Certaines boutiques historiques ferment sans trouver de repreneur, c'est le cas de la dernière chapellerie de l'Yonne qui se trouve à Avallon. Existante depuis 1892, elle a traversé les époques. Sa propriétaire a décidé de prendre sa retraite sans parvenir à trouver de repreneur, avec pourtant de nombreux clients présents le dernier jour d'ouverture.
C'était une boutique bien connue des Avallonnais et sa gérante, Géraldine Defert, veillait depuis 20 ans sur les couvre-chefs de ses clients. Ce 28 décembre, la chapellerie d'Avallon a fermé ses portes définitivement, après 132 ans d'existence.
Déstockage et clients venus nombreux
Le déstockage a commencé début décembre, une situation anticipée par la gérante : "J'avais un peu anticipé, beaucoup moins commandé." Au final, elle s'est fait surprendre par l'affluence : "C'est parti beaucoup plus vite que je ne pensais début décembre !"
La fermeture de la boutique historique prend de court de nombreux clients, comme le déclare l'un d'eux : "C'est quelque chose de dommageable pour la ville d'Avallon. C'est une institution."
Une cliente argumente sur la qualité des produits proposés : "On trouvait des matières nobles comme le cachemire et la laine, choses qu'on ne trouve que très peu, et surtout pas en grande surface."
Un autre client déplore : "On avait des chapeaux de qualité, à des prix raisonnables, qu'on pouvait essayer surtout, et aujourd'hui, beaucoup vont sur internet, c'est ça qui est un petit peu dommage. Après, il faudra descendre sur Dijon, cela fera un petit peu plus de kilomètres pour un chapeau, ça va être un peu plus compliqué."
Une fermeture prévue de longue date
La chapellerie d'Avallon était une institution, un commerce animé par Géraldine Defert, qui fait part de ses sentiments partagés lors de la dernière journée d'ouverture : "Je suis contente d'arrêter parce que c'est un choix, mais je suis triste pour la boutique que cela se finisse de cette manière. J'espérais que ce soit repris, que cela suscite un peu plus d'engouement, que les gens seraient plus intéressés par ce type de petit commerce, qui par ailleurs, fonctionne. Je trouve un peu dommage de laisser tomber."
La dernière chapellerie de l'Yonne ferme donc ses portes. La précédente était à Villeneuve-sur-Yonne, une autre avait précédemment fermé à Auxerre. "J'étais la seule et la plus proche sera maintenant à Dijon."
La retraite pour Géraldine n'est pas arrivée d'un coup : "Il y a deux ans que j'en parle, pour voir si cela pouvait intéresser quelqu'un, de le reprendre. J'étais prête à donner un coup de main, à expliquer, à faire...mais non ! Je suis vraiment surprise qu'il y ait si peu de gens intéressés."
Porteuse de l'histoire du lieu, Géraldine Defert retrace plus de cent ans d'existence. Elle avait repris la boutique à l'emblématique famille Morizot en 2004 : "La boutique a traversé plus d'un siècle, c'est fort dommage que tout cesse maintenant. Elle n'a eu que très peu de propriétaires, une dame qui a ouvert, qui a vendu aux grands-parents de Mme Morizot, ses parents, elle, des gens qui ont passé toute leur vie dans ce commerce. Moi j'ai repris il y a 20 ans en 2004."
Malgré la présence de nombreux clients dans la boutique sur le dernier jour d'ouverture, Géraldine ressent une certaine amertume : "Ça fait d'autant plus de peine que je n'ai plus rien à vendre. J'ai vraiment passé d'excellents moments dans cette boutique avec Mme Morizot entre autres. C'est vraiment une page de ma vie qui se tourne. Je ne sais même pas que penser parce que je suis encore dedans. Il est vrai que ne pas ouvrir la semaine prochaine, ça sera quelque chose de particulier pour moi !"
Les derniers modèles qui n’auraient pas trouvé preneur seront donnés à des associations caritatives. Des chapelleries de Lyon et Dijon pourraient racheter le matériel commercial.
► Avec Alexis Gaucher et Louis Malléjac