Sud-Ouest : Le vote FN nourri par un "sentiment d'abandon" dans les campagnes

Dans les zones rurales de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, le Front national ne cesse de progresser, porté par un vif sentiment d'abandon. Le parti présente aujourd'hui ses candidats sur la liste girondine aux élections régionales.

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Un sentiment qui se mue souvent en ressentiment contre la classe politique traditionnelle. Dans le Lot-et-Garonne, en Haute-Vienne ou dans la "pointe du Médoc" en Gironde, le vote FN n'explose pas mais est en constante augmentation, un phénomène particulièrement visible au sein de régions toutes trois dirigées par le Parti socialiste.

La présence du FN en Lot-et-Garonne

Dans le Lot-et-Garonne, le Front national recueillait 25% des intentions de vote au premier tour des régionales, selon un sondage réalisé six mois avant l'élection. En 2010, il avait rassemblé 13% des suffrages, déjà son meilleur score en Aquitaine.
"C'est la France des oubliés qui vote pour nous", résume Etienne Bousquet-Cassagne, secrétaire du FN dans ce département.

"Oubliés par l'Etat, la région, les politiques d'aménagement du territoire... les gens se sentent maltraités, et pas seulement les agriculteurs"! "Les artisans, les petits commerçants et les employés se sentent abandonnés, loin des centres de décisions comme Bordeaux". "Ils voient les commerces de proximité et les services publics disparaître alors que les contraintes administratives sont de plus en plus nombreuses", poursuit-il.


Christian Crouzet, porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat agricole marqué à gauche, confirme ce "sentiment d'abandon très profond" des populations rurales, "réel mais pas du tout appréhendé par les politiques". En résulte, selon lui, "une droitisation de nos campagnes qui s'illustre par l'implantation de la Coordination rurale qui, particulièrement en Lot-et-Garonne, est très à droite, voire à l'extrême droite. Surtout depuis l'élection à la Chambre d'agriculture de Serge Bousquet-Cassagne", le propre père d'Etienne. Un syndicat qui "affiche
un corporatisme très étroit, un peu seul contre tous avec comme leitmotiv: +je veux être maître sur ma ferme+", estime Christian Crouzet. Comme un écho paysan et local à la "souveraineté nationale" prônée par Marine Le Pen.

Vide laissé par CPNT

Plus largement, note Christian Crouzet, "les territoires ruraux sont les grands oubliés de la réforme territoriale (...) C'est l'axe atlantique qui se développe en termes d'infrastructures, de dynamisme économique, mais pas les terres intérieures comme le Lot-et-Garonne ou le Limousin".
Même constat en effet à Bellac (Haute-Vienne), à plus de 150 km à vol d'oiseau du Lot-et-Garonne: "On ressent un fort désaveu de la classe politique locale, essentiellement socialiste, qui prend des décisions tournées vers Limoges et plus loin, l'Atlantique, mais qui ne concernent pas les habitants du rural, voire aggravent leur isolement", analyse l'adjoint au maire, Thierry Spriet, élu d'une liste "sans étiquette".
Dans cette commune rurale de 4.500 habitants, l'électorat FN oscille entre 15% et 20% des suffrages exprimés "quand il n'atteignait pas les 5% il y a quinze ans".
Aux dernières élections départementales, il y est passé de 21% à 36% entre les deux tours. Un collectif d'historiens et géographes observant la sociologie électorale du Limousin suggère "que le FN a progressé dans ces territoires notamment en absorbant l'électorat laissé en déshérence par la disparition de CPNT (Chasse, pêche, nature et tradition) qui y faisait de bon scores". "L'hypothèse est d'autant plus crédible que c'est dans la Somme, où CPNT était très fort, que Jean-Marie Le Pen a fait son meilleur score à la présidentielle de 2002", plaide l'historien Vincent Brousse.
Similitude troublante, le Nord-Médoc, seul canton d'Aquitaine a avoir élu un binôme FN aux départementales de mars, était lui aussi un bastion CPNT, qui est aujourd'hui rallié aux Républicains de Nicolas Sarkozy... Et comme la campagne du Limousin, cette langue de terre girondine reléguée entre océan et estuaire, loin de la métropole régionale, a elle aussi servi de position de repli à de nombreux ménages aux revenus modestes (ouvriers, petits salariés) cherchant à s'offrir un meilleur cadre de vie, financièrement inabordable à proximité des grandes villes.
"Mais une fois sur place, le rêve de la vie à la campagne se heurte au reflux des services publics et de l'emploi, l'insuffisance des infrastructures et, au
final, un sentiment d'abandon et de déclassement", analyse Vincent Brousse.

Ce samedi 3 octobre, Jacques Colombier, tête de liste aux élections régionales de 2015 pour la Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes organise une conférence de presse aux côtés de David Racheline, sénateur-maire FN de Fréjus. Une réunion organisée à Bordeaux au siège départemental du Front National, au cours de laquelle seront présentés les candidats girondins aux prochaines élections régionales de décembre prochain.
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