La situation sanitaire de l'autre côté de la frontière est dramatique. A ce jour, la péninsule ibérique dénombre officiellement 4089 morts. Témoignages sur place d'un journaliste à Saint-Sébastien "C'est un film d'horreur. Tu ne peux pas l'imaginer. "
Depuis le 15 mars, la vie s'est arrêtée en Euskadi, la Communauté autonome basque espagnole. D'habitude si fréquentés, les artères, les bars, les parcs, des capitales des trois provinces, Vitoria-Gasteiz, Bilbao-Bilbo, Saint-Sébastien-Donostia, sont désertés par les habitants, en confinement. Tout comme les rues des petites villes et les places des villages.
Partout la contamination des personnes infectées par le Covid19 augmente de manière alarmante. Sergio Puertas, journaliste, résidant à Saint-Sébastien, témoigne.
"C'est un film d'horreur. Tu ne peux pas l'imaginer. Quand tu sors de chez toi, tu sens que le regard des quelques personnes que tu croises, a changé. Elles sont tristes. C'est une situation jamais vécue", explique Sergio Puertas, confiné dans son appartement dans le centre ville de Saint-Sébastien.
Ce journaliste francophone, correspondant notamment de France Bleu Pays basque, est désormais en télé-travail. "C'est le douzième jour, et je me demande combien de temps ça va durer. Peut-être deux mois de plus ? Normalement, la date de fin est fixée au 11 avril. C'est ce qu'a décidé hier, le chef du gouvernement Pedro Sanchez, lors d'une réunion qui a duré jusqu'à 2 heures du matin".
Sergio Puertas, journaliste, résidant à Saint-Sébastien, témoigne dans cette vidéo.
Crise sanitaire dramatique
Il faut dire que dans toute l'Espagne, la situation sanitaire est dramatique. Le nombre de décès dépasse désormais celui de la Chine, où l'épidémie a causé la mort de 3434 personnes .A ce jour, la péninsule ibérique en dénombre officiellement 4089.
85% des personnes qui succombent à la maladie ont plus de 70 ans.
Chaque jour, Mikel Sanchez, le conseiller à la santé et directeur de la planification, du système, et de l'évaluation, sanitaires, pour le gouvernement basque, donne une conférence de presse, pour faire le point.
La province de Biscaye (Bilbao-Bilbo) est actuellement la plus touchée, avec le plus grand nombre de personnes hospitalisées (1850 cas positifs en tout).
En Alava (Vitoria-Gasteiz), épicentre basque de la contamination au Covid19, de plus en plus de malades sont confirmés positifs au virus (1435 personnes infectées).
La situation devient également préoccupante en Gipuzkoa (Saint-Sébastien-Donostia), où le nombre de personnes présentant des symptômes ne cesse d'augmenter (661cas actuellement).
Il y a désormais près de 4000 personnes infectées, dans la Communauté autonome basque, avec 675 nouveaux cas détectés en 24 heures, et 180 décès.
Itziar Ituño, de "La casa de Papel", présente les symptômes
L'une des héroïnes de la série Tv phénomène "La casa de appel", l'actrice basque, Itziar Ituño, a annoncé sur son compte instagram le 18 mars, qu'elle avait tous les symptômes du coronavirus, toux et fièvre. Elle vit près de Basauri, la troisième ville basque la plus touchée par l'épidémie.
Je vais bien" a-t-elle écrit "mais c'est très contagieux, et super dangereux pour les personnes fragiles (...) Il ne faut pas le prendre à la légère, il y a des morts, beaucoup de vies en jeu (...) Il faut rester à la maison (...) Pour moi 15 jours de quarantaine.
Itziar Ituño - "La casa de Papel
Le pic à venir
Pour le journaliste Sergio Puertas, "le pic n'est pas encore atteint, le pire peut encore arriver". "Ceux qui ont des symptômes se rendent dans les services d'urgence et peuvent potentiellement infecter d'autres personnes". Il précise : "comme en France, les masques manquent. Une commande nationale d'un million d'exemplaires a été effectuée, en Chine, mais la livraison se fera entre avril et juin. Ce sera peut-être trop tard".
La conseillère basque, à la santé, Nekane Murga a indiqué, cependant, que "la priorité était de doter le personnel sanitaire du matériel nécessaire pour lutter contre la pandémie".Autre inquiétude grandissante, les personnes âgées, résidentes en maisons de retraite. "Face au risque de contamination (7 établissements sont touchés), certaines familles essaient de faire sortir leurs aînés et tentent de les rapatrier à la maison", explique Sergio Puertas.
Il ajoute "les seniors, autonomes, posent aussi problème car ils continuent de sortir de chez eux plusieurs fois par jour pour acheter le pain, puis le journal, puis les cigarettes etc. Il se pourrait que l'on soit bientôt obligés de dépenser au moins 30 euros dans les commerces pour inciter les gens à grouper leurs achats".
Dans cet état d'urgence sanitaire, la Communauté autonome peut s'appuyer sur les hôpitaux publics, mais aussi les cliniques privées pour accueillir les malades. Huit hôtels du Pays basque pourraient aussi, prochainement, servir de centres médicaux avancés pour le diagnostic des patients présentant des symptômes.
Il est également envisagé de transformer l'immense salle de spectacle, le BEC Barakaldo, à Bilbao, en hôpital "de campagne", comme cela a déjà été fait à Madrid.
Une note d'espoir dans ce contexte, des malades guérissent chaque jour du Covid19. Ils sont, à ce jour, 621 en Euskadi, et 7015 dans toute l'Espagne.