Marc Large, dessinateur de presse pour Charlie Hebdo, le Canard Enchaîné ou encore le journal Sud-Ouest a décidé de changer de vie. Installé à Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques, il a ouvert un salon de tatouage. Le dessin de presse devenait pour lui "anxiogène", "un métier pas assez respecté".
"Tu me dis si ça te convient la position, la posture". Marc Large montre à une jeune cliente l'esquisse qu'il a réalisé pour elle.
Une sirène dessinée sur sa tablette de travail. "J'adore, c'est super mais par contre je la veux bien dans ce sens là". "Avec le visage de ce côté ?" "Exactement".
"Je prends un client par jour en général, j'aime me consacrer à fond sur lui. Je veux pas travailler à la chaîne, mon moteur c'est pas l'argent. C'est vraiment de faire une belle oeuvre et pour ça faut être concentré au maximum" explique l'artiste.
15 ans de dessins de presse
Marc Large est plus connu pour ses dessins publiés pendant plus de 15 ans dans les journaux satiriques de Charlie Hebdo ou du Canard Enchaîné. Dans le journal Sud-Ouest aussi qu'il a dû quitter en mauvais termes.
"J'ai eu une mauvaise expérience avec Sud-Ouest qui m'a un peu découragé de poursuivre dans ce métier" confie t-il. Et puis le contexte a changé. La tuerie de Charlie Hebdo a laissé des traces. "J'étais très lié à l'équipe de Charlie. Depuis leur départ le métier se porte moins bien, c'est beaucoup moins rigolo".
Marc Large regrette le traitement réservé aujourd'hui à ceux qui croquent l'actualité d'un coup de crayon.
"Je crois que c'est la fin de ce métier, les rédactions maltraitent les dessinateurs de presse et puis il y a internet, les dessinateurs postent maintenant leur travail sur les réseaux sociaux, les jeunes ne lisent plus la presse papier...quelque part ça devenait anxiogène pour moi".
Graver une oeuvre pour toujours
Le tatouage, il y pensait depuis quelques temps, comme un challenge, une envie de se renouveler. "Graver une oeuvre pour toujours, on n'a pas le droit de se louper, ça m'a toujours fait rêver".
Une fois la décision prise il passe un mois à Toulouse dans une école de tatouage pour apprendre l'hygiène, la sécurité et la technique. "C'est un travail très précis, il faut une maîtrise parfaite alors que le dessin de presse est plus rapide, plus spontané".
Installé à Orthez depuis un an, il se dit satisfait. Le bouche à oreille fonctionne bien et il apprécie passer du temps avec ses clients.
"Il est sensible, à l'écoute, hyper empathique" nous assure Elsa qui s'est fait tatouer des éléphants sur la jambe, ravie et impressionnée par le résultat. "Il a juste fait le contour avec un calque, après il a tout fait à main levé".
Marc Large consacre des heures à perfectionner ses dessins sur les peaux de ses clients. Jusqu'à 7 heures parfois, "t'as le temps de sympathiser, les gens te racontent leur histoire, j'aime bien" dit-il.
Regardez le reportage d'Elise Daycart et Lisa Macineiras :