Après l'interpellation en Europe de 27 personnes liées à un réseau de trafic de civelles ou pibales, des alevins d'anguilles, dix personnes ont été mises en examen, installées au Pays Basque et en région parisienne.
Cinq jours après un vaste coup de filet international ayant abouti au démantèlement d'un réseau organisé de trafic de civelles, la justice française a procédé à dix mises en examen.
Le parquet de Bordeaux vient d'annoncer que cinq personnes ont été mises en examen, dans un premier temps, le vendredi 12 mai pour détention ou transport non autorité d'espèce non domestique, d'exportation non autorisée et de blanchiment aggravé.
Le principal organisateur, arrêté à Bidache, dans les Pyrénées-Atlantiques, a été placé en détention.
Dans un deuxième temps, "cinq membres de la filière d'exportation vers l'Asie" ont été également mis en examen lundi 15 mai. "Leur placement en détention provisoire a été requis" indique le parquet.
Lors de l'opération du mercredi 10 mai, 27 personnes avaient été interpellées en France, en Espagne, en Belgique et en Pologne. Vingt personnes en tout avaient été placées en garde à vue dont des mareyeurs, des gérants de viviers et des pêcheurs ainsi que plusieurs individus d'origine asiatique en charge de l'exportation clandestine des civelles depuis la région parisienne ou la Belgique vers l'Asie.
Enquête de deux ans
Le parquet précise que l'enquête avait débuté au cours de l'été 2021 sous le contrôle du pôle régional environnemental du parquet de Bayonne. Des inspecteurs de l’Office français de la biodiversité (OFB) avaient relevé des "infractions relatives à la traçabilité des stocks de civelles d’une société de mareyage" au cours d’un contrôle préalable à une opération de repeuplement dans le lac de Cazaux, en Gironde.
L'enquête a été poursuivie par le parquet de la juridiction inter-régionale de Bordeaux qui a ouvert une information judiciaire en août 2022.
Plusieurs services d'enquête ont travaillé conjointement (office de lutte contre les atteintes à l'environnement en France et en Espagne, office de la biodiversité).
Près de 4,2 millions de tonnes de civelles auraient été pêchées hors quota au cours de deux saisons de pêche depuis 2021 ce qui représente un bénéfice illicite de 1,1 millions d'euros.
Parquet de Bordeaux
Lors des perquisitions, 201 750 euros en espèces ont été saisis ainsi que 620 000 euros sur des comptes bancaires. Un peu plus de 12 kilos de civelles ont été découvertes dans un vivier clandestin à la Courneuve, en Seine-St-Denis ainsi que 51 kilos de civelles congelées.
La pêche de la civelle, menacée d'extinction, est très réglementée en France. L'exportation des alvins d'anguilles est interdite hors de l'Union européenne depuis 2010. Vendue sur le marché noir chinois, au cours de ces trafics, l'espèce est souvent élevée en bassins et consommée ensuite adulte.