D'où sortent ces millions de masques chirurgicaux qui seront distribués dans les grandes surfaces ?

Le président de l'ordre des pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine ne comprend pas. Comment les supermarchés ont pu se procurer des masques? Alors qu'eux-même doivent les rationner et se font insulter par les malades et les soignants. La sénatrice girondine Nathalie Delattre réclame une enquête.

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"Vous savez, on compte au masque près ce que l'on reçoit" 


se désole Pierre Béguerie, le président du conseil régional de l'Ordre des pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine, lui-même installé à Bidart au Pays-Basque.

Il se dit excédé et fatigué comme tous ses confrères. "Nos clients nous ont insulté parfois et ils avaient raison!" 

"On distribue au compte-goutte. On a dû rationner les infirmiers, les kinésithérapeutes, les podologues, tous les professionnels qui sont en première ligne. On a aussi dû refuser d'en donner aux personnes malades, à celles qui doivent aller passer une chimiothérapie par exemple.

Le ministère nous a supplié de réserver cette denrée très très rare aux professionnels de santé".


L'effet d'une bombe 


Alors que la situation est extrêmement tendue depuis des semaines, cette annonce de la vente de millions de masques en grande surface a fait l'effet d'une bombe.

"D'où sortent ces masques ? " s'interroge Pierre Berguerie.

Non, il ne comprend pas et il est amer. Comme tous ses collègues, de tous les secteurs de la santé.

Ils viennent de publier un communiqué de presse commun dans lequel ils font part de leur "dégoût" et de leur "consternation".  

"Toute guerre a ses profiteurs" écrivent-ils même s'ils ne reprochent pas aux grandes enseignes de faire leur job : du commerce. 

"Mais où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ?"

Ils disent ne pas comprendre pourquoi ces circuits de grande distribution n'ont pas été mis à contribution plus tôt. "Cela aurait complété l'arsenal de défense contre ce virus".

"L'heure viendra de rendre des comptes" concluent-ils en assurant qu'ils poursuivront leur mission de professionnels de santé, "car c’est notre engagement".
 

Pas de stocks cachés se défendent les grandes enseignes


La fédération du commerce et de la grande distribution a très vite répondu à la polémique en publiant à son tour un communiqué. Elle parle d'une "communication fausse" et demande "un rectificatif d'urgence".

"Il n'y a pas de stocks cachés" affirment-elle expliquant que les "chiffres annoncés concernent les commandes effectuées" et que les masques "ne seront livrés que très progressivement".

Les supermarchés ont prévu dans un premier temps de vendre les masques en nombre limité à chaque client, directement en caisses, afin "d'éviter une pénurie". 
 

 

Une commission d'enquête pour faire toute la lumière et tirer les conséquences


Alors qui est responsable de quoi ? Les grands groupes ont-ils secrètement accumulé des stocks ? Y a t-il eu cafouillage au niveau de l'Etat ? 

Nathalie Delattre, sénatrice de la Gironde, a voulu rapidement réagir face à la montée de cette polémique.
 

"Ce débat doit se faire dans un cadre apaisé. J'ai demandé une commission d'enquête pour que des questions précises soient posées en toute transparence".

La sénatrice, issue du mouvement radical de gauche, explique que les auditions au sénat sont généralement publiques et se font sous serment. "Les français doivent savoir la vérité".

"Il faut entendre les grands patrons de la grande distribution, les directeurs de centrales d'achat, le gouvernement" dit-elle, "faire la lumière sur les responsabilités et en tirer les conséquences". 

Beaucoup moins ouvert au dialogue, le président de la région PACA, Renaud Muselier, menace lui de porter plainte.
 

Nathalie Delattre, pour sa part, se défend de vouloir faire un procès à qui que ce soit. 'Il faut savoir ce qui a pu dysfonctionner". Charge ensuite à la commission d'enquête de présenter des conclusions et de faire des préconisations "afin que nous puissions être les plus performants possible pour assurer la sécurité sanitaire des français".

Elle pose également la question du coût. En tant qu'élue, elle a elle-même acheté des masques à 0,65 ou 0,67 centimes d'euros l'unité pour les redistribuer.

Pourquoi parle t-on aujourd'hui de 0,95 cts ? Elle veut comprendre. Et pense qu'il faudra instaurer la gratuité. "Ca va devenir un budget pour les familles" prévient-elle. 

Elle compte bien débattre de toutes ces questions dès lundi au sénat avec les autres groupes parlementaires et en présence du premier ministre. Edouard Philippe doit y présenter la loi d'urgence sanitaire.




 
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