L'unique distributeur de billets du village va leur être retiré : les habitants se mobilisent

L'unique distributeur de billets du petit village d'Aramits, en Béarn, doit être retiré fin septembre. Une décision de la banque, loin de faire l’unanimité. Une pétition a déjà recueilli plus de 400 de signatures

Ils font partie des services de proximité au même titre que les bureaux de poste ou les pharmacies. Mais aujourd’hui, retirer de l'argent liquide semble de plus en plus difficile dans les zones rurales. Aramits en Béarn en sait quelque chose. Le village et ses 674 habitants, situé à une cinquantaine de kilomètres de Pau, va bientôt perdre son distributeur automatique de billets. L’appareil doit être retiré à la fin du mois de septembre. Une aberration pour ces habitants de la vallée de Barétous. Car ici, les paiements se font encore beaucoup en liquide. Notamment au marché, où la plupart des producteurs ne prennent pas la carte bleue.

Même si nous n'avons pas beaucoup d'habitants, il faut quand même maintenir ces services de proximité

Jean-François Cazaux, maire d'Aramits

France3 Aquitaine, rédaction Web

Laura Blanquefort gère le bar restaurant de la commune. Elle estime que la fin du distributeur de billets devrait compliquer son quotidien. "C’est embêtant. Hier, c’était la fête des bergers. Pour toutes les animations, ils ne prennent que les espèces. Du coup, comme on est le seul commerce ouvert le week-end, les gens viennent nous demander de l’argent liquide en contrepartie de paiement par carte bleue, rapporte-t-elle.  On rend service, mais ça nous coûte des frais de carte. Et puis au bar, les clients payent avec de la monnaie ! " 

La fin d'un service à la personne ?

Le distributeur, dernier accès à de l'argent liquide dans la commune, est installé à l’intérieur de l’enseigne Intermarché. Son responsable, Clément Luzineau, juge, lui aussi, la décision du Crédit Agricole incompréhensible. "La banque nous dit que le distributeur n’est plus lucratif pour eux, donc ils veulent l’enlever. Pourtant beaucoup de gens viennent retirer de l'argent !", note-t-il.

Si le responsable du magasin accepte d'autant moins cette décision, c'est qu'il affirme que la gestion du DAB est à sa charge." C’est notre comptable qui gère l’appareil. C’est elle qui passe commande aux convoyeurs de fond, sur un compte spécial. Nous, on paie les convoyeurs pour qu’ils amènent l’argent au distributeur. Donc franchement pour eux ce n’est pas une question de coûts !"   

Une pétition mise en ligne

Indigné, Clément Luzineau a décidé de lancer une pétition en ligne pour dire "Non au retrait du distributeur de billets ". Opérationnelle depuis le 15 septembre 2023, elle a déjà recueilli près de 500 signatures et de nombreux commentaires.

"Avoir un distributeur à Aramits permettait aux personnes sans moyens de transport de retirer de l'argent proche de chez eux. Avoir un distributeur à Aramits permettait aux personnes âgées, grandement présentes ici, de pouvoir régler en espèce, n'étant pas forcément à l'aise avec la carte bleue ou le paiement sans contact.", rappelle le texte de la pétition. 

Se rabattre sur le village voisin à quatre kilomètres

En se mobilisant, le village de la vallée de Barétous espère ainsi se faire entendre. La disparition programmée du distributeur va contraindre les habitants à se rendre dans le village voisin d'Arette, à quatre kilomètres de là. "Tout le monde ne peut y aller", prévient le maire et "particulièrement les personnes âgées". En apprenant la nouvelle, Jean-François Cazaux est tombé des nues. "J'ai appris ça récemment. C'est tout de même désolant comme décision. On est à la campagne, le service rendu à la population, c'est important !, c'est dommage.

Même si nous n'avons pas beaucoup d'habitants, il faut quand même maintenir ces services de proximité.

Jean-François Cazaux, maire d'Aramits

à rédaction web France 3 Aquitaine

 

"Nos clients sont très inquiets. Vous imaginez les gens qui viennent au camping l’été pour le tourisme ? Ils sont obligés d’aller retirer de l’argent dans le village d’à côté pour boire un verre à Aramits, ajoute Clément Luzineau.
Pour aller au marché, c'est compliqué. Ils ont déjà enlevé celui de la Pierre-Saint-Martin. Donc maintenant, même les clients qui vont vouloir monter à la station ne pourront plus retirer d’argent",
déplore le responsable de supermarché.  

Un distributeur "obsolète" selon la banque

Nous n'avions pas d'autres choix. Il était arrivé au bout de sa vie

Crédit Agricole Pyrénées Gascogne

France 3 Aquitaine, à rédaction Web

De son côté, le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne dit comprendre la déception des clients, mais assume cette décision. La banque estime que le distributeur interne installé au supermarché était devenu obsolète. "Il fallait que nous le changions. Nous n'avions pas d'autres choix. Il était arrivé au bout de sa vie. Or pour le changer, cela a un coût élevé et au regard de la rentabilité de l'appareil, c'était une opération trop couteuse. Nous n'avions pas d'autres possibilités que de le supprimer". L'agence affirme avoir proposé une alternative à la direction de l'enseigne en installant un point relais, proposition qui selon elle a été refusée.

Vers la disparition des DAB ? 

Comme les cabines téléphoniques en leur temps avec l’apparition des téléphones portables, les DAB sont aujourd’hui victimes des paiements par carte bancaire, par internet et du développement des paiements sans contact avec son smartphone.

On 2010, on comptait près de 60 000 automates dans l’hexagone. Dans son dernier rapport en juillet 2023, la Banque de France indiquait qu’il n’y avait plus que 47 853 DAB en fonctionnement en 2021. Selon l'institution, 79,2% de la population se trouve à moins de cinq minutes en voiture du distributeur le plus proche, et 98,9% à moins de quinze minutes.

Des données loin de convaincre les habitants de zones rurales. À Aramits et dans les alentours, le manque de service de proximité est une réalité quotidienne. Et de prendre l’exemple de la boulangerie d’Arette. Bientôt, il ne sera plus possible d’acheter le pain : l’artisan part à la retraite et il n’y a pas de repreneur.

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