Gérants d’une boulangerie à Urrugne, Pierre et Nathalie Hasard, seront à Paris ce lundi pour manifester leur ras-le-bol face à la hausse des coûts de production. Témoignage.
« Fermeture exceptionnelle le lundi 23 janvier ». L’affiche est placardée en gros sur la vitrine de la boulangerie « 1001 saveurs », à Urrugne, quartier Socoa. C’est la première fois que Pierre et Nathalie Hasard, ses gérants, vont fermer boutique pour se rendre à une mobilisation. « On y va parce qu’on estime que notre place, elle doit être là, on a envie de se battre pour la pérennité de notre commerce.»
Le couple d’artisans boulanger a répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux par le collectif pour la survie des boulangers et de l’artisanat. Une manifestation est prévue, ce lundi 23 janvier à Paris, pour interpeller le gouvernement sur la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, qui touche de plein fouet leur profession.
Le nez dans les factures
La situation actuelle les plonge dans une réelle inquiétude. Leur façon de travailler a considérablement changé ces derniers mois. « On a recalculé nos marges, nos prix de revient, on s’est rendu compte qu’il y avait des produits sur lesquels on gagnait très peu d’argent. On a donc arrêté de les produire. On ne cuit plus le pain tout au long de la journée pour avoir du pain chaud pour nos clients, on ne cuit quasiment que le matin… On ne peut plus se permettre de garder un four allumé en permanence. »
Concernant le prix de l’électricité, Pierre et Nathalie sont relativement épargnés par la flambée, ayant renégocié leur contrat avant les hausses. Mais la facture a tout de même augmenté de 50%. Ce qui leur pose problème, ce sont aussi les prix des matières premières : « Farine, levure, beurre… tout augmente. On doit jongler entre nos fournisseurs d’une semaine à l’autre, pour essayer d’aller au moins cher sur des produits équivalents, sans, non plus, perdre en qualité. C’est contraignant, mais on n’a pas le choix. Mais notre métier, c’est de fabriquer du pain et de la pâtisserie, on n’est pas là pour avoir le nez dans les factures en permanence. »
Pas de salaires
Pour l’instant, la boulangerie tient, mais la situation financière est délicate. « On gère avec nos partenaires bancaires au jour le jour », confie Pierre. Les artisans ne se dégagent plus de salaire depuis trois mois, et ont dû licencier leur vendeuse pour des raisons économiques. « À partir de début février, on se retrouve mon épouse et moi, on va travailler tous les deux, on va faire comme on peut jusqu’à arriver à la saison. On a la motivation de la pérennité de l’entreprise »
Pierre et Nathalie espèrent de cette manifestation une prise de conscience : « On voudrait que les choses bougent, qu’il y ait un coup de main du gouvernement, mais un vrai coup de main, pas un dossier d’aide pour toucher des clopinettes, et qui soit un dossier insurmontable à remplir. Pourquoi pas aussi bloquer des prix, ou arrêter de spéculer en permanence. Qu’on ne suive pas le cours de la bourse pour le prix de la farine, par exemple. »
La manifestation partira à 14h place de la Nation à Paris.
Récit : Andde IROSBEHERE