À partir du 1er janvier 2024, les buralistes pourront vendre des munitions de chasse. La mesure, qui vise à faciliter l'achat de cartouches en milieu rural, suscite l'indignation de la Ligue de protection des oiseaux.
Bouleversement en vue chez les buralistes. D'ici quelques semaines, ils devront peut-être faire de la place sur leur comptoir. En effet, à partir du 1er janvier 2024, ils seront habilités à vendre des cartouches de chasse, sur la base de stocks fournis par des armuriers.
Vidéo: Les bureaux de tabac pourront vendre des cartouches de chasse aux chasseurs à partir du 1er janvier 2024 https://t.co/YRA03qAKoX #actualite #Chasse #chasseurs
— Chassons (@Chassons_com) November 22, 2023
La date a été annoncée par le chef du service central des armes et explosifs auprès du ministère de l’Intérieur, au cours d'une interview à un média spécialisé. Très peu de détails ont circulé sur les modalités pratiques de cette mesure qui ambitionne de faciliter l'achat de munitions. Les habitants de zones rurales, les plus éloignés des armureries, sont notamment visés.
Quand il faut faire 70 kilomètres pour aller acheter ses cartouches, ça oblige à en acheter beaucoup, parce qu'on va peut-être pas y aller tous les weekends. Donc on en stocke beaucoup. Ce n'est pas forcément très optimal en terme de sécurité
Jean-Simon Mérandat, chef du service central des armes et explosifsInterview à Chassons TV
"Un plus" dans le chiffre d'affaires des buralistes
"Actuellement il faut aller dans les grandes villes pour trouver une armurerie", commente Laurent Mazéris, président de l’association communale de chasse agréée (ACCA) d’Esquiule, dans les Pyrénées-Atlantiques.
L'armurerie la plus proche de chez lui se trouve à Oloron-Sainte-Marie, soit un trajet de dix kilomètres. "Elle n'est pas ouverte tous les jours", déplore le chasseur qui met en avant les amplitudes horaires des buralistes : "ils sont ouverts du lundi au dimanche pour la plupart".
Du côté des tenants des bureaux de tabac, on se réjouit aussi. “On a pas mal de clients qui chassent", explique Isabelle Maurin, gérante d'un commerce dans la petite commune de Coarraze, au sud de Pau.
Ça peut être intéressant pour les chasseurs d’acheter des cigarettes et des cartouches tout en respectant la législation. Ça peut nous faire un plus dans le chiffre d'affaires.
Isabelle Maurinburaliste à Coarraze (Pyrénées-Atlantiques)
"Ça banalise les armes"
Sur les réseaux sociaux, les opposants au projet se font entendre. "Il est insupportable que l'État facilite l'utilisation des armes", s'indigne le Parti animaliste.
C'est ahurissant ! Le chef du service central des armes et explosifs du ministère de l’Intérieur vient d'annoncer que les buralistes pourront vendre des munitions de chasse...
— Parti animaliste (@PartiAnimaliste) November 24, 2023
Il est insupportable que l'État facilite l'utilisation d'armes. #StopChasse #Européennes2024 pic.twitter.com/wIX6JWLmnW
"Et pourquoi pas dans les épiceries ?", ironise Yves Verilhac, membre du conseil national de la chasse et de la faune sauvage de la Ligue de protection des oiseaux, farouchement opposé à une mesure qu'il juge inutile et dangereuse.
"Quand on va dans une armurerie, c'est dédié à la vente de munitions, alors que dans un bureau de tabac, ça banalise les armes", estime le représentant de l'association. "On n’est pas à l’abri que des possesseurs de fusil sans permis cambriolent des bureaux de tabac et volent des munitions".
Au préalable, les buralistes devront se former "quelques heures" à la réglementation qui entoure cette vente. Mais Yves Verilhac balaye cet argument d'un revers de main. "Ce n'est pas le métier des buralistes. Les armuriers ont une formation qui n’a possiblement rien à voir avec celle que recevront les buralistes". Le militant voit dans ce geste un calcul politique : "le président Macron n’a de cesse de faire des cadeaux au monde de la chasse, sans en mesurer les conséquences".
Les élections européennes approchent et donc il y a une espèce de surenchère politique sur le sujet.
Yves Verilhacmembre du conseil national de la chasse et la faune sauvage de la LPO
Pour Laurent Mazéris, la population ne court aucun danger supplémentaire avec l'arrivée des cartouches sur les comptoirs des buralistes : "Il faut délivrer un permis de chasser pour retirer la marchandise, donc à partir du moment où tout est fait dans les règles de l’art, il n’y a pas de souci.", assure président de l’association communale de chasse.