L'association "Touche pas à mon canton et nos campagnes" (UMP et centristes) dont le Président est Jacques Pedehontaa, conseiller général du canton de Navarrenx, a saisi le Conseil d'Etat pour faire annuler le redécoupage cantonal prévu par le gouvernement pour les élections cantonales de mars 2015.
C'est Me Françoise Thouin-Palat, avocate à la Cour de cassation et au Conseil d'Etat, qui a déposé le recours en annulation du décret de redécoupage cantonal du 20 octobre 2013 au nom du président de l'association, Jacques Pedehontaà, proche du MoDem, conseiller général du canton de Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques).
Dans son communiqué, l'association "Touche pas à mon canton et nos campagnes" souligne que "déjà de nombreux conseillers généraux sur 34 départements se sont insurgés contre cette réforme entraînant la mort de nos cantons ruraux, de montagne et des îles, ce qui en fait une cause nationale".
Le 19 décembre, Bernadette Chirac, épouse de l'ancien président Jacques Chirac et conseillère générale du canton de Corrèze, près de Tulle (Corrèze), avait dénoncé "un charcutage" de son canton et menacé de saisir le Conseil d'Etat. Derrière elle, d'autres personnalités de l'opposition sont montées au créneau, comme l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, le président de l'UDI Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre Laurent Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay (Haute-Loire), ou encore François Sauvadet, député UDI de Côte d'Or.
Un "charcutage inacceptable"
Les 41 départements dirigés par la droite avaient annoncé le 18 novembre qu'ils contesteraient devant le Conseil d'Etat le projet gouvernemental de redécoupage des cantons, qualifié de "charcutage inacceptable" de la carte électorale.Le nouveau découpage concerne tous les départements français, et doit être achevé "au plus tard en mars 2014", selon une circulaire du ministère de l'Intérieur du 12 avril dernier.
La loi du 17 mai 2013 a en effet réformé le mode de scrutin en prévoyant l'élection dans chaque canton d'un binôme homme-femme, impliquant la division par deux du nombre de cantons afin de ne pas accroître le nombre de "conseillers départementaux", nouvelle appellation des conseillers généraux.
Que ça change "même en Corrèze"
En riposte aux critiques de Bernadette Chirac, le ministère de l'Intérieur, dans un communiqué, avait souligné le 19 décembre que "ce découpage se fait dans le respect du droit et sous le contrôle du Conseil d'Etat". Selon le ministère, "52 conseils généraux ont rendu leur avis. 39 projets de décrets ont été validés par le Conseil d'Etat, avec parfois des modifications par rapport au projet initial, et aucun avis négatif".Et Manuel Valls avait personnellement défendu la nécessité d'un redécoupage "pour des raisons démographiques et pour installer partout la parité", invoquant la nécessité que "ça change, partout, même en Corrèze".
Près des 3/5es des cantons n'ont pas vu leurs limites géographiques modifiées depuis...1801, de sorte que l'écart de population entre cantons, "dans la moitié des départements, est supérieur à un rapport de 1 à 10", a précisé le ministère dans sa circulaire du 12 avril.