L'église du village martyr d'Oradour-sur-Glane sera restaurée en 2021. La préparation a ce chantier a déjà débuté. Il s'agit de consolider l'édifice tout en conservant les traces du supplice du 10 juin 1944.
Le 10 juin 1944, la division Das Reich pénètre dans le village d'Oradour. Les hommes sont emmenés d'un côté, tandis que 246 femmes et 207 enfants sont guidés dans l'église du village par les SS. Ils mourront brûlés vifs.
75 ans après ce massacre, l'édifice est toujours debout mais en mauvais état, comme nous le dit Laetitia Morellet, architecte des Bâtiments de France.
Des opérations de restaurations vont donc être engagées. Afin de préparer au mieux ce chantier particulier, une modélisation 3D a été réalisée. "Cette modélisation va nous permettre d'avoir une idée précise de l'état actuel de l'édifice".Les points de fragilité viennent du fait qu'il n'y ait plus de toiture. Elle est soumise aux intempéries et aux prises du vent. Il faut intervenir sur la collecte des eaux pour éviter les infiltrations dans la maçonnerie, reconsolider ces éléments pour qu'ils puissent résister au temps.
Il s'agira d'effectuer les travaux dans le respect des lieux. "Nous serons attentifs à conserver l'ensemble des traces du lieu de supplice. C'est important. Il subsiste encore un autel en bois, des éléments de peintures décorative encore lisibles..."
Comment conserver des ruines ?
Le 4 mars 1945, moins d'un an après le massacre, le Général de Gaulle, en visite à Oradour, réclame que le village reste "le symbole de ce qui est arrivé à la patrie elle-même". Un an plus tard, l'Assemblée nationale déclare le village d'Oradour "Monument Historique."Ponctuellement, se pose la question de la pertinence de conserver ce site intact et du coût que cela implique. Au prix d'efforts techniques et financiers, les ruines sont "maintenues en état" : ruines noires, maisons éventrées, décombres calcinés. Au fil des ans, des objets restaurés ont été déplacés, du béton est venu renforcer les structures subissant les affres du temps.
En 2012, l'État avait rappelé sa volonté "de veiller à la conservation des vestiges d'Oradour-sur-Glane, qui font partie intégrante de notre patrimoine mémoriel" en consacrant chaque année entre 160 000 et 200 000 euros à l'entretien des murs. En 2013, le maire de l'époque s'inquiétait de la sécurité des visiteurs (300 000 par an) en raison de la dégradation de certains bâtiments.
Il s'agit donc, plus que jamais, de donner un sens aux ruines d'Oradour-sur-Glane. Un défi pour le devoir de mémoire pour les générations à venir. Passer du deuil à la mémoire. Du pèlerinage à la commémoration.