Trois survivants du génocide rwandais se sont rendus à Oradour-sur-Glane pour se recueillir dans les ruines du village martyr. Un moment de mémoire partagée. Un colloque sur le génocide a lieu à Limoges les 23 et 24 mai.
Le regard de Laurent Rutinduka se perd dans les ruines. Un moment de recueillement pour cet homme de foi, transporté l'espace d'un instant dans son propre pays. Il y a 25 ans, ce Tutsi échappait à la mort au Rwanda.
"Je retrouve beaucoup de similitudes : des gens massacrés, brûlés. Chez nous aussi, beaucoup de personnes ont été tués dans les églises", remarque le prêtre.
Un demi-siècle sépare le massacre des habitants d'Oradour-sur-Glane en 1944 et le génocide des Tutsis, qui a coûté la vie à 800 000 personnes en 1994. Et pourtant, le parallèle semble être une évidence pour Emilienne Mukansoro, elle aussi rescapée.
"Mon coeur bat très vite, j'ai un peu peur, dit-elle d'une voix fébrile. J'ai envie de fuir... et en même temps, j'ai envie de rester pour l'honneur des victimes. Je ne sais pas très bien comment me comporter."
En cette année de commémoration des 75 ans du massacre et des 25 ans du génocide, le centre de la mémoire a invité des survivants rwandais afin d'échanger sur un passé tragique et des questionnements communs.
"Dans un cas, comme dans l'autre, on a tendance à se demander : 'Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je survécu ?' La difficulté à vivre avec se traumatisme est la même", observe Bernadette Robert du service éducatif du centre de la mémoire d'Oradour.
Le 28 juin prochain à Oradour-sur-Glane une exposition sera consacrée au génocide des Tutsis. Un même devoir de mémoire pour la France et le Rwanda, deux pays unis dans la tragédie.
A Limoges, un colloque sur le génocide des Tutsi est organisé par le centre de la mémoire et l'EHTP-CNRS. Il a lieu à l'ESPE (209 boulevard de Vanteaux) et réunit rescapés et chercheurs le 23 et 24 mai.