La justice argentine a autorisé les deux rugbymen français à rentrer en France. Oscar Jegou et Hugo Auradou sont tous deux inculpés de viol sur une femme de 39 ans, depuis près de deux mois. Les avocats de la plaignante ont, eux, été déboutés pour leur demande de récusation des procureurs pour "manque d'objectivité".
Les deux Français peuvent prendre l'avion dès demain mercredi. Lundi 2 septembre, le parquet de Mendoza, en Argentine, avait autorisé la sortie du pays de Hugo Auradou et Oscar Jegou. Mais leur sortie "concrète et effective" restait liée à une audience ce mardi et à la décision d'une magistrate des détentions et libertés. C'est cette autorisation qui a été accordée ce 3 septembre au cours d'une audience prévue à 11h30 locales (14 H 30 GMT) au Pôle judiciaire de Mendoza. Cette audience devait notamment valider des résultats d'expertises psychologiques, derniers actes d'enquête attendus.
"S'il n'y a pas d'extension, l'autorisation de quitter le pays sera définitivement accordée", expliquait lundi 2 septembre Martin Ahumada. Les joueurs peuvent désormais regagner la France par le premier vol direct.
Retour "assorti de règles"
Les deux internationaux de 21 ans restent inculpés de viol aggravé en réunion. Les faits dénoncés seraient survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d'hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de remporter un test-match contre l'Argentine. Les joueurs affirment que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. Et ils nient toute violence, alors que l'avocate de la plaignante a évoqué "une violence terrible".
Les joueurs, qui ont passé une dizaine de jours en détention début juillet, puis avaient été assignés à résidence, ont été remis en liberté le 12 août par le parquet. Celui-ci avait alors souligné "des contradictions notoires, incohérences, zones grises" dans la version de la plaignante. Les deux Français ont depuis récupéré leurs passeports et ont quitté Mendoza pour Buenos Aires le 27 août. Le même jour, leurs avocats déposaient une demande formelle de non-lieu et, vendredi, ils sollicitaient de la justice de les laisser quitter l'Argentine.
Le feu vert donné par le parquet au retour en France est "assorti de règles", a précisé lundi M. Ahumada. Les joueurs doivent notamment "se présenter s'ils sont convoqués au consulat d'Argentine en France, établir une adresse réelle et virtuelle", voire "se présenter à Mendoza (1.000 kilomètres de Buenos Aires) si cela leur est demandé".
Demande de récusation rejetée
Lundi 2 septembre, les avocats de la plaignante ont déposé une demande de récusation des deux procureurs chargés de l'enquête, pour selon eux, "violence mentale et manque d'objectivité", accusant les magistrats d'avoir "jugé au lieu d'enquêter". Les avocats, qui anticipaient un feu vert imminent pour un départ des joueurs d'Argentine, déplorent dans leur argumentaire qu'"ils vont être récompensés par une autorisation à retourner dans leur pays (...) reprenant le cours de leur vie normale, tandis que la plaignante souffre de préjudices irréparables. Après une tentative de suicide il y a dix jours, celle-ci reste hospitalisée, ont-ils rappelé.
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À l'issue d'une audience ad hoc lundi, le ministère public de Mendoza a débouté la demande de récusation, arguant dans un communiqué que "l'hypothèse alléguée, c'est-à-dire la perte d'objectivité des magistrats impliqués, n'a pas été prouvée" par les requérants.
L'avocat français des joueurs, Antoine Vey, avait dénoncé dans la demande de récusation "une énième manœuvre dilatoire, [qui] ne change en rien la phase du dossier", ni "les éléments de fond".
Aucune date n'a encore été fixée pour un examen de la demande de non-lieu, mais celle-ci pourrait intervenir dans un laps de quelques jours.