Pyrénées-Atlantiques : soupçons de travail dissimulé dans un abattoir béarnais

Une opération de gendarmerie et des douanes a été menée jeudi 29 avril 2021 à Lahontan et Bellocq chez un sous-traitant de l'abattoir de la Fipso qui est soupçonné de travail dissimulé. Les détails de l'enquête avec Cecile Gensac, procureure de la république de Pau.

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L'affaire a été révélée par le journal Sud Ouest vendredi 30 avril. Contactée par France 3 Pau Béarn, Cécile Gensac, procureure de la république de Pau, nous a donné les détails de l'enquête autour de l'abattoir de la Fipso.

De forts soupçons de travail illégal

L'affaire a commencé lors d'un simple contrôle routier en février du peloton de gendarmerie motorisé d'Artix, au péage sur l'autoroute A64. Une camionnette transportait plusieurs travailleurs dont certains n'avaient pas de papiers en règle. "Les gendarmes ont alors eu des suspicions sur le statut des personnes présentes dans le véhicule qui sont d'origine brésilienne. C'est ce qui a déclenché une enquête sur la profession de ces personnes employées dans un abattoir de la société Continental Desoss, sous-traitante pour la Fipso, géant de la filière porcine du Sud-Ouest", selon Cécile Gensac.

 Les investigations ont abouti jeudi 29 avril à une vaste opération dans le Béarn. Dans le cadre d'un Comité opérationnel départemental anti-fraude (Codaf) qui est présidé par la procureur de la république, une trentaine de gendarmes, des agents des Douanes, de l'Inspection du travail et de l 'Urssaf ont perquisitionné tôt le matin à l'abattoir et dans plusieurs logements occupés par des travailleurs, notamment à Bellocq.

Les gendarmes ont découvert quinze salariés, dont dix étaient en situation irrégulière, sans titre de séjour ou sans attestation de déplacement autorisant à travailler sur le territoire français. Ces personnes sont d'origine d'Amérique du Sud, du Brésil, et d'autres de pays africains (Guinée-Bissau notamment), et étaient employés par la société Continental Desoss, basée à Bourg-en-Bresse, dans l'Ain.

Enquête en cours sur les conditions de rémunération et d'hébergement

Les personnes interpellées ont été auditionnées et transférées au préfet qui leur a notifié des OQTF (Obligation de quitter le territoire français). "Les auditions et les constatations sur place de travail illégal et travail dissimulé, de fausse sous-traitance et faux détachement, nous ont amené à poursuivre l'enquête sur les conditions dans lesquelles ces personnes sont hébergées, rémunérées et nourries. L'enquête permettra d'établir les responsabilités et les infractions commises par les sociétés et leurs dirigeants", a précisé Cécile Gensac.

C'est trop tôt pour parler de traite d'êtres humains, mais c'est vrai que les conditions de travail et d'hébergement nous interrogent beaucoup.

Cécile Gensac, procureure de la république à Pau

C'est tout l'enjeu de cette enquête, déterminer le rôle du donneur d'ordres, la Fipso est l'un des plus grands abattoirs porcins du Sud-Ouest, et celui de ses sous-traitants. 

Selon le journal Sud-Ouest et selon une source proche de l'enquête, ces personnes auraient décrit des conditions de travail très dures, des tâches répétitives épuisantes, avec une moyenne de trois cents porcs à ouvrir et éviscérer, par jour et par travailleur. Les salaires, aux alentours de 1 400 euros nets, sont deux fois plus élevés que ceux pratiqués au Portugal, trois à quatre fois plus que dans leurs pays d'origine.

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