En ce mois de septembre, l'association Migradour effectue des pêches électriques dans le gave de Pau afin de comptabiliser les bébés saumons lâchés à la fin du printemps.
Drôle d'équipage ce jour-là sur les berges du Gave de Pau, à Baudreix. Les pêcheurs de l'association Migradour déploient leur matériel étrange constitué de seaux, d'épuisettes, mais aussi de barres métalliques.
Difficile à croire, mais tout ce petit monde est en train d'effectuer un inventaire. Il s'agit de pouvoir rapidement compter les populations de jeunes saumons de passage en un lieu donné. Ils effectuent une pêche électrique avec une anode permettant de ramener les poissons vers le filet grâce au courant électrique. Le protocole de comptage est chronométré : cinq minutes par zone.
La pêche électrique
C'est une technique également utilisée par l'Office Français de la Biodiversité (OFB) pour étudier les populations de poissons dans les cours d’eau. Avec un protocole bien précis pour que les données soient comparables d'une année sur l'autre. Sur un tronçon déterminé, les pêcheurs remontent le cours d’eau, munis d’électrodes pour étourdir les poissons et d'épuisettes pour les récupérer afin de les compter et les examiner.
Ce jour-là à Baudreix, les petits poissons capturés dans le gave de Pau sont essentiellement des saumons et quelques truites. Au-delà du comptage des populations, il s'agit pour ces spécialistes de contrôler la bonne santé des alevins lâchés à la fin du printemps ou de ceux issus de la reproduction. Sur la berge, ils sont rapidement examinés, mesurés et pesés, avant d'être relâchés.
Cet inventaire est effectué pendant plus d'un mois sur toute la zone dont s'occupe Migradour. Un comptage qui fait partie d'un plan de restauration mis en place il y a une vingtaine d'années et qui a fait ses preuves.
Plus de 90 % de ces saumons partiront l'année prochaine dans l'Atlantique Nord. Deux ans plus tard, ils reviendront sur leur lieu de naissance, guidés vraisemblablement par une reconnaissance olfactive, pour se reproduire et mourir.
L'association Migradour
Elle a été créée à l’initiative des différentes catégories de pêcheurs représentés sur les bassins de l’Adour, de la Nivelle et des courants côtiers.
Sept espèces migratrices amphihalines (qui vivent une partie de leur cycle de vie en mer et une autre en rivière) y sont recensées :
- Alose feinte
- grande Alose
- Anguille (qui à l'inverse, se reproduit en eau douce et vit en mer)
- Lamproie fluviatile
- Lamproie marine
- Saumon atlantique
- Truite de mer
L’Adour, comme la plupart des cours d’eau de la façade atlantique européenne, est fréquenté par des poissons migrateurs "dont les stocks ont progressivement régressé au cours du 20ème siècle" assure l'association. Une baisse des populations due à plusieurs causes comme "l'altération de la qualité de l’eau, la surexploitation par la pêche, le braconnage, la destruction des zones de frayères,..."
L'association est composée d’experts, techniciens et hydrobiologistes, chargés d'étudier les poissons migrateurs et leurs milieux. Ils ont développé plusieurs outils permettant une meilleure connaissance des stocks et des habitats.
Migradour a mis en place, depuis plusieurs dizaines d’années, des programmes de restauration et de protection, dont celui du saumon de l'Atlantique, soutenus par différents partenaires publics dont l'Office Français de la Biodiversité (OFB), le Ministère de l’Environnement, l'Union européenne, la Fédération Nationale de la Pêche.