Avec le confinement, la pratique de nombreuses activités sportives s’est considérablement compliquée. C’était sans compter sur les initiatives de certains coachs ou clubs et le secours précieux... de l’informatique.
La preuve par l’exemple dans le secteur de La Rochelle.
"Avec le pousse de la main droite, vous bouchez la narine droite. Inspiration par la narine gauche, on active Kapalabhati, la respiration dynamique !"
Assise en position du lotus sur son tapis, Anne Angelini, professeure de Yoga de l’école Anahata Sati à La Rochelle, donne ses indications de début de séance dans une salle vide. Totalement.
Une séance de Yoga à la maison
Installée dans son salon, elle fait face à sa tablette numérique et communique aujourd’hui avec une vingtaine de ses élèves installés, eux aussi chez eux, derrière un écran d’ordinateur, une tablette ou un smartphone. Une première pour cette femme qui enseigne le yoga depuis une dizaine d’années."C’est mon fils qui m’a incité à franchir le pas peu après la mise en place des mesures de confinement" précise cette ex prof d’anglais. "Même si je suis connectée avec ma chaîne YouTube sur laquelle je propose de courtes vidéos d’exercices, je n’ai pas pensé tout de suite à proposer des cours en visioconférence. C’est un tout autre exercice" ajoute-elle.
Tous les niveaux sont les bienvenus
Mais la demande est bel et bien là. Aujourd’hui Anne Angelini propose chaque semaine deux cours d’une heure trente chacun en visioconférence ainsi qu’une séance de méditation. Ces rendez-vous sont suivis par la moitié de ses élèves, soit une bonne cinquantaine d‘apprentis yogi de tous niveaux. "C’est important pour beaucoup d’entre eux d’avoir ce rendez-vous dans le semaine" indique Anne Angelini. "Au-delà de l’exercice physique et de la pratique du Yoga, bien sûr, beaucoup apprécient de pouvoir se retrouver en groupe, même si c’est par écrans interposés".Pascale Marsac, confirme « C’est comme si on avait un rendez-vous, » explique cette agent immobilier confinée depuis le 17 mars dernier.
« J’ai du cesser toute activité professionnelle depuis cette date, alors même si je suis abonnée à un site international de Yoga, j’ai beaucoup plus de plaisir à retrouver Anne que je connais pour suivre son cours, même en visioconférence, c’est un peu comme si j’y allais! » souligne t-elle. « En plus, on est en groupe c’est plus motivant, j’ai même pu partager l’un de ces cours de yoga à distance avec ma fille qui vit à Aix en Provence !! » S’enthousiasme Pascale Marsac qui attend avec impatience son 2e cours de la semaine. Ce sera samedi matin à 10h.
"C’est un véritable apprentissage, je n’avais jamais fait ça avant, il faut adapter les cours en fonction des niveaux de chacun, et ça demande beaucoup de concentration" explique la professeure de Yoga. Et pour cause, la plus jeune de ses élèves a 14 ans et la plus âgée 92 ans ! Il n’empêche, comme le dit le proverbe : "A quelque chose malheur est bon", et la professeure de souligner que le confinement est un véritable exercice de Yoga, il invite chacun à un retour à soi-même.
Du karaté à la maison
Et c’est précisément ce qui compte aussi pour Jean-Philippe Tarnier, le directeur technique et professeur principal du Karaté Club de Puilboreau, une commune de l’agglomération Rochelaise. "Au lendemain de l’annonce du confinement par le président de la République, je me suis dit : il faut que je reste connecté à ma discipline" indique t-il. "Et je vais faire en sorte que mes élèves le soient aussi".Des exercices en vidéos, à reproduire chez soi
Depuis lors, ce professeur, ceinture noire 5ème dan, publie régulièrement de courtes vidéos de deux à six minutes, tournées au smartphone chez lui avec l’aide de son épouse dans son jardin ou sur sa terrasse. Une première pour lui aussi en plus de 25 ans de carrière.Il y propose de travailler des enchaînements ou de réviser des parties de katas. Aujourd’hui, plus d'une dizaine de vidéos sont accessibles aux 110 membres du club qui peuvent les consulter grâce à un lien envoyé par mail. "L’idée, c’est de montrer qu’il est toujours possible de pratiquer quelles que soient les circonstances, même dans un espace réduit de deux mètres carrés » souligne Jean-Philippe Tarnier. "Ce confinement est d’ailleurs l’occasion de prendre son temps" ajoute-t-il « Il permet de davantage écouter son corps, de travailler lentement, de se caler sur sa respiration, par exemple, de faire attention à la position de sa hanche et d’être précis dans ses gestes".
Pour tous les âges
"C’est vraiment chouette, c’est une belle initiative" salue Isabelle Moulet. Agée de 54 ans, cette éducatrice de jeunes enfants en crèche s’accorde une séance d’entraînement tous les deux jours. "Grâce à ces vidéos, je peux travailler ce qui me manque comme la stabilité ou la bascule du bassin" précise cette femme ceinture noire 1er dan et membres du club depuis 12 ans. "J’y consacre une trentaine de minutes à chaque fois, la seule chose qui me manque c’est le regard du prof, et du coup cela m’oblige à beaucoup travailler sur les sensations" souligne-t-elle.► Toutes les vidéos et exercices sont à retrouver ici, sur le site internet du club : kcpuilboreau.net/videos-jp"Ces vidéos sont aussi un bon moyen de garder le lien avec nos adhérents," confirme Dominique Chosson, l’un des cinq autres professeurs du Karaté Club de Puilboreau et Président de la structure. "Près de 15% de nos adhérents sont des ceintures noires," précise-t-il, "la plupart d’entre eux y compris une partie de ceux qui ne sont pas forcément gradés sont accrocs à la pratique et ces vidéos leurs permettent de pouvoir continuer à s’entraîner et assouvir leur passion en dépit des circonstances".
