Depuis l’assassinat d’Agnès Lassalle, professeure au lycée Saint-Thomas-d’Aquin poignardée, la ville de Saint-Jean-de-Luz est touchée. De nombreux adolescents, issus d’autres établissements scolaires, ressentent le besoin de s’exprimer. Afin de répondre à cette demande, la ville et la Maison des adolescents du Pays Basque ont mis en place des permanences d’écoute.
"Saint-Jean-de-Luz est une petite ville et ceux qui ont été directement touchés ont déjà croisé les autres dans leur scolarité, explique Cédric Sempéré, responsable de la Maison des ados du Pays Basque, Adoenia. Cela a eu un impact et des retentissements personnels pour ces derniers." À Saint-Jean-de-Luz, le drame du 22 février dernier a laissé des traces. Agnès Lassalle, professeure d’espagnol, a été mortellement poignardé par un de ses élèves de lycée Saint-Thomas-d’Aquin. Un évènement qui a frappé d’émotion les proches de la victime et le lycée, mais pas seulement. Pour certains autres élèves de la ville, le traumatisme est également présent.
Des besoins difficiles à évaluer pour le moment
À la suite du drame, des cellules psychologiques d’urgences ont été ouvertes dans les établissements scolaires de Saint-Jean-de-Luz. Mais hormis celle du lycée Saint-Thomas-d’Aquin, ces dispositifs sont à présent fermés. Preuve d’un fait marquant pour la jeunesse luzienne, l’espace Jeunes de la ville a recueilli des adolescents qui ne savaient plus vers qui se tourner. "Les jeunes nous demandaient comment ils pouvaient faire pour être suivis en dehors de leur établissement", raconte Jean-Michel Hériteau, directeur du service de la petite enfance, des affaires scolaires et de la jeunesse à la mairie.
Pour répondre à cette demande, la mairie a activé son partenariat avec la Maison des ados du Pays Basque, AdoEnia. "On ne pouvait pas laisser passer trois semaines jusqu’à la prochaine permanence. Les jeunes qui sont venus nous solliciter avaient besoin de discuter tout de suite. Nous, ce n’est pas notre rôle, on les accueille, mais on ne peut pas les accompagner. On a donc demandé à AdoEnia de venir rapidement", continue Jean-Michel Hériteau. Ce à quoi le service de prévention de mal-être des 11 à 21 ans, dépendant de l’hôpital de Bayonne, a vite répondu.
Une écoute anonyme
AdoEnia tient déjà une permanence à l’Espace Jeunes de Saint-Jean-de-Luz, mais pour l’occasion, d’autres dates ont été ajoutées. "On est là pour accueillir et évaluer la souffrance qu’ils expriment, détaille Cédric Sempéré. Derrière, si on arrive à le résoudre dans nos entretiens, on le fait, mais sinon on va les orienter vers le libéral."
Pour le moment, difficile de se rendre compte des besoins de suivi psychologique de la population luzienne, d’autant plus que "les réactions peuvent être décalées dans le temps". "On peut, peut-être, avoir des demandes dans un mois, on ne sait pas", avoue le responsable d’AdoEnia.
Selon Jean-Michel Hériteau, des services de la mairie, les psychologues libéraux ont déjà été pas mal sollicités des suites du drame, d’où l’importance d’offrir un autre cadre pour les adolescents qui en ressentent le besoin. Il assure que cette écoute est anonyme : "Au sein de l’espace jeune, c’est noyé entre toutes les permanences. Un jeune qui vient ici, on ne sait pas si c’est pour Pôle Emploi, la mission locale ou pour AdoEnia. C’est très bien parce qu’un jeune qui passe la porte, il sait que ça va rester anonyme."
La prochaine permanence d’AdoEnia aura lieu le 15 mars à Saint-Jean-de-Luz. En attendant, il est possible de les contacter et de discuter par téléphone au 05 59 64 22 52 ou en ligne. Cédric Sempéré assure que ceux qui ont besoin de s’exprimer, y trouveront une "écoute bienveillante".