La Chambre régionale des comptes vient de rendre deux rapports d'observations des centres hospitaliers de Millau et Saint-Affrique. Face au déficit financier des deux établissements depuis plusieurs années, un projet de création d'un seul et unique hôpital est sur la table.
Les hôpitaux du sud Aveyron font grise mine. C'est du moins la conclusion des deux rapports de la Chambre régionale des comptes d'Occitanie, après plus de sept ans d'observations des centres hospitaliers de Millau et de Saint-Affrique.
Ces rapports pointent du doigt la mauvaise santé financière des deux établissements. "Malgré des efforts pour augmenter les recettes et diminuer les dépenses, le centre hospitalier ne parvient pas à équilibrer son résultat, systématiquement déficitaire", précise la Chambre régionale des comptes sur l'hôpital de Millau, qui affiche une dette fiscale et sociale de 32,5 millions d'euros en 2020. Le constat est le même à Saint-Affrique : les dettes s'élèvent à plus de 41 millions d'euros.
Ces endettements continuent de se creuser malgré les aides financières annuelles exceptionnelles versées par l'Agence régionale de santé (20 millions d'euros pour Saint-Affrique depuis 2012 et près de 14 millions d'euros pour Millau depuis 2015).
Deux hôpitaux à 30 km l'un de l'autre
La cause de ces déficits n'est pourtant pas inconnue. Selon la Chambre régionale des comptes d'Occitanie, la principale raison est la promiscuité des deux établissements. Situés à une trentaine de kilomètres l'un de l'autre, les hôpitaux proposent les mêmes services : une maternité, un service de surveillance continue, une filière gériatrique, un service de chirurgie, un service d'imagerie, une pharmacie et un laboratoire.
[Les services] se concurrencent sans qu’aucun des deux établissements ne parvienne à générer une activité suffisante pour équilibrer sa situation financière et procéder aux investissements nécessaires pour accueillir, dans des conditions plus adaptées, patients et soignants.
La Chambre régionale des comptes d'Occitanie
L'offre de soins parait donc importante. Pourtant, elle apparait en "décalage avec les besoins de la population". La Chambre régionale des comptes observe un taux de fuite des patients très élevé. "Une partie des habitants du territoire ne souhaite pas se faire soigner au CH de Saint-Affrique et préfère aller à Montpellier ou à Albi".
Un projet de fusion "insuffisamment structuré"
En d'autres termes, les hôpitaux n'ont pas assez de patients pour rentabiliser l'ensemble de leurs équipements et services. C'est pourquoi un projet de fusion est apparu comme la solution idéale... sauf pour la Chambre régionale des comptes.
Les deux établissements sont décrits dans les rapports comme "vétustes". L'hôpital de Millau a été construit dans les années 80 : "excepté la maternité, récemment rénovée, il ne propose pas un confort hôtelier compatible avec les standards modernes : anciens, ses bâtiments exigeraient une rénovation d’ampleur", épingle la juridiction.
La création d'un hôpital dit médian est donc privilégiée. Mais le coût du projet parait trop élevé : "97,3 millions d'euros auxquels il faudrait encore ajouter le prix du terrain d'implantation du bâtiment ainsi que les équipements nécessaires".
Les retours d’expériences menées auprès d’hôpitaux comparables montrent qu’une fusion d’établissements n’entraîne pas nécessairement une augmentation de l’activité.
La Chambre régionale des comptes
Aucune solution ne s'impose donc pour faire renaître les hôpitaux du sud-Aveyronnais. Un accès de soins de proximité reste essentiel pour sa population vieillissante, qui ne peut pas se déplacer loin pour se soigner.