Au nord-ouest de Pau, un projet industriel d'ampleur suscite la controverse. En 2028, trois entités de production d'énergie bas-carbone doivent voir le jour sur le site de la commune de Lacq. Leurs besoins en eau et en bois sont critiqués par un collectif d'opposants.
Faire voler des avions grâce à du kérosène produit à partir de résidus de bois, c’est l’une des ambitions du projet E-CHO, porté par l’entreprise Elise Energy. Sur la plateforme industrielle de Lacq, dans le Béarn, elle projette de construire un site d’alimentation en hydrogène et deux usines de carburant dit “durable”, à destination du transport aérien, routier et maritime.
“Au lieu de produire des carburants avec des énergies fossiles comme le pétrole, on se sert de ressources renouvelables telles que l’électricité, l’eau, les résidus agricoles et forestiers“, explique Pascal Penicaud, président d’Elise Energy. Le chantier doit démarrer en 2025 pour une mise en service trois ans plus tard.
"C'est un pari énorme"
Coût estimé : 2 milliards d’euros, soit le plus gros investissement réalisé sur ce territoire depuis la découverte d’un gisement de gaz naturel en 1951, d’après la société lyonnaise. Pour cela, 800 emplois directs et indirects pourraient être créés.
Une bonne nouvelle pour l’économie et l’environnement ? Pas forcément selon les opposants au projet. Ils redoutent d’abord ses besoins en eau. “L’électrolyseur sera deux fois plus important que le plus grand au monde qui se trouve en Chine et qui a des difficultés. C’est un pari énorme. La catastrophe sera démesurée avec 7,7 millions de m3 d’eau pompés dans le Gave de Pau”, prévient Victor Pachon, président du Collectif d’associations de défense de l’environnement (Cade).
14 000 hectares de forêt menacés selon les opposants
La matière organique nécessaire à la production de kérosène suscite également l’inquiétude. Des coupes d’arbres sont en effet prévues dans un rayon de 200 km autour de Lacq. 14 000 hectares de forêt seraient menacés selon le Cade.
Depuis un siècle, la forêt n’a cessé de croître parce qu’il y avait plus de carbone dans l’atmosphère. Mais aujourd’hui le réchauffement climatique bloque la croissance des arbres. On est sur une crise forestière grave. On ne peut plus taper dans la forêt inconsidérément
Jacques Descarguesmembre de l’association 5 Cantons La Barre et ancien secrétaire de l’Office national des forêts
Pour exposer son opposition au projet, le collectif citoyen organise une réunion publique le 12 mars à 20 h 30, à la maison des associations de Bayonne.