INTERVIEW VIDEO. Professeure tuée à Saint-Jean-de-Luz : l'avocat du lycéen "s'interroge sur une possible dissociation de personnalité"

L'élève suspecté d'avoir mortellement poignardé Agnès Lassalle, professeure d'espagnol au lycée Saint Thomas d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz, a été mis en examen ce vendredi pour assassinat. Il est placé en détention provisoire. Son avocat a, lui, remis en cause son état psychiatrique et dénoncé toute conclusion hâtive.

L'élève mis en cause pour avoir mortellement poignardé sa professeure d'espagnole mercredi 22 février 2023 à Saint-Jean-de-Luz a été mis en examen ce vendredi.

Après un entretien avec son avocat et un passage devant le juge des libertés et de la détention, l'adolescent de 16 ans a été mis en examen pour assassinat. À la suite d'une garde à vue de 24 heures, prolongée de 24 heures supplémentaires, il a été placé en détention provisoire dans un établissement pénitentiaire pour mineur, "conformément aux réquisitions du ministère public", précise le parquet de Bayonne dans un communiqué. Selon nos confrères de France 3 Occitanie, il sera incarcéré à la prison pour mineurs de Lavaur, dans le Tarn. 

 

L'avocat de l'élève, Maître Thierry Sagardoytho du barreau de Pau, décrit les premières explications données par son jeune client qui parle de lui à la troisième personne. 

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Thierry Sagardoytho, avocat de l'auteur présumé de l'assassinat d'Agnés Lassalle s'interroge sur le placement en détention de son client : "Le point d’interrogation psychiatrique est majeur dans ce dossier" ©France 3 Aquitaine

"Le point d’interrogation psychiatrique est majeur dans ce dossier"

"Il s'agit d'un établissement qui prendra en compte et sa jeunesse et les soins dont il aura besoin", précise l’avocat de l’adolescent, Thierry Sagardoytho. La veille, le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, révélait que le suspect avait fait une tentative de suicide en octobre 2022 et était depuis suivi par un psychiatre et sous antidépresseurs. Il précisait qu’il apparaissait néanmoins "accessible à une responsabilité pénale", après que l’expert l’ayant examiné n’a fait état d’"aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni aucune décompensation psychiatrique aiguë."

Thierry Sagardoytho, l’avocat du lycéen, se dit "effaré" de ce compte-rendu. "En garde-à-vue, la question posée à un psychiatre, ce n’est pas une expertise, c’est un avis. Un examen très sommaire qui fait totalement l’impasse sur la tentative de suicide qui a été la sienne et sur les prescriptions médicales dont il était l’objet. Ce n’est pas une expertise digne de ce nom", pointe l’avocat. Il dénonce même "des jugements de valeur qu’habituellement, on ne réclame jamais", de la part de l'expert psychiatrique ayant examiné l'adolescent en garde-à-vue.

Je pense aux proches de la victime, à ses collègues, à tous les éleves qui ont besoins de réponses et ne peuvent se satisfaire d’un travail approximatif.

Thierry Sagardoytho, avocat de l'adolescent de 16 ans suspecté d'avoir poignardé mortellement sa professeure d'espagnole

"Il parle de lui à la 3e personne"

"Lorsqu’il raconte les faits, à mon sens, ce n’est pas lui qui agit. Lorsqu’on parle à la 3e personne de soi-même, je m’interroge sur une possible dissociation de personnalité, continue Thierry Sagardoytho. D’évidence, le point d’interrogation psychiatrique est majeur dans ce dossier." Selon lui, le jeune homme est "ravagé par le geste qu’il a commis et qui lui est reproché". 

"Les proches de la victime et tous ceux marqués par ce drame ont le droit que la vérité fasse jour et ça ne se fera pas sur un plateau de télévision, ni en 48 heures, alerte Thierry Sagardoytho. Cela se fera au fil de mois et de mois d’expertises."
L’avocat du lycéen se dit "absolument ébahi" de "voir la science avec laquelle celles et ceux qui ne connaissent rien du dossier dissertent à l’envi sur la situation de ce jeune homme, émettent des hypothèses et tirent des plans sur la comète." Il insiste sur le temps que doit prendre la justice avec un "travail plus approfondi" , qui "permettra sans doute à chacun de comprendre".

Hommage à Agnès Lassalle

Jeudi soir, après la minute de silence dans tous les collèges et lycées de France, un rassemblement a eu lieu à Bayonne en hommage à Agnès Lassalle, la professeure d'espagnol tuée en plein cours. Une cinquantaine de personnes, dont de nombreux enseignants, se sont recueillis en silence, afin de lui rendre hommage. Ceux qui l'ont connue ont rappelé son investissement dans sa mission éducative.

Plusieurs élus, dont le député Vincent Bru, étaient également présents pour adresser des mots de soutien à l'enseignante, mais aussi à la famille du lycéen mis en cause. 

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