Témoignage. Amélie Quéguiner veut "donner le courage de franchir la porte du commissariat"

Amélie Quéguiner a porté plainte, jeudi 6 février pour agressions sexuelles et viols auprès de la gendarmerie de Roche-Chalais en Dordogne. Elle souhaite que son témoignage aide les autres victimes.

Ce jeudi 6 février, Amélie Quéguiner fait le trajet vers la gendarmerie pour la seconde fois. Elle a décidé de porter plainte contre deux hommes, qui l'auraient sexuellement agressée et violée. Des faits qui se sont déroulés dans les années 1980, à Orthez, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle raconte son histoire.

"Pour faire cette démarche, il faut avoir un déclic. La première fois, c'était le livre d'Isabelle Demongeot. Cette fois-ci, ce sont les témoignages des patineuses", explique Amélie Quéguiner.
  

Violence et tyrannie


Amélie Quéguiner avait treize ans lorsqu'elle a été violée pour la première fois. Cela durera dix ans. "Mon premier agresseur était mon ex-beau-père qui était également le propriétaire de l'écurie ou je m'entraînais", explique Amélie Quéguiner, propriétaire d'une écurie à la Roche-Chalais (Dordogne).

Aujourd'hui âgée de cinquante ans, Amélie Quéguiner raconte avoir été "sous son emprise". "J'étais tétanisée par la peur, comme le sont de nombreux jeunes cavaliers. On est des faire-valoir pour ces personnes."

Outre les violences physiques, elle témoigne d'une "violence psychologique". "J'étais sans cesse confrontée à l'échec. Il fallait faire toujours plus, toujours mieux".

Pour l'adolescente d'alors, le cauchemar se poursuit sur la piste. "Il était connu pour être une personne violente qui avait un enseignement tyrannique", se souvient la cavalière de saut d'obstacle (CSO).

Selon la propriétaire équestre, "il n'y avait pas que les agressions sexuelles. Il m'a aussi frappée à plusieurs reprises".

Sa plainte, déposée en 2018 sera classée sans suite, pour prescription : les faits se sont déroulés dans les années 1980. "Les gendarmes ont réalisé un an et demi d'enquête, ont recueilli des centaines de témoignages", souligne Amélie Quéguiner.
 
 

Pas de sanction


La cavalière est alors convoquée par la direction départementale de la jeunesse et des sports qui semble la soutenir dans sa démarche. "Ils m'ont confié qu'ils pouvaient lancer une enquête administrative de leur côté, qui pouvait aboutir à un blâme ou à la radiation de cette personne", rappelle la cavalière de CSO.

Ils vont alors écouter le témoignage de son ex-beau-père. "J'ai un jour reçu un coup de téléphone d'une personne qui m'explique qu'il les a convaincu qu'il était sincèrement amoureux de moi et que, comme il prenait sa retraite à la fin de l'année, ce n'était pas utile de le poursuivre."

Pourtant, le code pénal stipule explicitement qu'une relation avec une mineure est considéré comme du viol. Un véritable choc pour la cavalière. "Ça se passait entre deux portes, dans une écurie ou dans une voiture, ce n'est pas ça l'amour, reproche-t-elle. J'ai mis un an à m'en remettre".
 

Mauvaise image


Pourtant, ce 6 février, elle décide de porter plainte, cette fois, contre deux autres hommes dont elle a été victime. "C'était déjà difficile de ne pas avoir une mauvaise image de moi. J'avais encore plus honte. Je ne voulais que les gens me considèrent comme quelqu'un à la moralité douteuse", justifie Amélie Quéguiner.

Les faits se sont déroulés alors qu'elle avait 15 et 17 ans. L'un des agresseurs était salarié de la Ligue d'Aquitaine, rattachée au Ministère des Sports.

"Comme il était ami avec mon père, il dormait parfois chez nous. Une nuit, il est venu dans ma chambre pour me ramener dans la sienne", se souvient la cavalière. La scène s'est reproduite une seconde fois, alors qu'ils étaient en déplacement, pour un championnat.

À 17 ans, Amélie Quéguiner participe à des stages de junior en saut d'obstacle. "On logeait dans l'internat d'un lycée agricole. Cette-fois, c'était un coach. Il est venu dans ma chambre, pour se servir de moi."
  

Donner du courage


Par son témoignage, elle veut surtout libérer la parole dans le monde équestre. "Je n'attends pas grand-chose de ces plaintes. Je voulais apporter ma pierre à l'édifice."

La Fédération a répondu hier soir, à sa lettre ouverte, marquant son soutien auprès de la cavalière. "J'attends maintenant qu'ils mettent en place ce qu'ils ont évoqué dans leur réponse", avance Amélie Quéguiner.

Pour d'un côté, mieux protéger les jeunes sportifs mais aussi "donner le courage aux victimes de franchir la porte d'un commissariat".



 
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