Le collectif basque Eguzkilore réunissant parents, enseignants et professionnels de santé a distribué un questionnaire en français et en basque, à des jeunes de ce territoire âgés de 3 à 18 ans. Après huit mois d'enquête, le collectif a présenté son rapport qu'il décrit comme alarmant.
Une enquête a été menée entre avril et juin 2021 auprès de 500 enfants et adolescents scolarisés. La crise sanitaire montre des conséquences physiques et émotionnelles sur les enfants. Les sentiments de colère, de tristesse et de culpabilité ressortent de cette enquête. "Les enfants sont livrés à eux même. Alors, on peut toujours dire qu'un enfant s'adapte, mais il peut s'adapter aussi au pire", selon une mère de famille membre du collectif.
Conséquences physiques du port du masque
Le collectif basque Eguzkilore a tenu une conférence de presse ce mardi 4 janvier pour faire un retour sur ces recherches. "On est un collectif de dix parents très actifs qui ont eu envie de créer un espace de parole pour les enfants et une méthode pour établir un constat", explique Isabelle, mère de famille du collectif.
Selon le collectif, le port du masque a eu des conséquences sur le bien-être des enfants. La crise sanitaire a pu les rendre "tristes" ou "en colère". "Les culpabiliser est irresponsable. Rien n'a été fait pour les accompagner vraiment depuis le début de la crise", a indiqué un des membres du collectif Eguzkilore, lors de la conférence de presse à Saint-Jean-de-Luz.
Selon le rapport du collectif, environ 1 enfant sur 2 affirme ressentir des maux physiques majeurs liés au port du masque. Parmi ces symptômes physiques : 45% ont répondu de la fatigue, 51 % des maux de tête, 52 % de la soif, 43 % de la transpiration et 47 % de la gêne respiratoire.
"Plus de 40 % des enfants ne portent plus leurs lunettes en raison du masque qui provoque de la buée et gêne la concentration, ce qui est un vrai problème quand on pose la question aux orthoptistes qui sont complètement inquiets de cette situation physique", selon le collectif.
Comment les enfants vivent cette crise sanitaire ? Personne ne leur a demandé.
Bénédicte, mère de famille du collectifFrance 3 Euskal Herri
Impact sur l'émotionnel
La crise sanitaire a également eu un impact sur l'émotionnel, pointe le rapport du collectif. Selon le psychologue et le pédopsychiatre du collectif, les enfants ont beaucoup souffert de l'arrêt des activités familiales, sportives et sociales.
Chez les maternelles, il y a 30 % de tristesse. De la colère prédomine à 30 % chez les primaires, 45 % chez les collégiens et 47 % du fait de l'arrêt du sport et 55 % du fait de l'arrêt des sorties parmi les lycéens.
Colère et tristesse ressortent également concernant les protocoles sanitaires dans les écoles. 20 % des enfants auraient peur en voyant un adulte porter le masque.
"Chez les primaires pour lesquels les valeurs morales sont très importantes à cet âge, le sentiment de culpabilité est très fort, accompagné parfois de méfiance de l'autre", toujours selon ce rapport.
"Quand vous avez un enfant qui ne veut plus aller à l'école, qui développe des phobies scolaires et de la colère puis de la violence, c'est très inquiétant car cela gène son évolution à l'école et dans la société", s'alarme Isabelle du collectif.
Ce qui est flagrant et inquiétant, le sommeil des enfants est perturbé.
Isabelle, membre du collectif EguzkiloreFrance 3 Euskal Herri
Des questionnaires adaptés à chaque âge
Créé en octobre 2020, le collectif Eguzkilore réunit 80 à 100 bénévoles incluant des parents, des enseignants et des professionnels de santé qui ont souhaité donner la parole aux enfants et "faire un état des lieux de leur santé physique et émotionnelle".
Nous voulions faire un état des lieux, car aucune étude concernant les enfants n'existe à ce jour en France.
Le collectif Eguzkilore
Ainsi, quatre questionnaires bilingue euskara/français portant sur le bien-être de l'enfant durant cette crise sanitaire ont été distribués dans les écoles, les collèges et les lycées privés et publics, entre le mois d'avril et le mois de juin 2021. C'est quoi le covid ? Comment te sens-tu avec un masque ? C'est quoi un confinement ? Est-ce que tu dors bien en ce moment ? Comment ça se passe à la maison ?
Chaque questionnaire était adapté à une tranche d'âge : petite enfance 3 à 6 ans, primaire 6-10 ans, collège 11-14 ans et lycée 15-18 ans. 533 enfants et adolescents ont participé à cette enquête dans les établissements qui ont accepté d'y participer.
Selon le collectif, de nombreux maires, élus, des représentants du Rectorat et du Diocèse ont refusé de faire circuler les questionnaires. "Nous avons eu accès plus facilement aux écoles privées (75% des questionnaires)".
Sur les enfants questionnés moins de 10 % ont contracté le Covid, précise le collectif dans son rapport.
►Pour consulter le questionnaire du collectif Eguzkilore, cliquez-ici
Une démarche non politique
Cette enquête n'a pas de valeur scientifique même "si les méthodes utilisées sont professionnelles et encadrées par des médecins" assure le collectif, mais elle fait un constat auprès d'un échantillon de 500 élèves âgés entre 3 et 18 ans.
Une démarche anti pass ? Le collectif "assure que sa démarche est bénévole, mais n'est pas politique".
"Le questionnement actuel sur le port du masque ou le vaccin est venu après. Au départ de notre démarche, nous voulions donner de manière neutre la parole aux enfants pour savoir ce qu'ils ressentent et comment les aider car on se sait pas comment ils vont évoluer à l'avenir avec de tels sentiments et s'ils arriveront à être épanouis", précise Isabelle du collectif.
"Moi si j'ai intégré le groupe, c'est que les enfants sont une population silencieuse, et personne ne s'est soucié de savoir comment ils vivaient cette crise", témoigne Bénédicte, une autre mère de famille du collectif.