Militaires tués au Mali : une "douleur indicible" pour les proches

Mourir au combat, les militaires du 5e RHC de Pau et leurs familles s’y étaient préparés. Pour autant, le soutien psychologique dans ces moments de deuil est particulièrement important. 

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Lundi soir, treize militaires français ont perdu la vie au Mali, lors d’une opération extérieure. Une chapelle ardente a été installée au sein du 5e régiment et un livre d’hommages recueille depuis hier, en mairie, les témoignages de soutien des Palois. 

Mardi soir, un rassemblement a été organisé à Pau, d’où étaient originaires sept d’entre eux. Orchestrée par François Bayrou, la cérémonie était empreinte d’émotion, alors qu’une centaine de familles, amis et frères d’armes s’étaient rassemblés. 
 



"Pour nous, c’était important d’être présents, pour apporter notre soutien à nos frères d’armes et leurs familles", explique Christian Pianetti, président du comité d’entente des anciens combattants et des victimes de guerre de Pau.

L’armée de l’air a souhaité rendre hommage à leurs collègues de l’armée de terre, en effectuant une parade dans le ciel du 5e régiment des hélicoptères de combat, situé dans un quartier palois. Une minute de silence a également été respectée, après l’énonciation des noms des victimes, par le maire de Pau.
 


De nombreux anonymes étaient également présents, émus par la mort de ces soldats. Parmi eux, de jeunes réservistes du 5e RHC, qui, touchées ont également pris conscience de la vie de militaire. 

"Nous nous devions d’être là, pour saluer leur courage. Mais ces moments nous rappellent aussi dans quoi on s’engage et les risques qu’on peut prendre. On prend aussi conscience de la douleur que cela peut engendrer pour nos familles", explique Manon, l’une d’entre elles.
 

"Une douleur indicible"


Jean-Marie Bockel, ancien ministre du commerce, a lui aussi rendu hommage à son fils, Pierre, 28 ans, qui faisait partie du 5e RHC. 

C’est une douleur indicible. Même si on connaît le risque, on n’est jamais vraiment préparé.

Pierre Bockel, comme de nombreux soldats, minimisait les risques de son métier, pour ne pas inquiéter sa famille. "Il en plaisantait parfois", se souvient Jean-Marie Bockel. 

"C’était un pilote chevronné. Il avait déjà réalisé quatre opérations extérieures avec cet appareil, en plus de toutes les autres", détaille Jean-Marie Bockel.

Mais, comme pour ne pas trop donner d’importance à la mort, l’ancien ministre souligne surtout la fierté qui l’anime.

On doit être fiers de leur engagement, qui était nécessaire quand la décision a été prise. On se dit évidemment que sans ces hommes, la situation dans ces pays serait chaotique.



Gérer le traumatisme


Dans ces moments de deuil, la mort arrivée subitement provoque parfois des traumatismes psychologiques, pour les militaires, mais aussi pour leurs familles. Pour les éviter au mieux, des cellules d’urgence médico-psychiatriques ont été mises en place suite aux attentats de 1995. 

Elles se fondent sur la psychiatrie militaire. Mais pour Charles-Henri Martin, psychiatre de référence de l’urgence médico-psychiatrique du Sud-Ouest, le premier rempart reste l’entourage

Les familles ont surtout besoin d’être entourées par leurs proches et les compagnons d’armes de leur défunt. Il n’y a pas vraiment de parole type. Il s’agit plutôt d’une attitude, de faire savoir qu’on est présents.

Il existe également une aide professionnelle lorsque la douleur est trop grande, et que le traumatisme s’aggrave. Pour cela, ces psychiatres passent beaucoup de temps auprès des militaires. 

"Même si le risque de mourir est plus probable dans ce métier, le rapport à la mort reste le même. D’autant plus pour les familles qui, elles, n’ont pas choisi la carrière des victimes", explique Charles-Henri Martin.
 
Dernière étape, les hommages nationaux, comme celui qui est organisé lundi, aux Invalides. 

"Avec mes collègues de toute la France, nous avons remarqué que ces hommages provoquaient des ressentis positifs. Le principe de reconnaissance par le groupe est très important en situation de deuil", explique le psychiatre.

Dépasser le traumatisme, se reconstruire après la perte brutale d’un proche, ce sont les défis que devront affronter ces familles dans les prochains mois.
 
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