Prisonniers basques : le frère de deux détenus dénonce des "conditions inhumaines"

Zigor Goieaskoetxea vit à Arbonne, près de Biarritz. Le week-end, en général, il est sur la route et parcourt des milliers de kilomètres.  Zigor rend visite en prison à ses deux frères, militants de l'ETA incarcérés l'un en Espagne, l'autre à Arles dans les Bouches-du-Rhône.

"Chaque semaine, nous les visitons, famille ou amis, pour ne pas couper le lien, nous tenons un agenda quatre mois à l'avance", dit Zigor.

 
Des milliers de kilomètres avec les risques d'accidents qui vont avec

 
"A la peine de les voir emprisonnés pour de très longue années, s'ajoute celle de devoir avaler des milliers de kilomètres avec les risques d'accidents qui vont avec. Et le budget qui découle de ces trajets", déplore ce Basque de 49 ans.
 
 

Détenus à 700 km du Pays basque

 
Ses deux frères sont à 700 km du Pays Basque et de leurs familles, résultat de la politique d'éloignement qu'appliquent Madrid et Paris pour les quelque 270 militants basques incarcérés des deux côtés de la frontière.
 
"J'espère que la dissolution d'ETA provoquera un fléchissement des deux gouvernements" et la fin de ce régime d'exception, murmure cet homme usé et  meurtri, qui avait participé en décembre à un "tour de France des prisons" destiné à attirer l'attention sur le sort des détenus basques.
 
 

Tentative d'assassinat sur le roi Juan Carlos

Son frère Eneko, 51 ans, est incarcéré en Galice, la pointe nord-ouest de l'Espagne. Détenu depuis 7 ans, il a été condamné en 2016 par l'Audiencia Nacional de Madrid à 162 ans de prison pour, entre autres, une tentative d'assassinat du roi Juan Carlos en 1997.
 
 
 
Pour aller le voir, il faut compter 8 à 11 heures de route à l'aller comme au retour, pour l'apercevoir 40 petites minutes derrière une vitre blindée.
 
 
 "Nous communiquons par téléphone... quand il marche". "Une fois par mois, nous avons droit à un plus long moment dans une salle minuscule", explique-t-il. Chaque visite coûte 300 à 500 euros.
 
Son autre frère, Ibon, 52 ans, est détenu depuis huit ans à Arles. Il a été condamné par la Cour spéciale de Paris à 14 ans de prison pour recels de vol, détention illégale d'armes et faux de contrats de location de logement devant servir de planques.
 

Accident de voiture

 
Ibon a droit à 30 minutes de visite par semaine qui peuvent être doublées. Les horaires de visite ne sont pas faits pour arranger la famille. "C'est soit le samedi matin, soit le dimanche après-midi ce qui nous oblige à partir la veille ou repartir le lendemain et donc à payer une nuit d'hôtel et à prendre des congés", détaille-t-il.
 
Il y a peu, la compagne d'Ibon a eu un accident de voiture en allant à Arles (Bouches-du-Rhône) avec ses deux enfants. Pas de blessures graves, mais une voiture bonne pour la casse.
 
"C'est une atteinte à la vie des familles. Je pose la question aux gouvernements. Votre but a-t-il été atteint? Le mal a été fait presque jusqu'au bout, ma belle-soeur et ses enfants auraient pu perdre la vie", s'emporte Zigor.
 

Aucun de mes deux frères n'a été autorisé à assister aux obsèques de mon père

 
 
Son père est mort l'été dernier puis sa mère, gravement malade, il y a deux mois. "Aucun de mes deux frères n'a été autorisé à assister aux obsèques de mon père.

Pour ma mère, seul Eneko a pu y assister. Ibon n'a pas été autorisé à y aller. Il a le statut de Détenu Particulièrement Surveillé (DPS) et sa venue était conditionnée à la mobilisation d'une escorte que l'administration pénitentiaire n'a pu mobiliser
",  raconte Zigor.
 
 
"De toute façon, Eneko n'a pu voir notre mère qu'une fois décédée, il n'a même pas pu lui porter une dernière parole de réconfort", regrette-t-il.
 

Ces conditions sont inhumaines... J'appelle ça du sadisme

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