à peine à déblayer sa propriété, mais veut rester positif : "Ici, entre les gens du village, les échanges continuent, on s'est même prêté nos véhicules. Et les liens existent toujours avec la partie de l'autre côté de l'effondrement !"

C'est une vallée très unie, et dans ce genre d'événement, on le voit encore plus.

Ivan Ferreras

Propriétaire d'un gîte dans la vallée d'Aspe

À 500 mètres de la frontière espagnole, la station du Somport reste ouverte, même si elle ne peut plus être rejointe par sa clientèle française, ou très difficilement. La station peut compter sur sa grosse clientèle espagnole, qui représentait déjà 80 à 90 % de sa fréquentation, pour opérer avec une activité à peu près normale. "On avait quand même une clientèle française, par exemple des écoles, alors on aura certainement des difficultés, avec un manque à gagner sur ces groupes-là", nuance Bruno Guitton, le directeur de l'espace Somport.

Un manque à gagner qui sera peut-être compensé par des aides financières, mais rien n'est moins sûr. "On en reparlera dans les mois qui viennent, mais ça paraît compliqué. On risque d'avoir des déceptions par rapport aux montants", souffle Bruno Guitton. 

"En attendant, on essaye de s'organiser, ajoute le directeur de l'espace Somport. Ce sont des moments difficiles mais il faut réagir, il ne faut pas se laisser abattre. C'est l'occasion de repartir sur d'autres idées." Les travaux de réfection et sécurisation de la RN134 devraient pour l'heure durer six mois. Une situation complexe pour les habitants qui craignent, avec l'hiver, un nouvel épisode destructeur.

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