Mort d'Enzo Péridy. "Si la famille est d'accord, je voudrais me recueillir sur sa tombe." Les remords de l'accusé, condamné à huit ans de prison

Au deuxième jour de son procès, Jonas Elizalde, accusé d'avoir porté un coup mortel porté à Enzo à la sortie d'une boîte de nuit le 18 mars 2022 se confond en excuses et exprime ses remords. Il sera finalement condamné à huit ans de prison, pour les neuf ans requis.

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Il aura fallu une demi-heure aux magistrats de la Cour criminelle des Hautes-Pyrénées pour prendre leur décision et donner leur verdict : Jonas Elizalde est coupable pour la mort d'Enzo Péridy et condamné à huit ans de réclusion. 

Plus tôt dans la journée, l'accusé qui comparaissait pour avoir asséné un coup de poing mortel à Enzo, 18 ans, avait laissé libre cours à ses regrets.  "Une fois la libération, si la famille est d'accord, je voudrais me recueillir sur la tombe d'Enzo". Cette phrase d'excuse aurait pu tomber aux oubliettes si elle n'avait pas provoqué un coup de théâtre dans cette salle d'audience. "Je vous y amènerai", répond Natie, la mère d'Enzo, dans un souffle à peine perceptible, avant que l'émotion et le silence ne s'abattent sur la salle.

En ce deuxième jour de procès d'Enzo Péridy, c'est un retournement de situation comme il en existe dans les procès criminels, un moment suspendu qui restera dans les annales des grandes audiences. Les remords de ce jeune homme, décrit par les rapports d'experts comme impulsif et sous le coup de nombreuses addictions, seront venus à bout de la rancœur de la mère de la victime, pourtant persuadée de ne jamais lui pardonner. 

"Pardonner ? Non !" 

À la barre, la mère de Jonas s'adresse à la famille d'Enzo Péridy: "je vous demande de nous pardonner, j'espère qu'un jour, vous pourrez le faire". Dans la salle, la mère d'Enzo répond prestement : "pardonner ?  Non !". Ce dialogue de mères éplorées traduit bien ces deux sentiments qui parcourent la salle en cette matinée de 2ᵉ jour de procès. 

Tandis que la mère de Jonas Elizalde raconte son fils à l'aune de ce qu'il a pu traverser enfant ; le regarde, il pleure dans son box. "Je ne cautionne pas ce qu'il a fait, mais je le soutiens", insiste-t-elle. "Avant d'être coupable, Jonas a été une victime de la vie et de la malchance" reprend-elle en référence à des attouchements que l'accusé a subis adolescent, avant de le décrire comme "un enfant fragile sous des dehors virils", qui a "peur de perdre ses proches". 

"Maman, il est mort ! "

Et c'est dans cette même émotion qu'elle décrit ses moments avec son fils peu après sa garde à vue, "il s'est jeté dans mes bras et il m'a dit : Maman, il est mort !, il ne m'a pas dit : je vais aller en prison".

Cette peur des conséquences de ses actes est décrite par l'employeur de l'accusé. Il raconte les heures qui ont suivi les faits qui se sont déroulés le vendredi matin à 5h30 "Jonas est venu travailler, il était angoissé et sur la défensive. Mon mari l'a renvoyé chez lui." Un comportement inhabituel, pour celui qu'elle décrit comme quelqu'un qui ne faisait pas de vagues, d' "intégré à l'équipe", qui "faisait le travail avec sérieux et bonne humeur". 

"Je soigne mes addictions "

Consommateur de cannabis à forte dose dès l'adolescence, de 7 à 8 joints par jour, selon les rapports lus en audience, et consommateur d'alcool, le comportement addictif de l'accusé est décrit par les experts psychiatre et psychologue en ce 2ᵉ jour de procès. 

Une forte consommation d'alcool, notamment lors de fêtes, qui peut "changer un comportement impulsif en violences", précise la psychiatre nommée auprès de la Cour. 

Un comportement que ne conteste pas l'accusé, bien au contraire, "Enzo n'a rien à voir avec ce qui s’est passé", maintient Jonas sous-entendant qu'Enzo était là au mauvais endroit, au mauvais moment, et rappelant qu'il avait cru que la fille, avec qui Enzo échangeait, était en danger.  Avant de reprendre, "C'est vraiment moi, je ne me le pardonnerai jamais, j'y pense tous les jours, je garderai ça à vie". Et de compléter "Je soigne mes addictions". 

Un "énorme gâchis "

Interrogé par son avocat, l'accusé apparaît bien plus vulnérable.  "Je me suis pris pour le chevalier blanc, je me suis fait un film" dit Jonas.  "L'alcool a-t-il joué ?" demande l'avocat, "Oui" répond-il. 

"Vous avez conscience de l'énorme gâchis que vous avez provoqué ? " reprend Maître Alexandre Martin.

C'est grave ce que j'ai fait. J'ai détruit, anéanti une famille, je ne me le pardonnerai jamais. Je vais vivre avec, je mourrai avec.

Jonas Elizalde

Accusé

Peu de temps avant, il avait reconnu, auprès du Président du Tribunal, sa responsabilité "Je suis arrivé comme une furie, il n'avait rien fait."

Les derniers mots du prévenu seront les plus forts, pour la famille de l'accusé : "Une fois la libération, si la famille est d'accord, je voudrais me recueillir sur la tombe d'Enzo". "Je vous y amènerai, répond la mère de la victime, dans un souffle. 

"Quel moment nous avons vécu ! Quelle humanité !"

L'émotion est toujours à son comble à la reprise de l'audience. Maître Maxime Barnaba représentant les parents et le frère d'Enzo, rend hommage à leur comportement : "Ce matin, j'ai été ébloui par tant de dignité, de pudeur et de déférence. Quel moment nous avons vécu ! Quelle humanité !".

Avant de rappeler qui était Enzo dans un vibrant souvenir, qui arrive en négatif du comportement de l'accusé. "Ce qui qualifiait Enzo, c'était sa volonté de résoudre les conflits par la parole, l'explication, la bienveillance". 

Et d'insister sur le fait que le coup de poing fatal "était d'une précision chirurgicale, porté à la mâchoire, pour viser le KO. Le KO, c'est le mélange subtil de précision et de puissance", note l'avocat, mettant ainsi en doute la trop forte alcoolisation de Jonas Elizalde, comme seule explication à son excès de violence. 

8 ans de prison pour 9 ans requis

"Un accident, ça peut arriver. Mais un décès dû à des coups mortels n'est pas une fatalité. C'est le choix de la violence", insiste l'avocate générale. 

Pour les faits qu'il a commis, Jonas Elizalde encourrait jusqu'à  20 ans de réclusion, cette dernière a requis 9 ans, pour que finalement les juges de la Cour Criminelle des Hautes-Pyrénées s'entendent sur 8 ans de réclusion. 

Ont certainement dû jouer les remords exprimés par l'accusé tout au long de cette journée, ainsi que la demande de son conseil que soit rendue la justice, seulement la justice et non pas une justice exemplaire.

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