Les faits se sont produits le 18 décembre 2018 lors d'une manifestation contre la tenue du G7 à Biarritz au Pays basque. Une jeune femme, Lola Villabriga, avait été gravement blessée à la bouche. Ce matin, à Bayonne, le policier a été condamné à une amende de 1350 euros.
Le policier bordelais, âgé de 43 ans, a comparu en reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Ce matin, il a reconnu les blessures involontaires et accepté la peine proposée par le procureur de la République. Il a donc été condamné à 15 euros d'amende durant 90 jours, soit 1350 euros au total. Il était jugé pour violences involontaires après un tir de LBD ayant gravement blessé une jeune manifestante aujourd'hui âgée de 20 ans. " J'ai eu les réponses que j'attendais, et j'ai eu droit à des regrets de sa part en face à face. C'était important pour moi" a déclaré Lola Villabriga à l'issue de l'audience.
Ce matin, au palais de Justice de Bayonne, le policier avait en effet demandé à parler à la jeune femme à l'issue de l'audience. "Ça m'a fait du bien", a affirmé Lola Villabriga, "Et c'est déjà une étape de plus qui a été franchie. Je suis contente d'avoir eu cette chance".
Interview de Lola Villabriga à l'issue de l'audience vendredi 26 juin :
Fracture de la mâchoire et commissure de la lèvre déchirée
Lola Villabriga participait à une manifestation le 18 décembre 2018 contre la tenue du G7 à Biarritz quelques mois plus tard. Alors qu'elle filmait "un petit doc pour l'école", elle est atteinte au visage par un tir de LBD. Ses blessures étaient graves : une triple fracture de la mâchoire, la commissure de la lèvre déchirée, une dent arrachée. Lola avait été hospitalisée et opérée notamment pour lui mettre des plaques. Aujourd’hui, les séquelles physiques de Lola commencent à s’estomper, même si elle a toujours une fragilité de la mâchoire, et garde une large cicatrice sur son visage."C'est le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui devrait être à cette barre"
Ce sont les mots prononcés par Sophie Bussière, l'avocate de Lola Villabriga, lors de l'audience ce vendredi 26 juin au palais de justice de Bayonne. Une soixantaine de personnes était sur place. Des amis et des proches de la victime, ainsi que des membres de différentes associations.
Nous remettons effectivement en cause l'utilisation des LBD dans le maintien de l'ordre, dans les manifestations par exemple.
Devant le tribunal, un important dispositif policier avait été mis en place. Une centaine de personne était présente pour accueillir Lola au palais de justice. Sur des banderoles, on pouvait lire "Juztizia", ou encore " la police vous prothèse, ça crève les yeux". Dans la foule, Antoine Boudinet. Celui-ci avait eu la main arrachée par une grenade lacrymogène lors d'une manifestation le 8 décembre 2018 à Bordeaux. Sa plainte a été classée sans suite en septembre dernier.
Lola Villabriga souligne que le policier, ancien chef de groupe dans une brigade anticriminalité (BAC) à Bordeaux, a fait savoir à sa hiérarchie qu'il était auteur de ce tir. Au tribunal, il a reçu le soutien de ses collègues. Sa défense insiste sur les violences commises aussi par les manifestants présents en reconnaissant un accident. "Ce jour-là une personne a été victime d'un tir de lanceur de balles de défense qui ne lui était pas destiné, mais qui était destiné à un auteur qui lui avait commis des violences véritables et c'est cette personne qui devait être neutralisée. Et malheureusement c'est un accident, c'est un acte involontaire." argumente Guillaume Sapana, avocat du policier.
Audience en septembre concernant les dommages et intérets
Ce matin, à l'annonce de la peine de 1350 euros prononcée à l'encontre du policier, des sifflets se sont fait entendre dans la foule réunie devant le palais de justice. Mais l'affaire ne s'arrête pas là. En effet en septembre, le 17 précisément, une nouvelle audience devra décider des dommages et intérêts qui seront versés à Lola Villabriga.