Ces trois prochaines années, la ville basque sera un laboratoire. Elle envisage de reculer pour se préserver de la montée du niveau de l'océan. Plus globalement se pose la question du financement de ces travaux d'Hercule sur le littoral menacé.
S'adapter, c'est l'enjeu majeur des territoires au borde la mer. Mais à quel prix ? Dernier exemple en date, le littoral basque.
Pour faire face à l'avancée de l'océan (environ 25 cm par an), la ville de Saint-Jean-de-Luz récemment a décidé de changer de cap. Après des années à bétonner, à consolider et à chercher à se protéger, désormais on pense à laisser faire.
L'un des premiers lieux concernés, la route de la corniche (D912) entre Hendaye et Ciboure devrait être très prochainement condamnée. Une partie du chemin du littoral a d’ailleurs dû être temporairement fermée cet été en raison des menaces d’éboulements.
6,4 millions d'euros de travaux
Deux camping sont dans un premier temps concernés près des plages d'Erromardie, mais il faudra aussi discuter de déplacement avec tous les cafés et les restaurants du front de mer. Comme avec l'une des stations d'épuration.
Une grande partie de la côte nord sera réaménagée pour privilégier les transports en commun, avec la mise en place de navettes électriques et de deux parc relais : un à l'entrée d'Acotz et un autre vers le chemin d'Erromardie.
LE REPORTAGE DE FRANCE 3 EUSKAL HERRI >
Budget estimé : 6,4 millions d'euros pour cette première étape de travaux qui devraient s'achever en 2030. Une dépense financée à 90% par des subventions.
A Lacanau, 1200 logements pourraient être déplacés
Lacanau fait partie des trois communes retenues comme Saint-Jean-de-Luz et Coutances (Manche) par le programme des Projets Partenariaux d’Aménagement (PPA) intégrés dans le plan France relance 2021-2023.
Elle devrait bénéficier d'environ 2 millions d'euros pour faire face à la montée de l'océan. Pour le moment, seul un quartier d'1 km sur 250 m est concerné. Mais à l'horizon 2050 ce sont 1 200 logements et 120 commerces du front de mer qui devront déménager. Le coût total approcherait 300 millions d'euros...
L'aide de l'Etat semble donc homéopathique face à l'ampleur du défi.
Rien ne laisse espérer un effort conséquent dans un avenir proche.
Sophie Panonacle, députée de Gironde
Qui va payer les travaux ?
D'autant qu'à part ces trois communes test, de nombreuses territoires concernés ne reçoivent que très peu d'aide financière. Pas question pour eux de supporter seuls le coût du réchauffement climatique.
La députée LREM de la Gironde Sophie Panonacle a défendu jeudi 14 octobre un amendement visant à financer la lutte contre l’érosion marine par une taxe de 0,01%. sur les transactions immobilières. Soit une participation de 20 euros pour l'achat d'un bien de 200.000 euros.
Une manne qui aurait pu atteindre 25 millions d'euros par an.
Cette taxe fait appel à la solidarité nationale pour répondre à un phénomène naturel qui dépasse les enjeux locaux. C'est l'engagement que nous avions pris
Sophie Panonacle, députée LREM de la Gironde
L'amendement a été rejeté, au motif du refus de la création de nouvelles taxes.
Déçue, la députée de Gironde compte représenter une version de son amendement après les élections de 2022.
Il faut une ligne pérenne et des financements pérennes qui soient affectés à la lutte contre l'érosion marine
Sophie Panonacle
Mais au delà de l'aspect logistique, c'est l'idée entière des vacances en bord de mer qu'il faut repenser. Le concept de baignade au pied des immeubles est en train de prendre l'eau.