Réforme du bac et E3C : des enseignants et des élèves déboussolés à l'approche des premières épreuves

Les élèves de 1re inaugurent la nouvelle organisation du baccalauréat. La première session de contrôle continu débute de fin janvier à début février, selon les établissements qui ont désormais la main sur le calendrier des épreuves E3C. Des délais "trop courts" qui suscitent l'inquiétude. 

Au lycée Pierre Bourdan, à Guéret, la date de la première session des épreuves du contrôle continu instauré dans la nouvelle organisation du baccalauréat est fixée. Ce sera le 20 janvier 2020. La réforme portée par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale a pour objectif de simplifier le « bachot » selon le ministère. Moins d’épreuves finales mieux réparties avec la mise en place du contrôle continu dès la 1re pour valoriser le travail régulier des élèves. Des intentions louables mais qui soulèvent plusieurs questions de fond.
 

Vous avez dit E3C ?  


Dans ce nouveau dispositif baptisé E3C, les notes du bulletin sont prises en compte et les résultats obtenus aux épreuves lors du contrôle continu en histoire-géographie, langues vivantes et mathématiques, représenteront 40% de la note globale du baccalauréat nouvelle formule. Les épreuves finales et le grand oral, quant à eux, seront maintenus en juin.
 

Les séries L, S et ES supprimées


Pour la voie générale, les séries - littéraire, scientifique et économique et sociale - disparaissent au profit d’un tronc commun. De plus, chaque lycéen doit choisir un parcours individualisé en optant pour des enseignements de spécialités divers, comme "numérique et science informatique" parmi d’autres matières. Douze spécialités sont proposées au plan national. Un changement de taille, autant pour les élèves qui s’interrogent sur le contenu de ces nouveaux examens, qui vont s’étaler jusqu’en mars,que pour les enseignants quelque peu bousculés.
 

Un calendrier propre à chaque établissement

 
A quelques jours du début des épreuves, comme l'a constaté notre équipe de reportage, c'est le grand flou pour les élèves et les enseignants du lycée Pierre Bourdan car chaque lycée devient un site d'examen. Dès lundi (20 janvier 2020), les élèves de première de cet établissement creusois vont plancher entre une et deux heures sur les sujets. Des sujets accessibles depuis le 9 janvier 2020. Et mauvaise surprise, ils ne collent pas forcément avec le programme déjà étudié : 

Ce sont des enseignants de toute la France qui ont fait les sujets, sur des axes qui sont très généraux pour les langues. Et nous on ne s'y retrouve pas pour trouver des sujets qui ne pénaliseraient pas nos élèves. Moi, j'ai choisi d'être prof, c'est une vocation. Je travaille pour mes élèves et quand je vois ça, c'est tout à l'encontre de mes élèves. Rien n'est prêt ! - Florence Dumay, enseignante en anglais, lycée Pierre Bourdan à Guéret.


L'enseignante creusoise estime ne pas avoir eu le temps nécessaire à la préparation des épreuves de cette première session de contrôle continu. Un sentiment largement partagé par la profession.   
 

Marianne Corrèze, co-secrétaire pour l’académie de Limoges du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans les collèges et lycées limousins, exprime également son inquiétude et sa colère. Selon elle, on a mésestimé les conséquences de la mise en place de cette réforme. Elle s’explique :

Je suis opposée à la réforme car elle renvoie le bac à une dimension locale, puisque tout se décide et se gère au niveau de l'établissement et le risque majeur c'est que dans les années à venir, la valeur du bac dépende de la renommée de l'établissement, avec toutes les inégalités que cela générera.


Au niveau national, l'intersyndicale des enseignants demande l'annulation et le report de cette première session, faute de temps de préparation et de jours dédiés à la correction des copies. Les parents d'élèves via la FCPE s'interrogent aussi sur les modalités d'application de cette réforme synonyme d'une refonte en profondeur d'une institution, si chère au cœur des Français. Rien d'étonnant donc à ce que de tels bouleversements suscitent le débat.   

 

 

 

 

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