Malgré des conditions sanitaires renforcées, les commerces dits "non essentiels" ont pu ouvrir ce samedi. Les gérants de bars et de restaurants, eux, manifestaient à Saintes.
Allégé mais surtout inespéré, ce nouveau mode de confinement annoncé mardi dernier par le Président de la République. Ce matin, à Poitiers, le centre-ville semblait reprendre vie après toutes ces semaines sans commerces ni clients. "Je suis très contente parce que, pour ma part, je peux sortir", explique cette femme, "mais c'est surtout pour les commercants qui vont pouvoir refaire du chiffre d'affaire. Mais il faut quand même rester vigilant, le virus est toujours là". De fait, pour bon nombre de commerces, le mois qui s'annonce est crucial et représente pour certains entre 30 et 50% de leur chiffre d'affaire.
« On ne peut pas passer le mois de décembre avec des magasins fermés. Ce serait un tsunami économique », déclarait dans Le Monde le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Avec son homologue, François Asselin de la CPME, tous deux avaient donc mis la pression sur le gouvernement par médias interposés en affichant le risque de 100 000 dépots de bilan en 2021. Devant la colère croissante des commerçants de centre-ville, souvent soutenus par leurs maires, les autorités ont donc donner leur feu vert pour ce week-end.
Un feu vert assorti toutefois de quelques règles à ne pas enfreindre. Pour les petits commerces, la jauge sera de 8 m2 par personne et les grandes surfaces devront prévoir un système de comptage. L'heure de fermeture est fixée à 21h et Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, a demandé aux préfectures de la souplesse dans les demandes de dérogations pour l'ouverture du dimanche. " On l'attendait depuis un mois", se réjouit Ophélie Lavergne, bijoutière dans une rue piétonne de Poitiers, "on espère que nos clients seront là pour cette période très chargée pour nous tous, pour les fêtes de fin d'année. Selon le nouveau protocole, elle ne peut cependant accueillir que quatre personnes dans son magasin.
Pour tenter malgré tout de rattraper ce qui peut l’être, les commerces sont autorisés à ouvrir le dimanche, et ce, jusqu’à la fin de l’année . Après l’affluence de la veille, la possibilité de pouvoir jouer les prolongations ce dimanche à La Rochelle, a fait des heureuses. « Oh ça fait du bien. Le fait de venir un dimanche, c’est super. On a le temps de bien regarder les vêtements, de les essayer. Depuis le temps qu’on était enfermés ». Des négociations sont d’ores et déjà engagées pour étendre le dispositif au mois de janvier. Toujours sur la base du volontariat. « Il faut que tout le monde joue le jeu. Les commerçants, comme les clients », tient à préciser Madeleine Sagot, de l’association de commerçants City Club. « Alors on va pas sur Amazon, et on n’achète pas sur internet ».On attendait l'allocution du Président de la république et, dès le lendemain, on était en place pour mettre en oeuvre le protocole sanitaire, 8 mètres carrés par client, le fléchage, le sens de la visite. Nous, on pouvait accueillir six clients, mais on a décidé que ce serait cinq. C'est un soulagement parce que c'est une période inédite quelque part et c'est un jour inédit également. Ceci dit ce qui est perdu est perdu. Il n'y aura pas de rattrapage.
A Saintes, les restaurateurs manifestent leur colère
Jean-Luc Chaigneau, lui, n'a entendu aucun motif d'espoir dans l'allocution présidentielle. Son bar à bières devra rester fermé jusqu'à nouvel ordre. A Saintes (Charente-maritime), lui et ses collègues restaurateurs ou cafetiers s'étaient donc donnés rendez-vous pour manifester leur colère. "Si je meurs, ma ville meurt", pouvait-on lire sur une pancarte, ou encore "Jupiter, ceux qui vont mourir te saluent !". "Je ne vois pas pourquoi on n'a pas le droit d'ouvrir, on respecte toutes les consignes sanitaires", explique Aurélia Jourdano qui a acheté un bar à Saintes à la veille du premier confinement, "on va devoir aller voir la banque, voir ce que l'Etat nous donne. On a zéro activité". Dominique Saubois, lui, est boulanger-patissier à La Cotinière sur l'île d'Oléron : "On est venu avec ma compagne pour soutenir les commerçants qui ont besoin d'ouvrir ; les bars et les restaus ont été oubliés et c'est un vrai souci. On demande que les restaurants puissent ouvrir pour les fêtes, sinon ça va être une catastrophe pour tout le monde ; sociale et morale. Il y a des gens qui ne vont pas supporter, certains sont à la limite de se foutre en l'air".On est fermé depuis le 28 octobre, le jeudi soir. Depuis on essaye de faire de la vente à emporter mais ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas ce qu'on veut. Le bar est vide aujourd'hui. On a pris un coup pour le premier confinement, puis on a retravaillé et là, on a pris un autre coup derrière la tête. Nous sommes tous l'essentiel de quelqu'un.
Le commerce en France, c'était en 2018, près de 850 000 entreprises dont 520 000 dans le commerce de détail et 3,55 millions d'emplois.