La saison touristique en Poitou-Charentes ne ressemble décidément à aucune autre

La crise du Covid a entrainé une chute des réservations qui viennent se rajouter aux annulations en cascade. Les professionnels s’organisent pour sauver les meubles, mais la clientèle, de son coté, s’est elle aussi adaptée. De sorte que personne ne sait plus trop à quoi s’attendre.

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Avec un préjudice dû aux annulations qui se compte en milliards, la saison touristique qui démarre s’annonce pour le moins incertaine. En réaction tout le monde se démène. Les collectivités rivalisent d’ingéniosité pour valoriser leurs territoires et mettent en place des incitations sonnantes et trébuchantes pour tenter d’orienter les touristes dans leur choix de destination.

Les acteurs du secteur, de leur côté, s’efforcent eux aussi d’adapter leur activité aux règles de distanciation. Mais s’il est désormais établi que les touristes étrangers déserteront massivement leurs établissements, les enquêtes d’opinions qui se succèdent concluent toutes que nos compatriotes comptent en grande majorité passer leurs vacances en France. De quoi redonner un peu de baume au cœur à la profession. Ainsi les deux Charentes, dont la clientèle estivale est traditionnellement composée à 80% de touristes hexagonaux, se prennent à rêver que cela compense (même partiellement) le manque à gagner. Mais la saison qui démarre tout doucement, pour poussive qu’elle soit, permet néanmoins d’observer une tendance : les clients ont eux aussi adapté leur mode de consommation.

Le Covid a laissé des traces

"Les gens sont vraiment impactés par ce qui s’est passé, et ils sont timides encore. Très timides même je dirais". Sylvie Pouyau est propriétaire d’une maison d’hôtes à proximité de La Rochefoucauld (16). Elle aussi déplore le grand nombre d’annulations de la part de la clientèle étrangère, mais dans le même temps, elle constate une augmentation significative de sa clientèle professionnelle.

Ils rechignent à aller à l’hôtel. Ils préfèrent des petites structures plutôt que de grands établissements où beaucoup de gens se croisent. De mon côté j’ai dû m’adapter moi aussi. Je ne fais plus le concept de tables d’hôtes comme c’était. Quand je mangeais avec eux. Maintenant je leur prépare le dîner et je les mets en autonomie.

Sylvie Pouyau, propriétaire d’une maison d’hôtes

Mais la saison tarde tout de même à démarrer

En Deux Sèvres, Céline Guyonnaud, la responsable de l’office du tourisme du Bocage Bressuirais, est bien consciente du problème. Elle a même émis des préconisations. 

Nous on a incité nos propriétaires de maison d’hôtes, à aller vers la privatisation de la maison. Pour dire aux clients « vous aurez la maison rien que pour vous ». Car autant l’activité « gîtes » redémarre bien, autant on sent que pour les chambres d’hôtes c’est plus compliqué. Il y a cette petite crainte des gens qui ne souhaitent pas être dans un endroit où ils seront amenés à côtoyer d’autres personnes.               

Céline Guyonnaud, responsable de l’office du tourisme du Bocage Bressuirais

Les réticences sont fortes à devoir encore continuer à se plier au protocole sanitaire durant les vacances. D’autant qu’elles entrent en résonnance avec l’autre grande tendance qui ressort des études d’opinion : les français ont soif de nature. Déjà amorcé ces dernières années, le tourisme vert pourrait bénéficier des frustrations accumulées durant le confinement.
"Les gens commencent à en revenir d’être entassés les uns sur les autres sur la côte". Lidewij Froger est propriétaire d’un camping bordé par une rivière, niché en pleine nature.
Habituellement, Lidewij Froger fait le plein grâce à une clientèle composée à 90% d’étrangers. « Des allemands, des hollandais, des belges… La moitié ont annulé ». Autant dire qu'elle approuve l’engouement de nos compatriotes pour le tourisme vert. Mais malgré le cadre idyllique, les emplacements, ici aussi, tardent à se remplir. "Tout se fait au dernier moment cette année, on peut rien prévoir. Les gens nous contactent deux jours avant, pour réserver la semaine".

La clientèle offre aussi parfois de belles surprises

A la fin du confinement, quand il y avait le rayon des 100 kms, j’ai touché pas mal de gens qui voulaient se mettre au vert, pas trop loin de chez eux. Ils vivaient en appartement, et avaient besoin de nature et d’espace. Ils voulaient faire un break, et on était dans le périmètre où ils pouvaient se déplacer. Ils venaient s’oxygéner un peu.

Anne Bertho, propriétaire de chambres d’hôtes à Bressuire

Mickael Dehan habite Angers. Avec sa compagne, ils ont passé le confinement en télétravail dans leur appartement avec balcon. Un petit balcon. Ils connaissaient la maison d’Anne pour y avoir passé un weekend en amoureux en février, pour la St-Valentin.
On avait vraiment besoin de souffler. Du coup j’ai tout de suite repensé à ce gite. Je savais que les règles de distanciation n’y seraient pas un problème. J’ai échangé avec Anne à propos du gel hydroalcoolique, tout ça, et elle m’a rassuré. Du coup on a pu se faire des ballades autours du lac. On en a vraiment profité. On s’est promené tout le weekend…. Enfin pas tout le weekend, parce qu’Amélie a fait une grosse allergie aux pollens et on a dû rentrer plus tôt que prévu.

Mais cette saison, de toute façon, rien ne se passe comme prévu.
 
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