Ouverture des urgences pour les fêtes de fin d'année, difficultés de recrutement, lits fermés dans certains services hospitaliers. L'inquiétude est de mise dans le sud de l'Aveyron. Et ce lundi 25 novembre 2024, un collectif a bloqué l'accès aux bureaux administratifs de l'hôpital de Millau.
L'hôpital Émile Borel de Saint-Affrique serait-il délibérément laissé-pour-compte en attendant la création d'un établissement commun pour le sud de l'Aveyron ? C'est ce que pensent les membres d'un collectif regroupant syndicats, usagers et personnels soignants qui, ce lundi 25 novembre 2024, ont bloqué les accès de l'administration du centre hospitalier de Millau. Manifestants et direction n'ont visiblement pas la même interprétation de la situation.
"Une pénurie organisée"
À l'hôpital Émile Borel de Saint-Affrique, la situation se dégrade. Les fermetures de lits s'enchaînent de l'aveu même du directeur par intérim des deux établissements hospitaliers du sud de l'Aveyron. Plusieurs services de médecine sont touchés et aux urgences, les médecins viennent à manquer. Et selon le collectif Le Manifeste, c'est là le résultat d'une politique délibérée dans la perspective de l'ouverture d'un hôpital commun à Millau et Saint-Affrique.
Pour Henri Célié, le porte-parole du collectif, la pénurie de médecins serait organisée. "Ils ont un mode d'organisation qui ne peut que dégoûter les jeunes médecins et faire qu'ils ne viennent pas, dit-il. Ils sont en train d'écœurer les médecins pour qu'ils s'en aillent. Ils sont en train de bloquer les recrutements, tout ça dans la perspective de fermer les services."
Fermer les urgences, le Smur, la maternité, c'est déjà inscrit sur le papier.
Henri Célié, porte-parole du collectif Le Manifeste
Aux dires des manifestants, dégarnir l'établissement de Saint-Affrique serait voulu en attendant l'ouverture d'un hôpital commun pour le sud Aveyron.
"Fermez les yeux, ce serait criminel"
Benoit Durand, directeur par intérim des hôpitaux de Millau et de Saint-Affrique, est venu à la rencontre des manifestants et membres du collectif. Et il comprend l'inquiétude ambiante, tout en reconnaissant une situation de "grand danger" et des "lits fermés en quantité". Des fermetures liées à une pénurie d'infirmiers, puis de médecins.
"Aux urgences, nous avons des médecins qui sont partis et un médecin en arrêt de travail. Ce qui nous met en grande difficulté, explique Benoit Durand. D'où la convention entre Millau et Saint-Affrique pour la mutualisation les moyens et faire en sorte que l'on puisse conserver toujours les urgences ouvertes, y compris avec la régulation."
La direction l'affirme, l'idée, c'est bien de recruter des médecins. À Saint-Affrique comme à Millau. "On recherche des personnels médicaux sur les deux sites du sud Aveyron. Mais on est tous en difficulté. On est tous inquiets. Clairement, on a un avenir qui n'est pas très rose et fermer les yeux dessus, ce serait criminel", s'est défendu Benoit Durand devant les manifestants.
Un remplaçant a été trouvé pour les urgences jusqu'à la mi-décembre. Et pour la suite ? Rien de sûr à ce jour. Et les usagers craignent une fermeture du service pour les fêtes de fin d'année et une dégradation sur les années à venir. Le projet d'hôpital commun ne devrait pas se concrétiser avant 2028.
(Propos recueillis par Louis Perin et Luc Tazelmati)